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mardi 31 juillet 2012

USA: libéralisme, libertariens et état fantôme

Detroit*

On ne peut pas dire que le courant libéral est né aux Etats-Unis mais il s'y est épanoui.
On fait souvent remonter le libéralisme à Adam Smith, dans son domaine économique: penseur écossais qui publie la Richesse des Nations en 1776.
Le libéralisme n'a pas été toujours dans l'esprit général comme le symbole de toutes les dérégulations étatiques et la victoire de la loi du marché comme seule règle et idéologie dominante.
On peut dire que ce type de libéralisme est une création purement états-unienne qui trouve son bâtisseur dans la personne de Ronald Reagan.

Il faut bien comprendre que le libéralisme s'oppose à des structures étatiques trop répressives et présentes dans la vie quotidienne au nom des droits de la personne et à la liberté de celle-ci qui serait brimée lorsqu'il y a trop d'état, aboutissant de fait à une tentative de totalitarisme.

Il peut ainsi tout à fait  avoir un côté positif: vivre et laisser vivre tout en laissant à l’État le rôle de régulateur des excès et injustices qui pourraient être constatées si rien ne vient surveiller le système économique et social.Il existe donc ce qu'on appelle un libéralisme social, qui existe à gauche comme à droite.


Mais revenons au libéralisme sauvage des années 80, celui de Thatcher et de Reagan: le but était de décongestionner tous les systèmes économiques et sociaux des entraves de l’État, s'appuyer en les favorisant sur les forces vives économiques créatrices de richesse, et accessoirement pouvoir économiser le maximum sur les dépenses étatiques, ce qu'on a appelé pudiquement  la dé-régularisation.
Ce libéralisme a un nom aux USA: c'est le libertarianisme, mot employé à partir des années 70 , créé par analogie au mot libertaire français (qui ne veut pas dire du tout la même chose, à rattacher au libertin du XVIIIème siècle dans sa connotation philosophique).

Le Parti libertarien, se revendiquant de ce courant de pensée, est né en 1971 aux États-Unis, avec la publication du livre de Robert Nozick, Anarchie, État et utopie, qui critiquait la Théorie de la justice de John Rawls et notamment son « principe de différence »
Source wikipédia

Il faut savoir que les USA sont une fédération d'états et en ce sens, il n'existait déjà qu'un état fédéral, qui avait un rôle de superstructure corrigeant déjà les déséquilibres entre états, notamment en ce qui concerne les litiges pour les libertés, lois etc...
Mais un état régalien comme en France par exemple, n'existe pas.

Reagan, puis Bush et ensuite Bush junior déshabillent progressivement toute force de régulation sociale et économique de l'Etat fédéral, qui pourrait s'opposer aux consortiums, holdings et lobbies de toute sorte.
Nous avons vu que le but était de pouvoir influer une direction sur le Monde entier dans leurs intérêts propres, devant être l'intérêt de tous, puisque les États-Unis se voyaient le phare de la démocratie pour tous. 


Tout le monde sait que le dollar n'est pas une monnaie qui dépend de la tutelle de l’État fédéral, il est même imprimé au Canada...


Mais ce que les USA n'avaient pas prévu, c'était les crises successives boursières, provenant de leur arsenal économique visant l'établissement de leur suprématie sur le monde.
Une première alerte a eu lieu en 2002. Je me souviens alors que les Européens vinrent au secours des Américains en soutenant la Bourse et le dollar.
Puis ce fut 2008 et ses conséquences qui continuent à plomber cette fois l'économie européenne.
Cela a de quoi poser des questions: en 2002, une première crise se résoud grâce à l'aide européenne.
En 2003, l'Amérique attaque l'Irak.
En 2008, toute l'économie occidentale se trouve touchée sans réelle porte de sortie trouvée jusqu'à maintenant.


Qu'en est-il des USA maintenant? Le pays ne s'est toujours pas doté d'un réel pouvoir étatique, et est toujours rongé par la paupérisation.
De plus, il a bénéficié des aides extérieures des Chinois et même des pays arabes riches.
L'économie américaine est en train de se faire déposséder de son côté national, en fait, le processus d'une colonisation à l'envers de son économie est enclenché, à tel point qu'à part son armée, il ne lui reste pas grand chose.
D'ailleurs, les Américains hésitent à s'opposer frontalement aux Chinois. Ils se savent dépendants. Leurs propres règles se sont retournées contre eux.


Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi aux USA, se développe une volonté de tolérance religieuse à l'égard des musulmans, au point que certains préfèrent y émigrer. La communauté y est riche, très riche et commence à être un lobby très influent, bien plus influent que d'autres: un comble mais une réalité, d'autant plus que des conversions massives d'afro-américains sont constatées. Cette communauté est appuyée par les pays arabes extérieurs, du fait du principe de solidarité inhérent à la religion musulmane.


