Ah, Mélenchon...celui qu'on voue aux gémonies, qu'on invite, semble-t-il, pour le coincer, le stigmatiser, celui
dont les outrances amusent lorsqu'elles sont destinées aux autres mais qui
fatiguent lorsque ses piques vitriolées atteignent son camp.
J'ai la chance d'avoir une position neutre.
Ce que dit Mélenchon ne me touche pas, il n'attaque pas mes convictions, je ne
suis pas de gauche fondamentalement, je n'ai pas de liens avec le PS, plus que
j'en ai avec le FdG.
Si on regarde d'un point de vue neutre cet
animal politique, il fait penser à Georges Marchais. Il attaque Lenglais,
quelqu'un pour lequel j'ai peu d'estime mais pas de ressentiment non plus,
comme Elkabbach s'est fait défoncer par le leader du PC il y a déjà longtemps:
"taisez-vous, Elkabbach!", cette phrase est devenue culte, même si elle viendrait de Pierre Douglas... A noterque Marchais ne disait pas dit "Monsieur" et que les journalistes n'en
avaient pas fait un outrage blessant à son encontre. Lenglais a-t-il si peu de
cran et de profondeur pour se vexer comme cela?
Or, on n'arrête pas de comparer Méluche au
FN, à Papa le Pen comme à sa fille. Pourtant, c'est plus Jean-Marie puis Marine
qui ont copié sur un langage populaire fleuri qu'utilisait Georges Marchais que
le contraire.
Certains n'hésitent pas à penser que le FN remplace le PC dans l'échiquier
politique, il n'y aurait donc pas de place pour un autre trublion...mis à part
le fait que l'extrême-droite n'a pas la légitimité républicaine que le PC et la
gauche de la gauche ont gagné dans l'histoire de notre pays, ce qui participe donc
à une imposture choquante et nauséabonde, cela équivaut à ne pas considérer
Mélenchon et son courant politique autrement que par ses frasques médiatiques,
sans écouter ce qu'il dit. Et ça, cela me dérange vraiment.
Et pourtant, que dit-il? Qu'on va dans le
mur avec la rigueur. Il a raison.
Qu'on a les moyens de titulariser tous les
intérimaires de la fonction publique. Il a raison.
Qu'il faut faire la chasse aux CDD subis ,
qui créent chômage et pauvreté, récession et crise. Il a raison.
Que nationaliser pourrait être une
solution. Il a raison.
Mais comment faire pour relancer la
croissance, concrètement? Là, il y a un blanc. Rien n'est précis, rien n'est
vraiment expliqué.
Mélenchon agit en fait comme un fou du roi,
mais est-il plus fou que celui qui sait maintenant que la rigueur tue la
relance mais s'obstine lui-aussi à ne rien proposer de concret, alors qu'il est
au pouvoir?
Le fou du roi est censé dire au roi ce qui
ne va pas, afin de remettre le roi dans la réalité, que les courtisans
occultent sciemment au monarque, par intérêt.
On voit bien d'ailleurs que dans le PS
même, des courants politiques s'inquiètent vraiment de la suite des évènements.
Beaucoup d'électeurs de Hollande sont dans ce cas. On lui demande des mesures
choc et un cap réel vers une relance européenne, plus de poigne contre Merkel.
Oui,
mais au niveau du PS et ses alliés, cela se fait dans la majorité et non dans
le chemin qu'a choisi Mélenchon: l'opposition.
C'est sans doute là qu'est le noeud du
problème.
Je ne vais pas rentrer dans les
considérations de qui n'a pas voulu dialoguer avec qui.
Mais posons-nous la question: le Président
est celui de tous les Français, il doit écouter tous les avis et critiques
d'obédience républicaine, dans la mesure ou cela peut être profitable à
l'intérêt de la France: sa majorité, ses alliés, ses opposants et les partis neutres.
Il est donc tout à fait possible pour lui
de rencontrer Mélenchon et de discuter avec lui, dans le cadre d'une
consultation. Que risquerait-il?
A ignorer celui-ci et à ne pas chercher à
dialoguer avec ceux qui ne seront plus ses alliés naturels, cette fameuse Union
de la Gauche datant de Mitterrand, qui s'est légèrement fissurée depuis, pour
employer un euphémisme, cela risque de poser problème plus tard.
Un fou du Roi a toujours l'oreille de
celui-ci, sinon il ne sert à rien. La même remarque vaut pour Mélenchon. A quoi
sert-il de critiquer quelqu'un qu'on se targue d'avoir aidé à élire si on ne
veut pas dialoguer avec lui?
Marchais disait qu'il voulait gouverner avec le PS pour les surveiller afin qu'ils n'aillent pas à droite, non sans humour...
Et en attendant, cela ne fait pas avancer la
France.
Et ce n'est surtout pas en direction de
l'UMP, qui n'a toujours pas compris qu'elle a a perdu les Présidentielles et
qu'elle a essuyé un échec plus un rejet démocratique de sa politique, qu'il
faut regarder...
Alors, on fait quoi, maintenant?
image d'en-tête issue de chez Mémé Camisole