"Formidable, tu étais formidable, j'étais fort minable"...
J'ai cette chanson de Stromae dans la tête , va savoir...
Hier,
avec Nicolas, nous étions en désaccord.
J'exprimais simplement, sans me bloquer, car c'est mon ami, et je le connais, mon septicisme face à une Europ forte, avec le futur traité de libre-échange avec les USA qui se profile à l'horizon.
Nicolas trouve que c'est du populisme.
Il m'a dit, et je respecte ses arguments, qu'on ne sait pas de quoi on discute exactement, puisque tout est secret, au niveau négociations.
Argument qui est à double-tranchant, si je fais du populisme, là, c'est de l'élitisme.
J'ai du mal à faire
aveuglément confiance en mon gouvernement en ce moment, on se demande bien pourquoi (sic), et aux gouvernements des autres, en plus...
D'ailleurs, aux USA,
la population est globalement hostile à ce même traité en donnant le même argument, entre autres.
Dans une démocratie, dans des démocraties, c'est quand même un comble que les négociations ne soient pas publiques et débattues, et ainsi adoubées par les citoyens européens.
faut dire que depuis 2005, nos élites sont traumatisées...et chat échaudé craignant l'eau froide, on arrive à une gouvernance européenne de moins en moins démocratique...comme négocier secrètement des accords qui risquent de modifier profondément notre quotidien sans nous consulter.
Si demander plus de consultations des citoyens sur l'Europe et la France afin d'impliquer le plus de gens possibles dans la gouvernance politique, c'est être populiste, alors j'assume. Je ne veux pas d'une Europe des élites, je veux des peuples européens, un peuple européen, des citoyens européens, responsables et impliqués dans l'Europe.
D'ailleurs, les écologistes sont contre ce futur traité et je ne crois guère, voire pas du tout au populisme des Verts, vu leurs scores aux Présidentielles et leur programme, car taxer le gasoil, cela n'a rien d'une mesure populiste voire populaire....
Je cite les Verts:
"Il suffit d’imaginer les 3.300 entreprises européennes et leurs
24.000 filiales aux États-Unis, et les 24.000 sociétés américaines et
leurs 50.800 filiales européennes, prêtes à attaquer toute législation
des deux côtés de l’Atlantique parce qu’elle ne correspond pas à
l’optimisation de leurs profits !
Ce procédé juridique apparu par le biais d’accords bilatéraux de commerce ces dernières années fait déjà des ravages ailleurs :
- Sur la santé : le géant américain du tabac Philip
Morris a profité de ce dispositif contenu dans un accord entre
l’Australie et Hong-Kong pour attaquer, via sa filiale hong-kongaise, la politique australienne de lutte contre le tabagisme et demander des milliards d’indemnités.
- Sur la protection de l’environnement : Lone Pine, société américaine, réclame 250 millions de dollars de dédommagement au gouvernement du Québec. Son crime : avoir décidé d’un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste.
- Sur la transition énergétique : Vattenfall exige
de l’Allemagne 3,7 milliards d’euros en compensation de la sortie du
nucléaire décidée en 2012 parle gouvernement Merkel. Si cet accord était
déjà en vigueur, des fabricants de biberons pourraient poursuivre la
France pour son interdiction du bisphénol A !"
Et je vous parle pas d'Alstom et de son sort, si ça se passait après le futur formidable traité : impossible d'arbitrer au niveau de l'Etat, sans se prendre un procès venant de Général Electric...
"Nous étions formidables"...
Jean Artuis, forminable ou formidable populiste de centre droit, tout le monde sait que les centristes sont populistes et raccolent comme le FN, voyons, humour....dit la chose suivante également:
"Premièrement, je m'oppose à l'arbitrage privé des
litiges entre Etats et entreprises. Demain, suivant la proposition des
Etats-Unis, une entreprise s'estimant lésée par la décision politique
d'un gouvernement pourrait y recourir. Une telle procédure est
rigoureusement contraire à l'idée que je me fais de la souveraineté des
Etats. "
Ensuite, Nicolas me dit qu'on se fait manger tout cru au niveau bancaire et financier et que des accords seraient mieux que aucun accord qui profite déjà aux entreprises américaines.
Bon argument, il est vrai.
