Le PKK, la Turquie et Israël

C'était il y a environ deux ans, je prenais assez souvent le taxi à ce moment-là sur Genève. Les Taxis de Genève sont internationaux, il y a des chauffeurs italiens, maghrébins, irakiens etc....une vraie mosaïque. Le plus dur est de trouver un taxi français ou suisse dans le lot. Certains disent que les genevois ne veulent pas bosser. D'autres disent que les taxis d'origine étrangère cassent les prix. Ah, j'ai oublié les espagnols et les portugais: je me rappelle d'un chauffeur lusitanien qui m'a parlé de recettes de son pays tout le trajet.
Ce jour-là, la conversation s'installe et je tombe sur un taxi kurde. Bien entendu, je lui parle de ce qu'on m'en a dit, le fait que les turques brimeraient leur ethnie et patati, et patata...
Il me répond que pas du tout, le gouvernement turque fait son possible car il existe dans les rebelles kurdes des systèmes mafieux assez comparables avec les corses, et que la population dans son ensemble n'est pas hostile au fait d'être en Turquie et ne veut pas son indépendance. Tiens donc...
Puis on discute, cela diverge sur la religion, et j'apprends qu'il n'est ni musulman ni autre chose mais appartient à une minorité religieuse qui ne mange jamais de lapin, dont le culte pratiqué viendrait probablement d'une religion monothéïste de type zoroastrien, bien avant le judaïsme, d'ailleurs. C'est clair que ça me passionne. On appelle cette religion l'alévisme, qui, comme la religion druze, n'a rien à voir avec l'islam ou les autres grandes religions. De la même manière, le judaïsme a aussi essayé de s'accaparer des courants religieux antérieurs et minoritaires, comme les samaritains.

Bref, mon chauffeur de taxi kurde alévi en veut énormément aux kurdes du PKK, qu'il accuse de vouloir diviser la région pour leurs propres intérêts. Sans doute d'autres kurdes m'auraient dit le contraire, mais la réalité n'est jamais blanche ou noire...comme toujours...

Et depuis peu, le chef du PKK a lancé un appel pour déposer les armes...
Cela, ça fait du bien, un peu de positif, d'espoir de paix dans cette région si divisée et enflammée. Cela ne va pas résoudre le problème des Kurdhistans, ça, c'est plus complexe, mais c'est un pas décisif.
D'ailleurs, Israël vient d'annoncer des excuses officielles pour l'affaire de la flottille de Gaza, qui a fait 9 morts innocents.
Seulement, vu la tragédie et l'émoi que cette affaire a suscité en Turquie, et aussi le sentiment fort du rejet israélien de la population, 3 ans après, faire des excuses, je ne suis pas vraiment persuadée de l'issue positive de relations meilleures entre Israël et la Turquie...même si Erdogan le voudrait sincèrement, il a été élu par une population qui a vécu cette affaire et qui vit ce qui se passe en Palestine comme une tragédie encore plus horrible. Et Erdogan le sait.
La seule chose qui puisse être mise en place, c'est ce que font les égyptiens, c'est-à-dire soutenir les palestiniens et protéger les populations civiles en servant de médiateurs avec Israël.
De plus, l'Iran a annoncé qu'elle n'hésiterait pas à frapper Tel Aviv si Israël s'en prenait au régime iranien militairement parlant.
La visite d'Obama qui vient de se produire ne change donc pas grand chose à la situation.
Sans réel processus de paix entre la Palestine et Israël, la stabilité ne pourra se faire.

Un espoir de paix d'un côté, des horizons toujours tournés vers les tensions de l'autre...Ainsi va le Moyen-Orient...Mais comme je le disais, si on peut avoir des occasions de se réjouir, alors ne boudons pas notre plaisir...