Utopie

L'utopie n'est pas un luxe, c'est une nécessité.

Translate

lundi 9 septembre 2013

La politique, la guerre et la mort : Surveiller et Punir.

Il existe des moments dans la vie où on se dit qu'on est quand même très naïf.
J'étais devant ma télévision samedi après midi, sans être vraiment devant, en fait, mais lorsque j'ai entendu que commençait la conférence de presse de John Kerry et Laurent Fabius sur la Syrie, j'ai quand même pris deux minutes pour écouter.
Je suis quand même étonnée de ce que j'y ai appris et surtout qu'on n'ait  relevé nulle part l'absurdité des paroles des deux hommes, qui s'étaient transformés à cet occasion en un mélange de Docteur Folamour, de père UBU sans la déconne, avec un discours qui n'avait rien à envier à ceux de la Guerre Froide, tant la rhétorique en devenait bête à pleurer.

On assiste au début à une justification de réaction de la Communauté Internationale, dans la droite ligne d'un Obama,  ou d'un autre temps, celui des Faucons.
"Le Monde ne peut rester sans rien faire". Le Monde ou la Communauté internationale, c'est qui? Bonne question. N'oublions pas que les USA sont toujours tiraillés entre l'interventionnisme le plus abject et l'isolationnisme le plus égoïste, en fait la même chose: ce qui est bon pour les USA est bon pour la planète.
Seulement, la planète, elle n'est pas qu'occidentale, elle est plein de choses différentes et même de non-occidentaux.
Tiens, l'Amérique du Sud est résolument contre une énième intervention. Faut dire que si un sous-continent a bien payé le prix pour parler, c'est quand même eux. Souvenez-vous de Salvador Alliende, entre autres, on va célébrer l'anniversaire funeste de sa mort le 11 septembre 1973. Ce ne serait pas un mal.

Mais soit, passons. On va dire que les USA, et Fabius, qui aime l'interventionnisme, le font pour le bien de tous.

On nous explique qu'une solution politique est la meilleure des choses sur le conflit syrien. Ouf! me dis-je. On ne va pas aller à la catastrophe. La voix de la paix a-t-elle triomphé?

Ben non.
John Kerry explique qu'on va faire la guerre pour une solution politique.
Donc, la Guerre est devenu de la politique?

En fait, non. Il louvoie en développant que des frappes ciblées, limitées dans le temps, limitées dans l'espace, par des superpuissances organisées en entités bien distinctes et autonomes contre le régime en place, qui est aussi considéré comme une entité, c'est pas faire la guerre, non, c'est une action en vue de mener à une solution politique....
Reportez-vous à la définition de la guerre de Clauzewitz, vous allez rire jaune.
Vous allez vous dire qu'on nous prend vraiment pour des cons, si vous essayez d'être neutre et objectif en écoutant avec la voix de la raison et de l'intellect, c'est encore plus vrai, cette impression.

Donc la Guerre, pardon, une "intervention ou une frappe punitive" est devenu un synonyme de la politique.

Comme le 11 septembre 2001? Cela a bien été une frappe ciblée en vue de punir les USA, afin de soit-disant leur ouvrir les yeux sur leurs méfaits...C'est exactement le discours de Ben Laden afin de justifier ses actes! Vérifiez, vous verrez les ressemblances.

Moi, je n'accepte pas cela: car autant je trouve dégueulasse ce qui s'est passé le 11 septembre 2001 et aucunement justifiable, automatiquement vous allez deviner ce que je pense d'un tel raisonnement, même si cela émane de deux pays se considérant comme des superpuissances.

Si on estime qu'on peut faire de la politique via des missiles, qu'est-ce qui empêche donc de trouver inacceptable la proposition de faire d'un état policier la règle dans certains pays?
Après tout, Bachar et ses généraux, ils font de la politique, aussi? Saddam aussi, avec les chiites, il n'y a pas de raison?
Donc la proposition du FN d'envoyer l'armée pour purger la France des éléments nuisibles selon le FN, c'est aussi justifiable, c'est ça?
On marche sur la tête!
Pourquoi se dire civilisé si en fait on fait dans la barbarie de la pensée?
Je sais, c'est pas sympa de dire cela. Mais faut le dire.

Je vais quand même redire, au cas-où, que je ne soutiens nullement Bachar El Assad ou quiconque use de la force pour faire avancer ses idées, ce serait en contradiction avec ce que je viens de démontrer, en toute neutralité d'idées.
Pour moi, deux sortes d'actions violentes ou armées sont défendables: la force d'interposition ou la résistance à un agresseur direct.
Les forces de l'ordre sont censés avoir la première fonction dans une démocratie. Nous sommes censés être dans une démocratie, comme les USA. Oui, censés être. C'est bien de rappeler les bases. L'ONU était censé être une force d'interposition pour la paix, pas une chambre d'enregistrement afin de légaliser toutes les formes de guerre.

Pour la résistance à un agresseur direct, c'est de l'ordre de ce qui s'est passé en 1940-45. Chacun reconnaîtra.

Je vous recommande la lecture de cet article assez  prophétique en 2010 qui traitait de Foucault et de Clauzewitz, à savoir que nos systèmes politiques primitifs sont basés encore sur la surveillance des actions des autres et de la mise en scène de la punition réactive aux actes des délinquants: surveiller et punir.

