Qu'est-ce en fait que la Culture?
Comment peut-on déterminer ce qui semble
être au cœur d'une bataille idéologique tellement importante pour une poignée
d'illuminés qui nous gâchent le paysage?
Comment donc explique-t-on ce qu'est la
Culture?
J'en donne ici quelques pistes de définition:
La culture est une notion proprement
humaine, que l'on retrouve d'un point de vue élémentaire dès que l'homme a
commencé à transformer son environnement. Les premiers outils, dessins, feux
primaires, ont été la première forme de culture. Le vêtement est aussi une des
premières expressions culturelles.
D'ailleurs, l'agriculture dans son action
de transformation du biotope qui l'accompagne est le premier sens du mot culture, qui vient du latin et dont on se servait pour qualifier uniquement le travail de la terre au tout début.
Partant de ce principe, toute personne
ayant eu accès à des cours de Géographie sait que l'environnement influence
directement l'expression d'une culture. Car avec le travail de la terre vient
l'élaboration architecturale, et le milieu naturel forge l'habitat, ainsi que
les vêtements, le climat est donc une part très importante de la culture. Les
rythmes sociétaux se fondent d'ailleurs sur les rythmes climatiques le plus
souvent aussi.
Il y a donc aussi la structuration de la
société dans son fonctionnement qui fait partie de l'expression d'une culture: les
modèles claniques basés sur la famille élargie, oligarchiques soit hiérarchisés
selon un chef et des subordonnés, démocratiques etc....
Ceux-ci sont souvent aussi très dépendants de
l'environnement, s'étant adaptés selon le meilleur modèle de survie du groupe. Notre société et ses rapports purement d'échange entre personnes exprime une culture.
Puis il y a l'expression intellectuelle, ce
qui est de l'ordre de la pensée, du divertissement, de l'Art, la culture comme
on l'entend au sens strict du terme,l'adaptation à l'environnement étant le
sens large et le travail de la terre le sens primaire.
Cela a permis d'ailleurs à Voltaire de dire
sa fameuse phrase issue du Candide: "il faut cultiver son jardin", ce
qui lie les trois sens d'un point de vue métaphorique, le jardin exprimant en
même temps la construction humaine de l'environnement , cultiver
renvoyant au travail élémentaire du paysan, ce qui explique avec humour aux esprits que notre cerveau a besoin d'être stimulé et nourri afin d'en augmenter l'intelligence.
L'art, les productions intellectuelles de
l'homme comme les livres, les tableaux, les spectacles, la littérature, la
philosophie etc....ce dernier stade de culture dépend pourtant de la culture de
base, de l'organisation de l'homme dans son espace naturel et de la façon dont
il l'a transformé. Le dernier stade de
la culture en est une expression ultime, superflue, mais aussi
magnifiée.
En fait, nous venons de parler de la
culture sans une fois parler de religion. Pourtant, nous en avons fait le tour.
En conclusion, la religion est effectivement une
composante tout à fait mineure de la culture, elle n'est nullement essentielle
à l'élaboration et l'expression de la culture, qui ,est rappelons-le, la manière
dont l'homme transforme son environnement et l'enrichit.
La religion n'est-t-elle qu' une composante mineure de l'homme
dans son comportement ou son expression intellectuelle? Je n'ai pas dit cela.
Mais cette donnée peut être variable, interchangeable, sans que la culture soit
complétement bouleversée. Témoin la continuité de la culture moyen-orientale, du polythéisme au christianisme puis finalement le mahométisme. Témoin la Chine qui est
passée, à un moment de son histoire, du mahométisme au bouddhisme chez ses dirigeants, et enfin de l'athéisme sans avoir vraiment perdu son âme et son expression culturelle propre.
On peut changer de religion ou l'abandonner sans que sa culture en soit fondamentalement changée. Par contre, changer radicalement de culture est bien plus difficile. Tous les expatriés vous le diront: ils intègrent certaines composantes de la culture du pays d'accueil mais garderont toujours des habitudes du pays natal.
La France en tant que nation existe indépendamment d'une
religion donnée. C'est d'ailleurs ce qui fonde les valeurs de notre pays. Ce concept dépasse le choix de la foi personnelle ou l'absence
de foi. La culture française n'est pas du tout dépendante de la domination, ou
de l'absence de domination d'une religion x ou y.
