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vendredi 28 septembre 2012

Pourtant vous êtes grands, vous êtes beaux...



Ce que je vais vous raconter est tiré d'une histoire vraie.

Une matinée dans le froid de Novembre que réchauffe néanmoins le soleil: au coin d'une rue de centre-ville, une petite pâtisserie, devanture en bois, vitrine pimpante. C'est dimanche, c'est le rituel de la douceur sucrée familiale pour nombre de foyers, aussi pour l'homme qui tient sa fillette par la main, tous deux s'avancent et s'alignent dans la file d'attente. L'homme a une certaine prestance, il est habillé sobrement, les épaules larges et un visage franc dans lequel des traits réguliers ajoutent encore à son charisme naturel. Il dégage une assurance tranquille et de la force. La petite fille a 8 ans, elle est très fine, un visage quasi parfait de poupée qu'encadrent des boucles brunes chaudes, la délicatesse de son maintien doux est remarquable car elle attend sagement sans rien dire aux côtés de son père.
Ils sont très polis, souriants. En entrant, juste après la clochette de la porte, tous deux ont dit bonjour.
Le père parle doucement en demandant si elle veut toujours un mille-feuille, l'informe qu'il va prendre comme d'habitude une tartelette pour Maman et un gâteau au chocolat pour son frère ainé etc...la petite regarde les sucreries en acquiesçant. L'attente est longue...mais pour la  petite l'envie de rentrer pour faire plaisir à toute la famille  avec le paquet des gâteaux est plus forte que l'impatience.
Arrive une mamie dans l'établissement. Une petite mamie soignée, les cheveux presque bleus bien permanentés, la petite robe proprette, le petit manteau pimpant: c'est dimanche. Elle tient des tracts et s'adresse aux clients.
Elle va tout naturellement parler à nos deux protagonistes:" cet après-midi, il y a une réunion paroissiale à l’église, c'est important, c'est pour nos ainés, on fait une messe pour eux. Ils faut les aider et prier pour eux. Et d'avoir des jeunes comme eux si polis et souriants..."
Le père la laisse parler mais la fillette le regarde d'un air qui dit clairement qu'elle ne comprend pas. Son petit visage est curieux: qu'est-ce que cette vieille dame raconte?
Puis il prend la parole: "vous savez, c'est vrai que c'est important d'aider et de soutenir les anciens, c'est louable et tout à votre honneur. Il faut des actions concrètes, c'est vrai. Et je le dis tous les jours à mes enfants. Il faut respecter les anciens et les aider dès qu'on en a la possibilité. Mais nous sommes musulmans donc nous n'allons pas à l'église."

Là, c'est la mamie qui  les regarde, médusée...elle se fige un moment et dit soudain:

"pourtant, vous êtes grands, vous êtes beaux, vous êtes blancs..."

Quand on m'a relaté cette histoire, la petite fille était surprise encore de ce curieux dialogue, presque amusée, comme si la mamie n'avait pas eu tous ses esprits...le père  en avait ensuite discuté avec elle de façon décontractée afin de relativiser l'incident. Parce qu'elle n'avait encore moins compris l'affirmation:

Pourtant, vous êtes grands, vous êtes beaux, vous êtes blancs...
quel rapport avec la religion?
Bonne question...

4 commentaires:

  1. comment y disait sarko dans un de ses discours après l'affaire Merah
    "d'allure musulmane "

    comme quoi l'allure ne fait pas tout

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  2. @ bobcestmoi

    Va falloir changer les paroles de la chanson :
    "Avec ma gueule de métèque, de Juif errant, de pâtre grec
    De Musulman, de Rom, de voleur et de vagabond..."

    PS. Blogger déconne une fois de plus : aucune réaction quand on clique sur "Répondre".

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    1. Baptiste N.9/29/2012

      Ah le grand George ^^. J'aime beaucoup cette chanson.

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  3. Baptiste N.9/28/2012

    Cela prouve les méfaits des médias surtout...

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