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lundi 15 octobre 2012

L'antisémitisme instrumentalisé

Il n'y a rien de pire que de se servir d'une plaie, d'une maladie endémique qui revient régulièrement dans notre société, qu'est l'antisémitisme, pour s'en servir comme paravent afin de l'instrumentaliser à des fins nuisibles.

Il y a de nombreux exemples où on se sert de la dénonciation de l'antisémitisme, ou pourrait-on dire plus judicieusement, de la judéophobie, afin de cacher ses propres démons.

Notre société est encore fortement marquée par des tendances héritées de notre passé: la période de l'occupation allemande et des chasses meurtrières aux minorités dont la minorité religieuse juive, en vertu d'un antisémitisme hérité de l'histoire chrétienne, qui a abouti à des persécutions de la communauté juive tout au long de notre histoire.
Un exemple terrible: lors des croisades, les croisés pillaient quasi-systématiquement les quartiers juifs des villes européennes dans lesquelles ils passaient.
Philippe Le Bel s'attaque aux juifs après s'être attaqué aux Templiers pour renflouer son trésor.
Les juifs deviennent Français seulement à la Révolution, ils avaient auparavant un statut de paria qu'on taxait ou désignait à la colère  du peuple selon les besoins. 
Et je ne parle même pas de l'horreur de la Shoah... 
Il ne faut pas croire que l'antisémitisme ait des racines purement récentes liées à la situation de l'histoire contemporaine. Le mal est bien plus profond.

La communauté juive en France ne se limite pas au CRIF, elle est variée de par ses pratiques et ses origines. Elle a donné à la France des intellectuels, des scientifiques, des gens de valeur, qui n'ont pas tous comme but ultime la défense de l’État d'Israël coûte que coûte.
Affirmer cela est de l'antisémitisme. De Rony Brauman à BHL, de Daniel Goldberg à Jean-François Copé, la communauté juive renferme une variété incroyable d'hommes aux sensibilités diverses.

Ainsi, j'ai du mal à croire à la sincérité de ceux qui défendent la communauté juive en ne connaissant rien de cette formidable histoire et  variété.
J'ai du mal à croire que des gens puissent se dire contre l'antisémitisme et avoir des tendances islamophobes ou racistes héritées de la période coloniale.

Quand on est contre le racisme, on l'est contre tous.
Sinon, cela s'appelle se cacher, dissimuler son racisme en mettant en avant son combat contre l'antisémitisme afin de bien pouvoir persifler sur les dangers de l'islam.

Comme je le disais, l'antisémitisme est malheureusement très ancré dans notre histoire et revient en force très souvent, insidieusement.
Historiquement parlant, son histoire date des premiers temps du christianisme.
En cela, il faut le surveiller et le chasser.

Mais ce n'est pas la seule turpitude de notre société. 

En période de crise, se révèlent des tendances racistes d'exclusion très violentes, on cherche des boucs émissaires.
L'antisémitisme est tellement surveillé, heureusement, qu'il n'est pas possible de pouvoir clamer ce délit d'opinion sans que cela arrive vite sur la place publique et heureusement.

On cherche donc des dérivatifs: les plus aisés sont dans l'islamophobie et dans la chasse aux roms. Mais aussi dans l'homophobie, le sexisme et le racisme contre les Africains, puisqu'en plus, certains sont et noirs de peau, et musulmans.
Le rejet de ceux qui sont différents entraine vers ces populations des radicalisations.
On l'observe bien dans les associations homosexuelles dont le militantisme peut être très virulent, et je n'arrive pas à leur donner tort.
Comme je comprend les réactions fortes des féministes pures et dures, car le sexisme a aussi tendance à se cristalliser ces derniers temps.

Ainsi, il y a instrumentalisation d'une population donnée dans ses réactions qui sont à la hauteur de la violence à laquelle elle est confrontée. 
 
Cette violence ne devrait en aucun cas être concrétisée par la violence physique et des atteintes très graves aux personnes, cela est inacceptable  de la part de quiconque.

Ensuite, il y a, dans l' antisémitisme, clairement mélangé sciemment, la question du problème israélo-palestinien.
Il y a méconnaissance totale de ce dossier très sensible ici:
1-tous les juifs ne reconnaissent pas l'existence de l'Etat d'Israël
2-tous les juifs ne cautionnent pas les exactions du gouvernement israélien, des colons et de Tsahal, l'armée régulière qui occupe les territoires palestiniens, en l'absence de réelle reconnaissance d'un état palestinien au niveau de l'ONU.
3-tous les juifs ne sont pas israéliens
4- les israéliens sont confrontés aux mêmes différences d'opinion et de soutien que les juifs
5-il existe donc des personnes qui sont pro-sionistes et ne sont nullement juives.

Et pourtant, régulièrement, on amalgame la défense des palestiniens à l'antisémitisme.
Cela vient malheureusement aussi d'une fraction minoritaire juive qui est pro-sioniste et qui a un comportement pour le moins spécial...
 
