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dimanche 26 août 2012

Ma culture comtoise et mes racines

très rare statue sequane
Juan m'a répondu sur sa manière d'être multiculturel, et j'avoue que j'ai bien aimé.
Par contre, il oppose cela à son refus du nationalisme.

Cela m'a interpellé, d'autant plus que j'ai vu avec grand plaisir des commentateurs mettre en avant la culture de leur région, leurs racines.

C'est important, les racines, les origines, c'est ce qui fait qu'on se construit aussi comme un être humain riche de ses différences.

J'avais donc envie de revenir après ce premier billet sur ma culture et l'histoire de mes ancêtres.

Mon pépé nous disait souvent:" nous, on est Séquanes! On est pas des français. "

Pourtant, il s'était battu pour la France en 40 et il était sorti de cette guerre avec les honneurs militaires.
Mais il voulait parler de la Franche-Comté, de ses origines, lui le paysan, ancré dans sa terre, droit dans ses bottes depuis des centaines d'années, sa famille ayant fait partie des fondateurs du village, le "pays".
La Séquanie: une région qui n'était ni celte ni gauloise, avec sa propre langue, une écriture d'ailleurs qu'on ne sait plus déchiffrer, indépendante, conquise par César puis devenant la Franche-Comté. Ayant à son actif le plus vieux fromage connu qui n'en est pas un réellement.
Restée indépendante sous la protection des francs, puis des bourguignons, puis des allemands et espagnols: la Comté a vraiment gagné son qualificatif de franche, il n'y avait ni serfs ni vraiment de noblesse,  les paysans s'en fichaient un peu, celle-ci est pourtant  devenue dictatoriale quand Louis XIV conquit cette région.

Pendant des centaines d'années, les Comtois se firent enterrer face contre terre pour ne pas reposer en terre française.

C'est la guerre de 1870 et les exactions allemandes qui créèrent réellement le sentiment d'appartenance à la France, bien que mes ancêtres aient participé avec les honneurs à la Révolution Française  dans les armées de Napoléon.
Lire à ce sujet l'excellent "Le Soleil des Morts" de Bernard Clavel, un enfant du pays.
Nous avons donc choisi d'être Français et de se sentir comme tel il y a 140 ans seulement. 
En ce sens nous sommes très proches des Savoyards et des Hauts-Savoyards. Nous parlons d'ailleurs le même patois à peu de choses près, le franco-provençal.

D'ailleurs, l'école de Jules Ferry fut aussi créée afin que tous les français puissent avoir accès à la même langue, car avant, les langues régionales, patois, dialectes etc.. étaient légions.
Je parle d'ailleurs peu de mots de mon patois originel: toc chan, voulu, galetas, chnis etc...mais je suis attachée à ces mots qui sont ma culture aussi.

Deux autres anecdotes pour finir:
L'université de Dole avait un rayonnement européen au Moyen-Age et à la Renaissance, autant que la Sorbonne, Toulouse, Köln ou Cordoue...Louis XIV la fit raser, consacra Besançon comme capitale et nous perdîmes un centre culturel au profit d'une garnison. Les Comtois mirent des centaines d'années à pardonner.

Il existe dans nos forêts des statues étranges venant de nos ancêtres Séquanes. Elles sont très souvent anthropomorphiques, ressemblant à des menhirs avec une tête sculptée sur la cîme. Elles ont des inscriptions et on y voit une écriture.
Ne cherchez pas d'images sur le net, elles sont très très rares, nos anciens se transmettent les coordonnées depuis des générations mais leur emplacement est tenu secret depuis toujours.
En effet, nos forêts sont un vrai labyrinthe et c'est bien ainsi.
J'ai eu la chance d'en voir une mais serait incapable de vous donner le chemin.
Ces statues viennent de l'ancienne religion et nos anciens les ont mis en lieu sûr ainsi.
L'église de notre village a été bien souvent détruite et reconstruite, une partie est romane, et on trouve même un style bysantin sans doute hérité de l'influence espagnole mais les mêmes qui allaient à l'église ont protégé nos monuments séquanes de la destruction des religieux catholiques.
Les mêmes ont développé une méfiance qui perdure vis-à-vis de la culture "jacobine" française.
Peut-être un jour, ces statues sortiront de la protection de nos forêts...mais ce n'est pas le plus important, non.

Tout cela pour vous dire que la culture régionale n'enlève rien à la culture française, bien au contraire. Je sais d'où je viens et je connais mes racines, mon histoire, je n'oublie pas ma culture comtoise et j'en suis fière car elle est toujours là, vivace, en moi et mes enfants.
Je n'ai nullement peur d'une quelconque destruction par l'envahissement d'autres cultures, elles s'y ajoutent et l'enrichissent.
Je suis Française parce que mes ancêtres l'ont décidé, parce qu'ils ont décidé un jour d'aimer la Nation, la France comme leur pays. Parce que la France leur a prouvé qu'elle les aimait.

