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samedi 14 décembre 2013

Quand l'Europe fabriquait l'épouvantail du sous-développé Rom Roumain

 Attention, cet article est à haute teneur ironique sur nous-même, nous Français, et Européens.

Il faut revenir en arrière, dans les années 70, enfin celles dont je me souviens. A cette époque, il y avait nous, les gentils, les privilégiés, en démocratie, occidentaux, européens, vivant bien , nous, les pays développés, le fameux Bloc de l'Ouest. Nous détenions la vérité capitaliste, libéralisme et protectionnisme, le camps du Bien, quoi.

Et il y avait les autres, le Tiers Monde, ceux qui sans nous croulaient sous les dettes et la mouise, d'éternels assistés.
Dans ce Tiers-Monde de la bien-pensance européenne, il y avait l'URSS et les satellites, dont la Roumanie.
C'était un régime communiste, autant dire un régime puant, dictatorial, le Diable en personne, et c'était bien pratique!

Dans l'inconscient collectif, les Roumains étaient forcément sous-développés, extrêmement sales, très mal élevés, d'une culture au ras-des-paquerettes, et que ceux-ci aient subis une dictature violente, sanguinaire, injuste, d'une brutalité et d'une corruption étatique sans bornes, ne soyons pas menteurs, la plupart d'entre nous, cela nous allait très bien.
Les Roms? On n'en parlait guère, de toute manière, on confondait et on confond encore Roms et Roumains. Sauf qu'on va dire que le Rom était considéré comme un arriéré mental pire qu'un Roumain....le tout se mélangeant avec l'image du fauve communiste, le couteau entre les dents. Et puis, ils étaient assez proches pour nous faire peur et assez éloignés pour qu'on les méprise. Déjà qu'on avait nos Romanichels, nos bohémiens à nous, on voyait bien que ces voleurs de poules devenus français n'étaient guère fréquentables.

Seulement, il y avait le Bloc de l'Ouest qui nous protégeait.
Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

C'est comme cela qu'on présentait à la population Française, la Roumanie, aussi, quand Ceausescu et sa femme semblèrent se faire lyncher en public et dépecer vivant, on se demande encore dans quelle mesure les images vues n'ont pas été fabriquées, beaucoup d'entre nous, de gauche et de droite, ont regardé le spectacle avec intérêt, la soif de voir des sauvages en action et le voyeurisme étant logiques...

Ce que je décris, je le répète, est de l'humour noir sur mes congénères racistes qui s'ignorent ou qui s'assument. Mais cet inconscient collectif est encore visible actuellement, ne serait-ce que par la commisération dégoulinante que dégagent certains quand ils parlent des Roms et qu'ils plaident leurs causes, en en discourant sur le mode dame patronnesse, voulant les aider comme si ceux-ci étaient des handicapés mentaux et sociaux. Et ça fait bien, ça permet aussi d'éloigner les soupçons de racisme, quand les mêmes honnissent d'autres à cause de leurs soit-disant origine ou ethnie, ou religion.
Ceci est une critique cinglante contre ceux qui sont mon peuple, aussi, ma société, ma Nation. Nous ne sommes pas tous pareils mais c'est aussi une vérité qui dérange. Ce racisme de préjugés, d'éducation, qui fait qu'on fabrique des sous-hommes : pauvres, SDF, RSAssistes, sans-papiers et Roms etc...afin qu'on puisse se penser dans les chaumières supérieurs et meilleurs sans faire le moindre effort pour s'améliorer.

A l'école, j'étais systématiquement punie au cours élémentaire par un instituteur qui ne supportait pas les fils et filles de profs gauchistes. J'avais donc droit au voisin de bureau le plus "puant". Il y avait la fille d'agriculteurs qui faisait les vaches avant d'aller à l'école, et qui sentait le purin à plein nez. Il y avait le gamin de Romanichels, qui venait parfois deux mois dans l'année. Et bien, savez-vous qu'il ne sentait pas mauvais, lui? Et lui, dans les années 70, c'était un Français dont les parents travaillaient honnêtement au rempaillage des chaises et qui faisaient de l'artisanat en osier, ce dont on vante les mérites actuellement, le travail manuel de tradition française...

Cet instituteur brutal et violent, à la règle en fer qui claquait sur les doigts, m'a appris une belle leçon ces années-là. Celui qui était dégueulasse n'était pas celui qu'on pensait, bien que ma camarade fille de paysans n'était pas responsable de ses effluves malodorantes.

