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jeudi 21 mars 2013

Banaliser l'Islam

Le problème, quand on se met à taper sur un phénomène de société en le grossissant et en le caricaturant, c'est que lorsqu'on se rend compte que ce phénomène n'est pas celui qu'on nous décrit, et qu'il n'a rien à voir avec ce qu'on croyait, à tort, et bien il devient hautement contagieux.
Au point de toucher ceux qu'on pensait à l'abri de toute contagion.
Témoin ce qui est arrivé à un ancien élu d'extrême-droite de Hollande, à force d'entendre tout et n'importe quoi sur l'Islam, il est allé se renseigner pour l'étudier.
Et il s'est converti à l'Islam en reniant ses anciens compagnons politiques...
Incroyable mais vrai, j'ai vu l'information la semaine dernière. Et pas dans des médias comme oumma-com!

La semaine dernière, j'étais dans une capitale provinciale, que je connaissais bien, puisque j'y avais passé une partie de mon adolescence, et j'y avais vécu à proximité à la fin des années 90.
Après mon rendez-vous,  nous allons faire quelques courses dans le centre commercial avant de reprendre la route. J'ai été frappée par le nombre de femmes qui avaient adopté le voile islamique, encore bien plus que là où nous allons faire nos courses, à côté de chez nous.
Que s'est-il donc passé, en 15 ans? On s'est acharné sur le voile, de toute les manières possibles.
Je me rappelle même qu'on disait auparavant que les femmes d'origine maghrébines s'intégraient mieux que les hommes, qu'elles étaient moins religieuses, plus malléables. On le voit bien maintenant, c'est clair!
Et si on leur avait fichu la paix? Je pense sincèrement qu'en focalisant sur le voile, on multiplie les ports de cet attribut religieux, au lieu de calmer le phénomène, sans compter que les femmes musulmanes sont  majoritaires dans les victimes des actes islamophobes, ce qui n'est pas pour arranger la chose...

Je voudrais revenir sur l'affaire de la crèche Baby Loup, de cette femme employée dans l'entreprise licenciée pour avoir porté un foulard, dont la Cour de Cassation a reconnu le caractère arbitraire et hors la loi du licenciement, puisque c'est le droit privé des entreprises qui prévaut dans ce cas de figure. Il parait que les femmes voilées le feraient sous la pression des maris et qu'elles sont soumises, et fortement incitées à rester à la maison. Pourtant, cette femme travaillait bien, elle aurait donc la force d'imposer le fait d'exercer une activité salariée, mais pas celui de s'habiller comme elle le souhaiterait...Et si on regarde les faits, qui l'a brimé dans sa liberté, dans cette affaire? On a encore focalisé sur une femme voilée, on l'a expulsée du monde du travail, pour quel résultat?
Moi, cela ne me dérangerait pas d'introduire la liberté de l'employeur de ne pas embaucher telle ou telle personne de conviction religieuse selon son choix, admettons que ce puisse être de la liberté de chacun. Mais comment interdire alors des crèches confessionnelles pour petits musulmans? Interdire de cette manière des femmes musulmanes d'exercer à cause de leur voile ouvre la porte au communautarisme, et non le contraire. D'ailleurs, on voit bien qu'il y a un parti pris avec cette religion, puisque les écoles privées musulmanes ont toutes les peines du monde à avoir les autorisations requises pour fonctionner, alors des crèches...
Je rappelle, à toute fin utile, que je suis pour une école publique majoritaire, et qu'on arrête de financer les écoles privées de toute sortes, donc pas pour des écoles catholiques, musulmanes ou juives...
Et plus le parti pris avec l'Islam augmente et prend de l'ampleur, plus les conversions vont se renforcer comme phénomène de société.

Et plus une certaine tranche de l'islam se radicalise, d'ailleurs très souvent les convertis dits "de souche" pratiquent un mahométisme rigoriste...

Ne faudrait-il pas, une bonne fois pour toutes, banaliser l'Islam comme religion, comme étant une des religions pratiquées en France, et arrêter de la stigmatiser et de la caricaturer, arrêter d'en avoir peur? Car plus on se conduit de la sorte, plus on a envie d'aller se renseigner sur cette religion, et plus on tombe de haut, en se rendant compte de la réalité...avec la conséquence que des gens dont on n'attendait pas cela du tout se convertissent à ce qu'ils avaient exécrés sans raison...

8 commentaires:

  1. RémyPink3/21/2013

    Pas trop d'accord avec "Moi, cela ne me dérangerait pas d'introduire la liberté de l'employeur de ne pas embaucher telle ou telle personne de conviction religieuse" Mais plutôt "...qui montre telle ou telle conviction...".

    Ensuite, il faut voir que l'islam "ordinaire" s'est aussi radicalisé; Après, l'oeuf ou la poule... Mais en tout cas, des gamins se font houspiller à la cantine parce qu'ils mangent du cochon, du coup, ils n'osent plus le manger. Je me suis fait engueuler à la terrasse d'un café parce que je ne faisais pas le ramadan. Et beaucoup de filles ne continuent pas les études après 16 ans.
    Alors, pour moi, il y a une vraie islamisation "radicale" est peut être un peu fort, mais en tout cas assez communautariste. A l'instar des 2 autres religions, d'ailleurs.