Je vous laisse avec de "jolies" citations en espérant simplement que la paix veuille dire encore quelque chose dans ce monde qui devient de plus en plus abject au fur et à mesure qu'on se permet de dire, en tant que politique, que la guerre est tout à fait normal et justifiée, quelque soit celle-là, d'ailleurs...Avoir une société basée sur un caractère morbide telle que la guerre, qui veut de cette société-là? Quel poids ont nos démocraties avec de tels raisonnements?

 

  • Bien entendu, le peuple ne veut pas de guerre. Pourquoi est-ce qu'un pauvre gueux dans une ferme voudrait risquer sa vie dans une guerre dont il ne peut espérer au mieux qu'il en reviendra entier ? Naturellement, le commun de la population ne veut pas de guerre ; ni en Russie, ni en Angleterre, ni en Amérique, ni, en ce qui nous concerne, en Allemagne. C'est bien entendu. Mais, après tout, ce sont les dirigeants d'un pays qui en déterminent les lignes d'action, et ce n'est jamais qu'une question simple que d'entraîner le peuple, que ce soit dans une démocratie, une dictature fasciste, un Parlement, ou une dictature communiste. [...] Le peuple peut toujours être converti à la cause des dirigeants. Cela est facile. Tout ce qu'il suffit de faire, c'est de leur dire qu'ils sont attaqués et dénoncer les pacifistes pour leur manque de patriotisme qui expose le pays au danger. Cela marche de la même manière dans tous les pays.
  • Nuremberg Diary Hermann Göring ,Gustave Gilbert, éd. Da Capo Press, 1995 (Reprint Edition) (ISBN 978-0306806612), p. 278.
  • À vrai dire, la République romaine n’était qu’une oligarchie despotique et pillarde dont les chefs s’enrichissaient en dépouillant le monde par les guerres et les rapines. (Alfred Naquet ; Vers l’union libre, 1908)
  • La guerre, c'est l'effet immédiat d'une non-différence ou, en tout cas, de différences insuffisantes. En fait, dit Hobbes, s'il y avait eu de grandes différences, si effectivement entre les hommes il y avait des écarts qui se voient et se manifestent, qui sont très clairement irréversibles, il est bien évident que la guerre se trouverait par là même bloquée immédiatement. S'il y avait des différences naturelles marquées, visibles, massives, de deux choses l'une : ou bien il y aurait effectivement affrontement entre le fort et le faible — mais cet affrontement et cette guerre réelle se solderaient aussitôt par la victoire du fort sur le faible, victoire qui serait définitive à cause même de la force du fort ; ou bien il n'y aurait pas affrontement réel, ce qui veut dire, tout simplement, que le faible, sachant, percevant, constatant sa propre faiblesse, renoncerait avant même l'affrontement. De sorte que — dit Hobbes — s'il y avait des différences naturelles marquées, il n'y aurait pas de guerre ; car, ou bien le rapport de force serait fixé d'entrée de jeu par une guerre initiale qui exclurait qu'elle continue, ou bien, au contraire, ce rapport de force resterait virtuel par la timidité même des faibles. Donc, s'il y avait différence, il n'y aurait pas de guerre. La différence pacifie. En revanche, dans l'état de non-différence, de différence insuffisante — dans cet état où on peut dire qu'il y a des différences, mais rampantes, fuyantes, minuscules, instables, sans ordre et sans distinction ; dans cette anarchie des petites différences qui caractérise l'état de nature — qu'est-ce qui se passe ? Même celui qui est un petit peu plus faible que les autres, qu'un autre, il est tout de même suffisamment proche du plus fort pour se percevoir assez fort pour n'avoir pas à céder. Donc, le faible ne renonce jamais. Quant au fort, qui est simplement un tout petit peu plus fort que les autres, il n'est jamais assez fort pour n'être pas inquiet et, par conséquent, pour n'avoir pas à se tenir sur ses gardes. L'indifférenciation naturelle crée donc des incertitudes, des risques, des hasards et, par conséquent, la volonté, de part et d'autre, de s'affronter ; c'est l'aléatoire dans le rapport primitif des forces qui crée cet état de guerre.
    « Il faut défendre la société », Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. Hautes Etudes, 1997 (ISBN 978-2-02-023169-5), Cours du 4 février 1976.



2 commentaires:

  1. C'est un lapsus ? Ben Laden n'a rien à voir avec le 11 septembre 2001, la CIA, si.

    "Cela a bien été une frappe ciblée en vue de punir les USA"

    Non, seulement une frappe ciblée pour entraîner les citoyens étatsuniens dans une spirale de plus en plus violente et asservissante pour eux. Le 11/09/2001 n'a pas été décidé à Riyad, mais à Langley, comme le 11/09/1973.

    RépondreSupprimer
  2. il semblerait que la pression a fini par payer
    poutine à changé de position pour éviter un affrontement armé

    ci vis pacem, para bellum

    RépondreSupprimer


Tout ce qui est positif pour la discussion et les idées est encouragé, tout ce qui est stérile et inutilement méchant ne sera pas publié

Contributeurs

Citoyen Reporter

Palestine Libre Nouvelles

Rappel de la loi

Pour rappel : la provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée, est passible d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amendes (article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse).

La balise magique des liens en commentaires


Un bon truc afin de mettre des liens cliquables dans les commentaires: Vous mettez votre "lien" là où c'est indiqué et vous ajouté le texte qui l'illustre à la place de MOTS
http://www.commentcamarche.net/contents/496-les-liens-hypertextes

Pour me laisser un message par mail

About Me

Sites de référence

Compteur visites depuis le1/5/2012, mis en place le 10/6/2012

Compteur Global

scoop it

Nombre total de pages vues

Notre Devise Originelle

Notre Devise Originelle
A méditer