Utopie

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vendredi 11 janvier 2013

Le pays où on expulse des enfants de 5 ans et des mamies de 94

Cette semaine, deux évènements m'ont choqués particulièrement, parmi d'autres.
C'est vrai que les trois réfugiées kurdes abattues en plein Paris, malgré la surveillance des services français, c'est violent : cela ressemble à un polar noir international, sous fond de règlement de compte, d'eaux troubles et d'espionnage...mais c'est banalement sordide.

Ce qui m'a réellement heurté, c'est tout d'abord cette histoire d'une nonagénaire mise dehors de sa maison de retraite pour cause de non-paiement...C'est beau...la promptitude avec laquelle ces braves gestionnaires de la maison de retraite ont embarqué la vieille dame hors de l'institution pour s'en débarrasser comme d'un paquet. La mamie a fini son transfert dans un service hospitalier.

Oui, il est vrai que sa famille avait des retards de paiement...Comme les banques, tiens, qu'on a renfloué en 2008, avec de l'argent public qui a été emprunté, d'ailleurs...Comme Dexia, qui n'en finit pas de sombrer, et qui tient le coup, de manière bancale, avec de l'argent de deux gouvernements... Mais c'est pas pareil, non...

La vieille dame est toujours dans un hôpital privé, et le directeur de la firme à laquelle appartient la maison de retraite, a juré ses grands Dieux aux médias, faut bien ça pour se sortir péniblement d'une mauvaise réputation naissante, que ce n'était pas dans la pratique du groupe. Le groupe...On aurait dit un épisode d'une série américaine, où ce cher dollar est roi, face aux petits qui sont étranglés et mis au rebut, finissant dans la rue...
Sauf que c'est nous, via les impôts directs et indirects (petit rappel : les non-imposables paient la TVA), qui, à coup de subventions via la Sécu, faisons vivre aussi les maisons de retraites...On ferait bien de ne pas l'oublier...
Heureusement, les médias ont eu vent de l'affaire, et la machine s'est mise en route...Le directeur de la maison de retraite  a été suspendu le temps de l'enquête interne...La vieille dame est en relative bonne santé mais semble quand même perturbée...

Lien sur l'histoire ici

Pendant que nos patrons du MEDEF pleurent sur la flexibilité de l'emploi comme le Graal, se prenant pour les Chevaliers de la table ronde et les méchants syndicats, le gouvernement ayant le rôle de Mordred, Viviane et les gobelins...héroïc fantaisy d'un certain libéralisme...mais on va y revenir en conclusion...

Un petit bouchon de 5 ans s'est faite sortir de la cantine où elle mangeait tranquillement par une policière municipale afin d'être conduite, les avis divergent selon les médias et la presse écrite ne confirme pas clairement, soit au commissariat, soit selon le Maire, à la mairie, où elle aurait continué son repas...

Le fait est qu'elle était gentiment installée avec ses petits camarades, que certains ont cru qu'elle allait en prison, on vous laisse imaginer le tableau et les traumatismes, et surtout comment la petite va être perçue ensuite, ainsi que le degré de confiance envers la fonctionnaire de police que vont lui accorder les enfants...

D'après les infos, disponibles à la télévision et sur le net, les parents se sont séparés. Il y aurait un contentieux de 170 euros seulement...Quand on se rappelle les millions que l'Etat français a investi en 2008 pour compenser les placements pourris et les spéculations imbéciles de nos banques... sans intérêts, un cadeau généreux de Christine Lagarde,entre autres...
La Mairie aurait donc averti la maman de venir chercher sa fille à midi, puisqu'on ne l'accepterait plus à la cantine, bien entendu, sans savoir si elle avait trouvé une éventuelle solution de remplacement, et le père? On ne sait rien.

Puis ces braves administrateurs ont jugé que la petite avait été abandonnée, et que donc, personne n'était venue, donc il fallait la conduire là où les enfants "délaissés" devraient se trouver selon une procédure abracadabrantesque.