Cet amalgame finit par faire glisser des personnes du soutien pro-palestinien à des déclarations antisémites, voire pire, malheureusement.
Cela se superpose souvent aussi dans le cas de français d'origine française à ce vieil antisémitisme obscurantiste. 
On arrive à des gens d'extrême-droite qui se mettent à défendre le droit des palestiniens tout en ayant des attitudes clairement antisémites et islamophobes. Ces contradictions ne les gênent pas, puisqu'en  "vertu" du droit des peuples chez eux, ils ne veulent pas de mélange mais le comportement n'en est pas moins abject que celui de vouloir importer le conflit israélo-palestinien ici, sous couvert de défense de la communauté juive ou de la défense des palestiniens chez eux.    

Car il y a, de la part d'une partie de la communauté juive très durement touchée et éprouvée à cause de siècles de persécution, un attachement à Israël comme dernier recours et refuge contre une possible persécution qui pourrait ressurgir.
Le fait est que certains juifs semble encore traumatisés et ne se sentent toujours pas en sécurité et admis comme citoyens à part entière dans leur pays de naissance, non pas à cause d'un antisémitisme déguisé en antisionisme, mais à cause des racines très profondes de l'antisémitisme européen dans leur histoire.
 Et cela n'en fait pas du tout des islamophobes de principe, bien au contraire.

A vouloir simplifier les choses et le sujet, tout ce qu'on arrivera à faire, c'est de faire grossir l'antisémitisme, ce qui est quand même un comble.

Il serait temps justement de chacun pouvoir faire la part des choses, de mieux connaitre cet autre qu'on prétend défendre ou accabler, de dépasser les préjugés et les tabous.

Donc oui, je suis pro palestinienne, contre le sionisme de colonisation et d'idéologie fascisante, mais cela ne fait pas de moi une antisémite, ni une judéophobe, bien au contraire.
 Car, moi, je n'ai jamais instrumentalisé  l'antisémitisme ou l'islamophobie, ou l'homophobie pour me dédouaner de mon racisme envers d'autres catégories, je  rejette et condamne ceux-ci en tant que plaie de l'humanité, comme tous les autres racismes. Et je reste persuadée que quand on est raciste virulent contre une composante de notre société, on ne peut pas devenir un" gentil agneau" quand il s'agit de défendre une autre catégorie.

Et la seule lutte contre ces amalgames est réellement d'apprendre à se connaitre et de pouvoir voir les gens comme des individus dont l'origine ou la religion n'en font pas des stéréotypes, ce sont des êtres humains, avec leur variété, leurs opinions souvent divergentes...bref ce qui fait de nous des individus à part entière. La connaissance de l'autre est le seul remède contre les préjugés et la peur qui anent au racisme.  
Les lois seules ne sont pas suffisantes.
Il faudrait donc pouvoir se rendre compte que la population française de religion juive n'est pas le schéma simpliste que les médias ou autres organisations nous présentent systématiquement...
Cela s'appelle dépasser ses préjugés.    
  

5 commentaires:

  1. Elie Arié10/15/2012

    Un autre problème: le développement du racisme oblige parfois l' Etat à prendre compte des "races" pour en limiter les dégâts:

    http://www.marianne.net/Deux-detenus-juifs-lynches-a-la-prison-de-Liancourt_a223453.html

    Réfléchissez bien à la fin de l'article: "Un nouveau transfert est prévu dans une prison «à la population plus mixte»"...L'administration pénitentiaire doit donc (en toute illégalité, je crois) comptabiliser les origines, les religions, les ethnies.

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    1. j'ai vu et je déplore ce qui s'est passé: par contre, il faut vraiment de la mixité, c'est clair

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    2. Mais ce n'est pas ce que dit le Courrier Picard...cela pose donc un autre problème
      http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Antisemitisme-a-la-prison-Pas-sur

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  2. En fait, les seuls à rejeter sont les adorateurs de l'Argent. Ils sont de toutes provenances, mais ce sont ceux qui vivent de l'opposition qu'ils créent artificiellement entre les êtres.

    Envers ceux-là, je n'hésite aucunement à manifester ma répugnance et mon rejet. Parmi eux, les politiciens et les affairistes. A éliminer.

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  3. Anonyme10/16/2012

    Ce ne serait malheureusement pas la première fois que des « attentats antisémites » s’avèrent n’être rien d’autre que des provocations pour entretenir la tension ou bien détourner l’attention. Depuis le rabbin à Lyon qui s’était agressé lui-même ou encore Marie, la passagère du RER qui avait inventé son histoire jusqu’aux jeunes du 20è arrondissement qui avaient tenté de maquiller en « agression antisémite » ce qui n’était qu’une guerre de gangs de dealers, la liste est longue…

    Fin juillet, la police toulousaine a démantelé un petit réseau d’activistes, dont plusieurs mineurs, qui s’employaient à inonder d’appels menaçants, injurieux et antisémites l’école fondamentaliste juive Ozar Hatorah de Toulouse, celle-là même où Mohammed Merah avait perpétré l’un de ses attentats en mars dernier.

    Curiosité qui a entraîné un désintérêt total des médias dès son annonce : le groupe, qui utilisait le site internet violvocal.com, avait été créé par Grégory Chelly, alias « Ulcan », responsable de la Ligue de défense juive et chef du commando qui avait saccagé la librairie pro palestinienne Résistances à Paris en juillet 2009.
    Gregory Chelly, le troll des forums, la poissonnière de « violvocal », encore plus con et plus ordurier que « Cortex » sur Youtube, dans tous les mauvais coups où l’entraine son cerveau dérangé…. ( faits et documents )

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