C'est en fait avoir si peu de "foi", si je puis
m'exprimer ainsi en la force de notre Culture et de notre Identité, si peu de
confiance en la France en fait, d'avoir peur pour notre
"civilisation" du fait de la pratique en augmentation d'une religion
donnée...
Quand on sait que ceux qui sont persuadés
de cela crient sur les toits leur attachement à la culture française, on ne
sait pas si on doit rire, pleurer...voire soupirer devant une telle absurdité.
image issue de ce blog
dans son bouquin, "la police religieuse dans l'ancienne France", Gabriel Le Bras, alors chargé de cours à la Sorbonne aux environs de 1940, fait un état des lieux de ce que fut la pression permanente et insidieuse de l'Eglise sur le pouvoir politique et si l'ouvrage s'arrête en 1789, cette pression s'est poursuivie jusqu'en 1905 (au moins) et depuis quelques années on ne peut que constater une réminiscence.
RépondreSupprimerIl est donc logique que le pays ait peur de la place grandissante (pas tant que cela d'ailleurs) d'une autre religion. Un peu l'histoire du syndrome de Stockholm.
La base de chacune des grandes religions monothéistes se fait sur l'affirmation que elle seule détient la Vérité et ce ne sont pas les quelques rencontres officielle inter-religieuses qui vont changer l'affaire.
L'Eglise catholique a toujours eu tendance à se comporter comme un parasite, en s'immisçant partout dans tous les rouages de la société, jusqu'à faire croire à beaucoup qu'elle avait participé à la culture française, alors qu'elle a toujours, sauf exception individuelle, profité de toutes les forces vives qui la nourrissaient.
SupprimerC'est là son erreur.
Il est vrai qu'Israël montre la même tendance avec la religion juive, et d'autres aussi comme certaines formes de bouddhisme.
Ce n'est pas le cas d'autres religions, dans d'autres endroits.
Par exemple, le protestantisme ne fonctionne pas de la même manière. l'Islam non plus, d'ailleurs. Il n'y a pas ce comportement de parasite, puisqu'il n'existe pas de clergé, à part dans le chiitsme, et le comportement n'est pas du tout le même.
Je suis d'accord que l'Islam est somme toute très discret en France, c'est quand même la deuxième religion en France, et ceux qui en parlent le plus sont les journalistes et les racistes.
Quand à savoir qui pense détenir la vérité...c'est une longue histoire pas terminée encore...
Non, Rosa, avec environ 6% de la population, à peu près comparable aux Protestants, les musulmans constituent la 3° force religieuse en France.
SupprimerLes 2° sont, et de loin, les athées qui représentent environ 30% de la poipulation. Sivant une enquète de La Croix.
L'Eglise Catholique est la seule des religions qui soit structurée hiérarchiquement.
ben, j'avais pas pensé aux athées, tiens...comme on parlait de religion.
SupprimerPar contre, la Croix...vaut mieux se référer au Monde des Religions, tu ne crois pas?
En tout cas, ils ne parlent jamais des bouddhistes qui seraient entre 500 000 et 1 million, il me semble...
Pour la hiérarchie en France, là était le problème, oui.
La Croix ? Le Monde des Religions ? il ne doit pas y avoir tant d'écarts que ça mais pour la hiérarchie, c'est plutôt EST le problème.
SupprimerS'il est vrai que " l'Islam est somme toute très discret en France, c'est quand même la deuxième religion en France", c'est toutefois la première en dynamisme, surtout à l'heure du ramadan. Usé jusqu'à la corde, le carême moribond, pâlies, presqu' éteintes, les couleurs des icônes et des vieilles statues qui témoignent encore de la foi chrétienne. Zététistes et athées ont raison d'ironiser sur le déclin de la bondieuserie catholique, l'Arche de Noë, aujourd'hui, aurait des allures de pédalo. A ceux qui sont en quête spirituelle, des religions plus fortes, plus vigoureuses, remastérisées, tendent les bras. N'en déplaise aux curés, les mœurs évoluent, même les celles de leurs ouailles. N'attendons pas que les sempiternels crucifix tombent tout seuls des murs, balayons tout cela, les chrétiens passés ont fait beaucoup de mal, l’Église a soutenu, et soutient encore tant de régimes corrompus jusqu'au trognon... Elle faiblit, mais il ne faut pas la laisser renaitre de ses cendres.