On comprend mieux la critique récente des USA à l'encontre de la France, la plus acerbe selon le Point:
"Les évolutions démographiques s'accompagnent parfois d'une augmentation de la xénophobie"
Mais les Etats-Unis ont réservé leurs critiques les plus acerbes à l'Europe. Ces "pays sont de plus en plus divers en termes ethniques, raciaux et religieux" mais "ces évolutions démographiques s'accompagnent parfois d'une augmentation de la xénophobie, de l'antisémitisme et de sentiments antimusulmans", déplore Washington. Surtout, souligne le département d'Etat, "de plus en plus de pays en Europe, dont la Belgique et la France, ont des lois restreignant le code vestimentaire qui pénalisent des musulmans", en allusion aux législations contre le voile intégral.
Les Etats-Unis expriment régulièrement leur désaccord avec Paris sur ce dossier. Porter ou non un vêtement religieux "doit être un choix personnel", a insisté Suzan Johnson Cook, ambassadrice des Etats-Unis pour les libertés religieuses. 

Bien entendu, il y a aussi les protestations formelles contre la Chine, qui ne servent à rien, d'ailleurs, et la condamnation de l'antisémitisme.
Mais cette critique n'a rien d'humaniste. Elle sert juste à montrer la bonne volonté des USA vis-à-vis des musulmans, dans une optique de survie économique.


Je pense qu'on ferait bien de méditer ces quelques lignes. Il ne s'agit pas d'un jugement de valeur mais de faits.
Il se pourrait bien qu'à force de ne pas respecter l'autre, l'autre finisse par se faire respecter, surtout quand le rapport de force est inégal.
Il se pourrait bien qu'à force de ne pas maîtriser plus sa propre économie et de ne pas intervenir réellement afin de sauvegarder ses intérêts nationaux, pour la population française, et européens, notre structure étatique, déjà dépendante de Bruxelles, et donc d'un Etat supra-européen fantôme, finisse par se diluer dans les impératifs économiques.
Au nom de sa liberté, refuser qu'on mette en place un réel gouvernement européen fédéral est donc stupide et suicidaire.

*source images: Détroit, ville fantôme

7 commentaires:

  1. J'espère que les États-Unis s'inquiètent aussi de l'augmentation de la xénophobie et des sentiments antimusulmans chez eux, parce que je ne suis pas sûr qu'ils soient vraiment en position de donner des leçons à d'autres à ce sujet. Quand on voit une douzaine d'états tenter de faire passer des lois pour se protéger de la charia dans un pays qui atteint péniblement 1% de Musulmans dans sa population, on peut sourire de l'inquiétude qu'on y ressent face aux lois vestimentaires de la France

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    1. C'est ce qu'on appelle du clientélisme.
      Voilà deux lobbies pro-arabes aux USA très influents:
      http://www.adc.org/
      http://www.aaiusa.org/get-involved/2365/lobby-day
      Il y a une campagne très active contre l'islamophobie aux USA depuis l'élection d'Obama.
      Mais oui, leur stigmatisation de la France n'a rien d'innocent

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    2. Sont-ils si influents que ça ? Je doute qu'ils fassent le poids face à l'AIPAC par exemple.

      J'ai vu que l'ADC participe à une campagne pour honorer Khalil Gibran, le poète libanais dont je vous ai glissé un mot.

      Il y a effectivement une campagne active contre l'islamophobie aux USA. Elle est le revers de la campagne islamophobe qui a repris du poil de la bête depuis l'élection d'Obama, que beaucoup d'Américains croient Musulman. Voir l'affaire de la "mosquée" de Ground Zero, et, en ce moment même, la campagne menée par certains au Congrès contre Huma Abedin, une des aides d'HIllary Clinton, accusée sans aucune preuve d'infiltrer le gouvernement américain au profit des Frères Musulmans, ou celle menée par certains médias contre un député quelconque dont je n'ai pas retenu le nom, pour avoir eu le malheur de dire que l'école publique gagnerait à appliquer les méthodes des madrassas (tous ceux qui l'attaquent prétendant que cela signifie "l'école publique doit enseigner la charia").

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    3. c'est clair!
      Mais les réalités économiques sont toujours plus fortes que les convictions aux USA, leur idéologie c'est le business...et ceux qui ont l'argent ont l'avantage...
      D'où les dénonciations de xénophobie en Europe pour montrer que eux sont bien.
      L'Europe est au populisme, les USA sont dans le mercantilisme...
      Je ne trouve pas ça du tout bien, c'est pourquoi je pense que ça ne tiendra pas dans le futur.

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    4. Par contre, ça fait peur si tu te places du point de vue extérieur, ça veut dire qu'ils sont moins racistes que nous si notre comportement les choque...

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    5. Les USA sont le pays le plus raciste du monde occidental. Cette réflexion prouve une chose : qu'ils sont encore plus incultes et ignares que ce que je pensais.

      Un pays qui érige la scientologie en rang de religion n'a aucun commentaire à faire en la matière...

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    6. C'est un pays organisé en communautés différentes, c'est un pays effectivement où fleurissent les sectes.
      C'est un pays qui a peu de points communs avec l'Europe et où la laïcité est absente.
      Mais la religion dollar est plus forte que toutes les idéologies.
      Par contre, on a un point commun sur la nuisibilité de la scientologie.

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