Seulement, dans tous les accords de libre-échange et selon des informateurs bien renseignés, et bien, non seulement le secteur bancaire ne serait pas visé, et exclu de l'accord, mais en plus, il s'avère que :
"Quatrièmement, les Etats-Unis proposent un espace
financier commun transatlantique, mais ils refusent catégoriquement une
régulation commune de la finance, de même qu'ils refusent d'abolir les
discriminations systématiques faites par les places financières
américaines à l'encontre des services financiers européens. C'est
vouloir le beurre et l'argent du beurre: je m'oppose à cette idée d'un
espace commun sans règles communes et qui maintiendrait les
discriminations commerciales. "
Toujours selon Jean Artuis et j'ai tendance à le croire, effectivement, quand on voit ce graphique de
France Inter, radio hautement populiste qui a une grande écoute et veut diriger les opinions à coup de chaine d'info en continu sur la TNT (ah non, m'a suis trompé, c'est pas France Inter)....oups...
On voit bien toutes les interrogations que ces négociations suscitent.
D'ailleurs, sur Mediapart, journal hautement populiste dont le patron Edwy Plenel , a pris position publiquement contre l'islamophobie, idée hautement populiste dont le FN a fait ses choux gras (ah non? zut alors)...je rigole...se battre contre ce racisme-là est franchement pas très populaire et porteur, faut dire...
On nous rappelle dans une tribune les conséquences du libre-échange avec les USA en Colombie sur les dockers dont on a exigé qu'on privatise les ports d'attache et qui se retrouvent exploités de tous les côtés...alors que les USA n'ouvrent pas leurs marchés publics pour le moment à l'Europe...
Je sais, on n'est pas la Colombie, mais ça donne quand même à réfléchir.
Je vais donner deux autres raisons:
1-Les entreprises européennes et des USA sont similaires et concurrentielles. On va assister, si cela se fait à un bras de fer effréné entre ces sociétés, qui va manger l'autre en premier... Tout le monde y laissera des plumes.
2-L'Europe a du mal à harmoniser ses régles communautaires, ses normes de sécurité, ses normes sanitaires. On a vu ce que ça donnait au moment de l'affaire des lasagnes au cheval, par exemple. On a vu les soucis que nous avons eu au niveau de la vache folle et de la difficulté de circonscrire l'épidémie.
a-Les USA sont fédéralistes mais bénéficient d'un mille-feuille administratif et judiciaire, chaque état a sa propre législation. Comment arriver à démêler tout ça? Comment recourir si un Etat américain refuse un produit européen accessible grâce aux normes fédérales mais interdit au niveau de sa législation?
Comment réussir à contrôler tout ça, dans un marché, qui en plus, est dominé comme le dit si justement Nicolas par des géants au niveau commerce numérique?
b-Il n'y a qu'un état, pour le moment, le Vermont,
qui a décidé il y a peu de tracer les OGM et manifeste sa volonté de les inscrire comme composant quand il y en a. Cela montre le souci de traçabilité qu'il existe aux USA même et de l'impossibilité de tracer les OGM sur leur territoire. Il y a peu, un article sur Care to Cause expliquait que la plupart du lait de vache commercialisé aux USA est contaminé par les OGM et que seul le lait de soja bio n'était pas touché...j'ai lu l'article il y a quelques mois, je n'ai pas noté la référence mais il m'avait marqué...
c-Exiger la traçabilité alors que
les lobbies des OGM veulent imposer ça....car deux autres états, le Maine et le Connecticut ont établi une législation non contraignante sur la présence des OGM sans effet dans la réalité...et Monsanto et compagnie en ont profité pour appuyer une législation facultative de la présence des OGM là où il y aurait traçabilité dans l'usine....humour...euh non.
Ceci comme exemple du casse-tête qui nous attend en Europe si le traité aboutit...
d-Et ce souci de normes va se retrouver sur tous les produits fabriqués et importés en direction du marché européen...
Je terminerai en disant que ce beau formidable ou forminable futur, qui en veut vraiment?
Je suis prête à faire amende honorable si je me suis trompée sur notre avenir de marché commun.
Mais en général, je ne me trompe pas sur les prévisions, basées sur des analyses, que je fais sur ce blog.
Et combien de fois, j'aurais envie de m'être plantée...vraiment.
Billet fait sans aucune animosité afin de rester dans un débat d'idées avec Nicolas dont je respecte les idées.
C'est bien de ne pas être d'accord, mieux que de rester dans une unanimité qui ne fait pas progresser les schmilblick.