6 commentaires:

  1. Anonyme8/27/2012

    Jamais compris que l'on puisse être fier (ou honteux, c'est pareil) de ses racines, de ses origines, de sa culture, etc. : bref, de choses auxquelles on n'a pas participé, auxquelles on n'a rien apporté et dont on n'est en rien responsable.
    Ça me fait penser à ces gens "fiers" des victoires de l'équipe de France de foot alors qu'ils n'ont jamais tapé dans un ballon, ou des succès universitaires de leurs enfants (ou d'un de leurs ancêtres) alors qu'ils sont eux-mêmes analphabètes.

    Elie Arié

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    1. C'est une chose que vous ne pouvez pas comprendre, c'est dommage pour vous: j'ai aimé mes grands-parents, j'ai grandi dans leurs souvenirs et ne pas en êtes fière ferait que je n'aimerais pas ce que je suis, puisqu'ils sont une partie de moi.
      Je les ai aimé, je les aime, j'aime ce pays qui m'a fait grandir, mon village et ses racines.
      Je suis terrienne et j'en suis une descendance. J'insulterais la mémoire de mes grands-parents en tournant le dos à leur héritage? De quel droit?

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  2. Anonyme8/27/2012

    (suite)

    Les racines, c'est aussi ce qui maintient un arbre éternellement au même endroit, comme les boulets aux pieds des prisonniers d'autrefois; on voit, dans beaucoup de dessins animés, des arbres qui s'arrachent à leurs racines et se mettent enfin à marcher joyeusement, enfin libres, à la découverte du monde...


    Ah, cette admiration devant l'écriture "tenue secrète et c'est très bien ainsi", alors que l'humanité a inventé l'écriture pour pouvoir communiquer davantage, justement!

    Elie Arié

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    Réponses
    1. Je pourrais vous dire d'écouter la chanson de Cabrel sur l'arbre auquel on revient toujours.
      Je suis un enfant de ce pays même si j'y reviens de temps en temps seulement.
      En cela, mes grands-parents étaient très fiers de moi et aussi de mes enfants, je devrais ne pas être fière d'eux?

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  3. Anonyme8/27/2012

    (suite et fin)

    Et puis, comme l'a remarquablement rappelé, nombreux exemples à l'appui, l' Israélien Shlomo Sand dans son excellent bouquin "Comment le peuple juif fut inventé", les "racines" d'un peuple sont, le plus souvent,largement inventées après coup.

    Les Séquanes étaient une tribu gauloise qui fut très rapidement et complètement romanisée après la conquête de Jules César, et, même si vous habitez leur ancienne région, il est très improbable que vous en descendiez, ils étaient beaucoup trop peu nombreux...comme, d'ailleurs, tous nos autres "ancêtres les Gaulois": ce sont nos ancêtres imaginaires.

    D'ailleurs, bien avant sa conquête militaire, Rome avait déjà conquis intellectuellement la Gaule (un peu comme la culture USA a déjà conquis l' Europe): on retrouve de plus en plus de villes gauloises avec rues à angle droit, les riches Gaulois se faisaient construire des villas sur le modèle des villas romaines, et même envoyaient leurs enfants étudier à Rome comme les Européens qui en ont les moyens envoient aujourd'hui leurs enfants étudier à Harvard, et cela bien avant César...

    Elie Arié

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    Réponses
    1. Je connais Schlomo Sand, il a raison sur le peuple juif, c'est d'ailleurs un des drames d'Israël car la communauté yiddish qui avait des attaches en Alsace et Allemagne notamment, a été dispersée et nombres en souffrent maintenant.
      Mais ne confondez pas les juifs avec la France, le concept de diasporisme n'est pas dans notre histoire.
      Et certains juifs ont réussi à avoir une histoire régionale et un ancrage avec leur pays d'accueil, ils en sont d'ailleurs les citoyens.
      Précision: les Séquanes n'ont jamais été gaulois ni celtes.
      Mon grand-père, du plus loin que sa famille lui ai légué sa mémoire, se sentait séquane, même si il se pourrait qu'il ne le soit pas.
      Ma famille a plus de 1500 ans de présence en Franche-Comté, pas tous les ascendants mais certains qu'on a pu retrouver.
      Ce n'est pas le "sang" qui compte mais l'attachement à une terre mais comme vous n'êtes pas de culture terrienne, j'ai l'impression en tout cas, vous ne pouvez pas comprendre.

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