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    1. Je suis en contact avec des musulmans de toute origine et de toute orientation : chiites, sunnites etc...C'est curieux mais j'observe plus un repli par peur des brimades et de l'islamophobie que de l'agressivité.
      J'ai observé des gosses qui se faisaient agresser par des personnes qui voulaient "défendre le cochon" plus que le contraire.
      Après, je n'ai pas tout vu. Ensuite, tu me parles de gamines qui ne continuent pas leurs études, c'est bien plus une question de pauvreté et d'échec scolaire que d'autre chose.
      Oui, tout se crispe autour du religieux, de tous côtés.
      C'est déplorable, il y a des cons partout, ça, on le sait.
      Justement, ne faudrait-il pas traiter toutes les religions pareil, sans favoritisme et les remettre dans une liberté de conscience et pas les stigmatiser?
      Je doute fort que l'on soit aussi exigeant envers les autres religions qu'on ne l'est envers les musulmans.
      Après, je pense que tu es musulman, d'après ce que tu dis, n'es-tu pas assez fort pour envoyer valser celui qui t'aurais engueulé?
      Ce n'est pas le cas d'une femme voilée qui se fait harceler par des passants racistes.

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  2. Ne sont-ce pas "nos" politiciens qui ont créé ce paradoxe, en niant une laïcité qu'ils sont sensés défendre ? Aidés qu'ils étaient par des médias "aux ordres", vraies machines de propagande dignes d'un Edward Bernays qui leur a tout appris....

    Ceci dit, il est certain que le musulmanisme imposé en Arabie Saoudite n'a qu'un lointain rapport avec l'Islam que pratiquent nos compatriotes pour la plupart. Comme le christianisme de haine imposé par Saül et ses successeurs ne ressemble pas aux préceptes du Maître de Justice des Esséniens.

    Restons en-dehors du jeu, au nom de la laïcité.

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    1. mais je suis d'accord, d'ailleurs, refuser d'embaucher quelqu'un au nom de sa religion est en complète contradiction avec nos lois, d'où le hiatus.
      On doit laisser les gens croire ou ne pas croire, d'ailleurs si cela continue, qu'est-ce qui va empêcher d'interdire un tee-shirt noir marqué anarchie ou no future? On va s'arrêter où?

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  3. L'élu néerlandais d'extrême-droite qui s'est converti n'est pas un cas unique. Je connais aussi celui d'un aspirant pasteur baptiste qui voulait absolument convertir un ami musulman à sa foi, qui ne savait rien de cette religion, et l'a étudiée pour prouver à son ami qu'elle était fausse, etc., et qui a fini par devenir lui-même musulman. Il y a aussi le cas de ce membre du British National Party qui a acheté un Coran accidentellement, l'a lu en pensant y trouver de quoi nourrir son discours anti-musulman, s'est mis à discuter avec les musulmans quand jusqu'alors il se contentait de leur taper dessus, et qui finalement s'est converti, à la grande horreur de sa famille.

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  4. Bonjour

    Cette phrase me semble en contradiction avec le reste de votre texte:

    "Moi, cela ne me dérangerait pas d'introduire la liberté de l'employeur de ne pas embaucher telle ou telle personne de conviction religieuse selon son choix, "

    Ce serait très dangereux de conditionner l'obtention d'un emploi à des convictions religieuses ou politiques.

    Par ailleurs, cette crèche est la seule de France qui fait de l'accueil continu. Elle est vitale pour les mères seules, en difficulté. La personne qui s'est fait licencier a été formée, ses études ont été payées par cette crèche au service de tous. Et après des années de congés (legal, le congé, ce n'est pas la question) elle revient, non pas portant un foulard, mais voilée de noir des pieds à la tête.
    Faut-il donc défendre les intégristes quoi qu'ils fassent ? Pour l'instant la loi française ne s'y oppose pas toujours. C'est une faille qu'il va falloir combler, pour une raison très simple, l'injustice qu'il y aurait à ne pas tolérer qu'il y ait des lieux, des espaces, des entreprises, où l'on ait le droit de demander la neutralité pour respecter les autres, les non croyants ou ceux d'une religion non revendiquée de cette façon. Laisser les intégristes imposer leur présence ostensible, un peu comme si quelqu'un venait revêtu d'un uniforme nazi ou en costume de religieuse, c'est les accepter, c'est accepter leurs idées politiques extrêmistes. Pour un foulard noué sur la nuque, comme c'est le cas pour les musulmanes modérées, il n'y aurait pas eu toute cette histoire.
    Je plains les femmes et les hommes d'origine maghrebine non islamistes qui cherchent du travail. Comment voulez-vous qu'un employeur ait envie de vivre avec des islamistes comme ceux qu'on voit à la télé lors des prises d'otage, comme ceux qu'on combat pour que les femmes aient le droit de vivre non-voilées ?
    Banaliser l'islam des musulmans intégrés qui n'embêtent personne, oui.
    Mais celui des djihadistes qui veulent couler des crèches associatives, certainement pas. Il faut le dénoncer au contraire.

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  5. Je me dit, en vrac :
    Pourquoi interdire le voile et pas la kippa, le turban sikh ou la soutane catholique ?
    A propos du voile et de l'école et du ressenti des filles voilées et exclues des écoles, un bon livre qui leur donne (enfin ?) la parole : "Les filles voilées parlent" de Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tévanian, éditions La Fabrique.

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  6. Anonyme3/22/2013

    Si je travaille au macdo, je n'ai pas le droit de le porter un tee-shirt "no future", et je peux me faire virer pour cela. Cela ne choque personne qu'une entreprise ait le droit de décider des chaussures, du pantalon, de la chemise, du gilet de ses employés, mais quand il s'agirait du couvre-chef, il n'aurait pas le droit?

    Annne-Marie: Si le voile est interdit, il l'est au même titre que la kippa, le turban sikh (et le poignard sikh), la soutane, la cornette, le déguisement de pirate...

    Yis

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