Nous sommes en plein paradoxe médiatique
ici: on nous apprend qu'un élu UMP a initié un projet de fusion des
institutions régionales de l'Alsace, rendu possible par la réforme des
institutions de 2010 en passant par la voie référendaire.
Mais on ne parle que des divisions de la
classe politique locale face à ce scrutin qui se passe aujourd'hui.
Personnellement, je ne trouve rien à redire
sur ce référendum. Le fait de demander aux citoyens de la région de se
prononcer, c'est une bonne chose, que ce soit l'UMP ou un autre parti qui
l'initie. Je trouve cela intéressant. De plus, effectivement, cela enlève les
doublons et cela simplifie la gestion de cette région qui est toute petite.
Pour comparer, si on faisait ça en Rhône-Alpes, cette région administrative qui
est un vrai mastodonte avec plusieurs régions historiques à l'identité marquée,
ceci serait ingérable : on ne pourrait faire fusionner le Lyonnais, l'Isère,
les Savoie etc...
Mais pour l'Alsace, c'est différent. Son
histoire est particulière, sa langue est ancrée dans la culture locale. Pour
qui connait cette région, mise à part les vieilles querelles qui subsistent
entre ceux de Colmar, de Strasbourg et Mulhouse, par exemple, tant d'exemples
de la particularité alsacienne sautent aux yeux : dans l'architecture, les
traditions etc...
La cohérence de cette région est donc
forte. D'ailleurs, on note que les écologistes font campagne pour le oui, aux
côtés de l'UMP. Les élus socialistes sont divisés, notamment reprochent les
modalités de l'exécution de la future réforme, si elle aboutissait, le choix de
Colmar comme capitale semble raviver des rivalités, et le fait que cette région
soit une des seules à droite ne donne pas envie de renforcer son poids en la
rassemblant en une seule institution.
On peut tout à fait rapprocher cette
attitude de celle qui divise autour de Notre Dame des Landes, où Montebourg
s'oppose à Ayrault, ne comprenant pas, vu son ancrage local et son attachement
à sa région, qu'Ayrault puisse paraitre se servir de l’État sans entendre les arguments
de certains locaux afin d'imposer l'aéroport.
Mais là ou c'est remarquable, ce que
mettent en relief une bonne partie des médias, c'est que le FN et le FdG sont
contre ce référendum.
Pour les sympathisants de Mélenchon, c'est
clair: cela va à l'encontre d'un certain jacobinisme républicain, cela pourrait
détacher l'Alsace encore plus de la France, déjà que le Concordat y est
toujours en vigueur et que les religions ont droit de cité dans les
établissements publics...cela semble dangereux pour eux. Mélenchon n'a pas
vraiment de pensée réellement décentralisatrice ni régionaliste, il se place
plus dans l'universalisme, tout en plaidant pour un état fort. Ce n'est pas la
moindre de ses contradictions. Mais est-ce être nationaliste? Certains journalistes
franchissent le pas en lui attribuant cette "qualité", et en
l'assimilant à Marine Le Pen.
Pourtant la position du FN est complétement
différente: au départ, les instances locales apportaient leur soutien. Il est
vrai que ce parti si peu républicain essaye depuis un moment de se servir des
idées régionalistes pour s'implanter plus, en essayant de surfer sur la vague
de rejet que les locaux ont contre ceux qui viennent d'ailleurs, les autres
régions comprises, d'un côté ils voudraient défendre la culture régionale, de
l'autre la préférence nationale...
Mais dans ce cas, Marine a tranché. Pour
elle, ce référendum "disloquerait la France en la précipitant dans l'entité
monstrueuse qu'est l'Europe"...raisonnement tordu à l'extrême, ce qui s'impose
d'ailleurs quand on connait ce parti et ses sympathisants: la logique n'est pas
leur fort, faut dire.
Et quand on lit le reportage du Monde sur
une réunion des militants à ce sujet, c'est à mourir de rire ou à pleurer sur une certaine bêtise, hélas...
Là, on regrette qu'il n'ait pas été filmé
et diffusé à une heure de grande écoute...
Se retrouvent dans les discussions: le tous
pourris à cause de Cahuzac, bien entendu les immigrés, et même les subventions
à la culture...
En gros, on ne sait pas ce que Cahuzac
vient faire avec la refonte de la Région, et le reste alors...
Faut dire que si on donne des papiers aux
immigrés qui sont dans les hôtels en relogement d'urgence, cela couterait bien
moins cher à la collectivité de les trouver en HLM qu'à 1500 euros par mois min
à l'hôtel, vu qu'on ne peut pas tous les expulser, depuis le temps qu'on
essaie. Mais, qu'est-ce que ça a à voir avec la choucroute?
Comment essayer de détourner un référendum
local de sa fonction première en en faisant un instrument de propagande et d'opposition?
Laissez faire le FN...quand on voit ça, on se dit que faire un référendum avec
une question unique au niveau national comporte effectivement un risque de
plébiscite inverse.
Comment faire de la politique sans idées
cohérentes?
Laissez donc parler le FN, en ne l'attaquant pas sur le fond
inexistant de son programme.
Comment légitimer un parti populiste racoleur, qui ne cherche qu'à rassembler aigris et protestataires?
Je vous
laisse deviner la suite.
Quoi que...
Je vais vous expliquer mon sentiment:
On peut dire ce que l'on veut sur la gauche de la gauche ici, sa position est cohérente sur le
sujet, même si personnellement je ne l'approuve pas.
Je ne vois pas de points communs avec celle
du FN, à part qu'ils rejettent la réunion de toutes les instances de la Région
en une seule.
C'est un peu comme le référendum de 2005, à
l'échelon local, sauf qu'ici, le oui pourrait passer si l'abstention n'est pas
trop forte.
Pour ma part, je trouve assez saine la
position des écologistes sur ce scrutin. Il n'y a aucun calcul politicien sur
ce coup. Juste le fait que si une idée est intelligente, et peut en plus
économiser de l'argent public, même si elle vient d'un adversaire politique, il
faut parfois faire en fonction de ses principes et pas en fonction de stratégie
politique, il me semble.
Par contre, je regrette que nos médias ne
soient pas allés en Suisse pour voir les campagnes des différents partis
lorsqu'il y a un référendum. Ceux-ci se positionnent en fonction du sujet, pas
en fonction de majorité ou d'opposition, de clivage droite/gauche. Ainsi les
libéraux peuvent être d'accord avec les socialistes et non avec l'UDC sur la
réponse à un sujet et les écologistes peuvent ne pas vouloir de ce sujet-là,
par exemple. Cela n'a rien à voir avec un micmac idéologique.
Ah, j'ai oublié un thème de discussion des
militants FN au sujet du référendum: ils semblent qu'une bonne majorité de
ceux-ci sont germanophiles...il y a toujours de vieux démons qui ressurgissent,
tiens...si le journaliste du Monde a
bien rapporté les propos qu'on a tenu en sa présence. On est bien, là,
pour un parti nationaliste, avec une attirance pour le voisin allemand, dans
une région annexée plusieurs fois par l'Allemagne...
Souvent, des évènements locaux nous
apprennent pas mal sur le climat politique national. Il n'y a plus qu'à
attendre le résultat des votes, maintenant.
liens sur le sujet:
Le Monde: En Alsace, le FN vent debout contre la propagande du oui au référendum
20 Minutes :un référendum régional inédit ce dimanche
Le Point : l'Alsace va-t-elle fusionner ses institutions?
Le Nobs: Le Pen et Mélenchon, "croisés de l'Alsace Française"
Rue89 : L'Alsace, pays "d'entre-deux", bouscule les terres françaises.
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