SupprimerIl faut laisser à tous le choix de croire ou de ne pas croire, surtout! Et donc de croire ce qu'il veut:-))
SupprimerJuan, pourquoi as-tu exporté tes trolls islamophobes chez moi?
RépondreSupprimerJe viens de refuser un commentaire hors sujet et stupide, qui plus est...
Si tu me lis, je plaisante, heureusement nos lecteurs communs sont globalement de très bonne qualité!
SupprimerJe trouve tes billets toujours instructifs. Pour celui ci, je me pose une question. Tu dis qu'il est plus difficile de se "défaire" de sa culture que de sa religion (je résume). Alors comment se fait-il que les gens soient aussi attachés aux dimanches comme jour de repos, aux vacances scolaires en fonction des dates de fêtes religieuses et autres "détails" qui sont dans notre vie quotidienne mais qui se rapportent à la religion ?
RépondreSupprimerIl y a toujours eu une semaine de 7 jours avec un jour de repos, la division en 7 vient du calendrier lunaire.Beaucoup de nos jours ont des noms hérités de divinités païennes: Mars pour le mardi, jeudi pour Junon, etc...Dans toutes les cultures il y a un jour de repos.Les anglo-saxons ont le dimanche, le jour du soleil: Sunday. Il y a fort à parier que nos cultures celtes avaient ce jour-là comme non travaillé, consacré aux prières vers le soleil. L'Eglise s'est glissé dans ces coutumes pour se rendre indispensable.
SupprimerChez les romains et les païens, il y a toujours eu des vacances de printemps.
On a là-aussi glissé dans une coutume païenne une coutume chrétienne: Le Lapin, les Oeufs, cohabitent avec les Cloches de Pâques dans les pays européens. Par exemple, en Suisse, on vend des oeufs avec des fleurs, on décore avec des parterres verts et fleuris.
Cela est devenu des habitudes auxquelles on tient.
Les grandes vacances correspondent aux moments les plus chauds. Elles différent selon l'endroit où on est: la Métropole ou l'Outremer.
Il y a eu une imprégnation chrétienne qui a duré des centaines d'années, se glissant volontairement dans tous les moments de la vie, afin de rendre l’Église Catholique indispensable. L’Église a envahi notre culture, pas le contraire.
Un exemple de non pérennité de ces habitudes:
Noël, qui vient du Nawel, une fête païenne où l'on célébrait la découverte d'un enfant miraculeux trouvé dans une grotte au solstice d'hiver, dans un panier rempli de paille, symbolisant le retour de la vie: on se faisait des cadeaux à cette occasion.
L’Église a déplacé la naissance de Jésus à cette date.
La fête de la Nativité est devenu aussi Noël.
Chez les catholiques très pratiquants, la fête consiste en la messe de Minuit, pas de sapin, juste une crèche et on n'échange que des vêtements.
Chez les pauvres, au début du siècle, la coutume voulait qu'on ait une orange dans son soulier, un produit de "luxe".
Ce n'est plus le cas dans nos familles:le sapin, les cadeaux avec les jouets ont envahi tous les foyers. Le Père Noël, popularisé par Coca-Cola, est partout présent, au lieu du Petit Jésus que l'on retrouve simplement parfois dans des chocolats.
"Noël, qui vient du Nawel, une fête païenne où l'on célébrait la découverte d'un enfant miraculeux trouvé dans une grotte au solstice d'hiver, dans un panier rempli de paille, symbolisant le retour de la vie: on se faisait des cadeaux à cette occasion."
RépondreSupprimerC'est la première fois que j'entends parler de cette coutume !
C'est très intéressant. D'où tenez-vous cela ?
C'était le nom du bébé: Naouel ou Nawel. Par contre, je tiens cela de mes années réelles (contrairement à d'autres mythomanes sur la toile) à l'Université car j'avais un module sur l'histoire des débuts du judaïsme et de la chrétienté et un autre sur les mythes et légendes ramenées à l'Histoire.