L'Europe a décidé d'intégrer la Roumanie, sans doute plus pour des raisons économiques et bassement mercantiles que de fraternité.
Rien n'est réglé, dans ce pays, qui a souffert de la pauvreté et des exclusions. Les Roms se sont retrouvés les exclus des exclus. Violence, racisme, antisémitisme horrible, mafias, règnent encore là-bas.
On ne les supporte pas chez nous, on n'en veut pas. On sait ce qu'en pense Valls, qu'ils n'ont pas "vocation" à rester chez nous. On les traque à l'école, on les laisse crever de faim ou de servage chez eux quand on les renvoie. 
On n'a pas attendu que le Pays se reconstruise quand la démocratie n'était là que sur un papier fragile d'adhésion à l'Europe.

Alors parfois, je me dis qu'ils ont raison, les Roms, de voler, mendier, resquiller, de nous mépriser, de nous piquer le cuivre qui nous prive d'ADSL pendant des jours, quelle honte pour notre petit confort.
Vu comme on les considère, je me dis qu'ils n'ont aucune raison de nous respecter.
Alors quand on voit que ceux qui commettent des actes délictueux, ben, ils sont une minorité en fait...et qu'une grosse partie cherche surtout à mieux vivre et éduquer leurs enfants, qu'ils soient plus heureux...
Oui, je me dis qu'en fait, on est bien une bande de gros salopards, quand on y repense.
Quand on voit que les entreprises françaises et européennes viennent s'installer en Roumanie avec des salaires bien bas, qui arrangent leurs actionnaires...et que l'argent pour aider la communauté Roms, on sait tous que ce sont les Officiels  Roumains qui l'ont détournés par le biais de la corruption... mais comme on était si pressé d'intégrer la Roumanie afin de délocaliser près de chez nous...
Quoi qu'on les a pas encore trop pillé, là-bas. Cela reste des "blancs", quand même, un peu de décence... Mais on n'a rien fait pour les aider non plus, les assister, oui, de loin, pour nos entreprises, pour la façade, le vernis...

Ah, assister, on sait faire, rabaisser, exiger le bras quand on offre la main, ça, on sait faire. Mais on ne comprend pas pourquoi celui qu'on ampute cherche à vous mordre, quel manque de savoir-vivre...pourquoi donc celui qui crève de faim dans son trou ne vous prend pas pour Dieu quand vous jetez vos miettes périmées dedans? On se demande vraiment pourquoi...

A méditer: et si ceux  qui trainent encore leurs préjugés, pouvaient regarder les Roms comme leurs semblables, quand ils les croisent dans la rue, ni mieux, ni moins bien, pareils...Cela sentirait bien meilleur dans notre pays. Car le plus dégueulasse n'est pas celui qu'on croit, très souvent.


1 commentaire:

  1. Quand vous prenez l'autocar pour Nantes, à un moment vous passez près d'une zone d'accueil "pour les gens du voyage". Comme par hasard, bien que relativement près de la grande ville, c'est au milieu de nulle part, à la différence des usines classées Seveso, bien plus proches des maisons : cherchez l'erreur. Cela n'empêche pas les Roms de réussir à venir dans le centre ville : quand on a faim, je pense que l'obstination est la seule chose qui vous reste, pour rester en vie.

    J'ai des amis, avec qui je viens souvent discuter à deux pas de la Place Royale, dans un minuscule bistro que bien des gens ne connaissent pas. Régulièrement, des Roms viennent y demander un verre d'eau : et (c'est devenu manifestement un jeu) entre midi et 14 heures, quand c'est bondé, il y en a toujours un ou deux qui viennent pour ce verre. A chaque fois le patron les réprimande gentiment, et leur propose de venir plus tard avec un coup d'œil aux clients. Ce sont toujours les mêmes. Ils seraient presque "de la famille". Il y a même un homme, tout petit, tout sec, tout souriant, qui dépose dans un tout petit coin l'accordéon avec lequel il "fait les terrasses". Eh bien, je pense que si on ne les voyait plus, il manquerait quelque chose. Oui, à leur manière (chacun a sa manière), ils sont intégrés à nos villes et nos campagnes. Pourquoi tant de haine ? Pourquoi, si ce n'est pas de la part des non-intégrés sinistres de l'intérieur une façon commode de créer des boucs émissaires ? S'il faut éradiquer quelque chose, c'est la place Beauvau, celle dont on a peur comme d'un animal imprévisible, peut-être parce que malade.

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