SupprimerMon professeur était une disciple de Jacqueline de Romilly.
J'ai fait un travail sous forme d'exposé sur Dionysos, que l'on adorait sous la forme d'un bébé aussi mais là, le rite était beaucoup plus barbare, pourtant il était aussi symbolisé par un bébé dans un panier.
Pour vous donner la référence, je vais chercher mais je crains qu'il faille aller dans une bibliothèque universitaire, ce qui m'est impossible.
On a fait le lien avec le dénommé Niklas, ensuite, une personne originaire d'Irak, qui sauva des enfants, que l'on retrouve plus tard sous le nom de Saint Nicolas et qui, lui, est très important pour les orthodoxes.
Merci. J'ai essayé de trouver quelque chose là-dessus sur le Net, mais je n'ai obtenu qu'une vague piste où il est question du culte de Mithra et d'un enfant surgi directement du roc de la grotte. Je n'ai pas fait d'études d'histoire, aussi je ne savais rien de la véritable origine de Noël, je croyais bêtement qu'on avait plaqué cette fête religieuse sur les fêtes du solstice.
RépondreSupprimerComme quoi, la véritable culture n'est pas à portée d'un clic, vous l'illustrez très bien.
Je crois qu'il y a un ensemble de tout: par exemple, Hanouka, la fête juive, est à rapprocher de la coutume égyptienne de la fin de l'année où on allumait des bougies.
SupprimerD'ailleurs, certains pensent que Moïse sauvé des eaux dans un panier est la reprise d'une vieille légende mésopotamienne à rapprocher du culte du bébé symbolisant la reprise de la vie.
Tout semble lié dans les mythes et légendes et les religions les reprennent fréquemment.
Il y a même reprise de certains faits de l'Islam et du christianisme dans la symbolique juive. Cela se fait aussi à postériori.
Pour la culture, cela fait un moment que je défend cette thèse basée sur des faits: le net nous donne l'illusion du savoir" tout mâché", tout "fait", il suffirait de recopier bêtement. Non seulement c'est illusoire mais en plus c'est rhétorique et asphyxiant pour l'intelligence.
la culture "mac-do" du prêt à emporter...
Une culture chasse l'autre ! Ou encore, une culture peut en cacher une autre !
RépondreSupprimerOui j'aime assez votre ouverture dans votre commentaire en réponse à Oulianov : "Non seulement c'est illusoire mais en plus c'est rhétorique et asphyxiant pour l'intelligence.
la culture "mac-do" du prêt à emporter..."
La culture "mac dos" en est une (de culture), c'est là tout le dilemme.
C'est pour cela, que quand quelqu'un nous dit, ici, ou ailleurs, que la culture française ce perd ... J'ai envie de dire lol !
Encore faudrait-il avoir des vraies notions de base de la culture française...Elle évolue, mais c'est normal aussi.
SupprimerComment dire...
SupprimerLa "culture macdo" n'est p'têt pas tout à fait au point mais en même temps, qui veut encore s'enchainer à un banc pour absorber des données ?
A part les étudiants de première médecine ?
Quand on as un cerveau de rechange plus performant sous le coude, pourquoi le refuser ?
Après, il est évidemment important de croiser les sources, d'en lire le plus possible selon différents angles...
On sait tout ça !
On nous l'a rabâché des années durant !
C'est tellement automatique qu'on oublie de le préciser(et j'ai failli ne pas l'écrire)
Je crois que c'est ça la fracture numérique.
Sven L.
C'est l'analyse qui manque trop souvent, oui.
SupprimerBien des gens oublient de croiser les données...
Rosa, il me semble qu'il n'y a pas de "vraies" notion de base de la culture française.
SupprimerElle n'a de cesse d'évoluait.
Elle est insaisissable => On peut l'appréhendée dans la durée, mais, la durée étant exigeante, cette dernière nous dépasse => Oui, la culture, c'est l'Histoire, mais du coup c'est de la rhétorique (au sens d'Averroès)!
Encore une fois, comme le dit Sven L. , à quoi bon ?
C'est vrai: les notions sont surtout historiques, et la culture évolue,sinon, elle meurt
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