On vous rappelle juste : si un personne ne vient chercher un enfant, l'école garde celui-ci le plus possible, puis se tourne vers les services sociaux, seuls habilités à gérer la chose. Les parents n'étaient pas perdus de vue, aux abonnés absents, à 18h30, un des deux responsables parental semble ne pas avoir réglé une partie de la cantine. Ce vendredi, on apprend, en plus, que le père était en train de s'en occuper, voire aurait payé antérieurement la note.

La note: ça, elle est salée, la note, dans un pays comme le nôtre, qui se targue d'être une grande démocratie.
Etonnant quand même que personne, à la cantine ne se soit élevé contre l'expulsion de la petite...une atonie, un immobilisme inquiétant. La policière municipale n'a pas écouté sa conscience et a agi mécaniquement, comme un robot. Non, vous n'êtes pas dans un remake de 1984, de Georges Orwell, vous êtes en 2013, en France...

liens et réactions:
La Croix
RMC
Le Figaro

Pour mémoire, je rappelle que Dexia est un organisme financier chargé principalement de gérer l'argent des collectivités locales, que chacun s'accuse mutuellement de mauvaise gestion, que, d'ailleurs, en passant, Dexia est allé placer les dividendes de ses clients dans la construction de colonies israéliennes (sans parler de notion d'éthique, on comprend mal ce qu'ils sont allés faire aussi loin). Je résume: les collectivités locales sont payées par nos impôts, la gestion de certaines a été catastrophique, et on va tranquillement appuyer sur des paiements ou impayés de cantine en rendant responsable les parents en se servant des enfants...mais où va-t-on, là?
Vous rajoutez à cela la fuite des jeunes talents hors de France qui s'accentue, les pseudos-libéraux qui n'attribuent cela qu'à une France trop immobile sans analyser exactement les raisons de l'hémorragie des entrepreneurs, le MEDEF qui veut imposer les CDD précaires sans garantie de sécurité pour les employés, voulant faire peser cela sur le dos des petites et moyennes entreprises, qui ont d'ailleurs claqué la porte des négociations hier...

On va reprendre et vous comprendrez pourquoi on se fiche un peu, beaucoup, de nous. Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas donner plus de libertés aux entrepreneurs et créateurs, mais pourquoi ne le fait-on pas intelligemment, comme dans d'autres pays?
On veut nous imposer la règle du CDD comme majoritaire: comment fait-on alors pour emprunter, avoir un crédit sur l'immobilier ou sur une nouvelle voiture? C'est impossible. La seule manière est d'économiser, de remplir un livret. On bloque donc toute relance de ces secteurs, les employés en CDD achètent leurs voiture cash, d'occasion, et ne peuvent accéder à la propriété, puisqu'ils épargnent, ils ne consomment pas trop...le serpent se mord la queue, simplement.
On arrive donc dans la situation d'un pays fragilisé, dont l'économie bancaire est gelée, qui doit augmenter, mais pas trop ses services à des clients qui ne peuvent de toute façon plus emprunter, et quelle est la solution pour les banques, afin de tourner? Les placements financiers...avec la gangrène de la dématérialisation.
Pendant ce temps, l'immobilier continue sa chute, les ventes de voiture neuve s'effondrent.

Et on expulse les enfants et les mamies...

Mais tout va bien puisque le patronat vient d'accepter une taxation des CDD...petit trait d'humour en passant...le gouvernement semble faire ce qu'il peut. Mais tant qu'on n'aura pas pris conscience qu'il faudrait tout remettre sur la table en matière de politique économique intérieure, sur le marché du travail, qu'on n'examinera pas sans tabou toutes les possibilités de réforme, on risque bien de poser un cataplasme sur une jambe de bois...on finira par trouver normal d'exclure les plus faibles pour défaut de paiements, puisqu'on semble ne plus être capable, en France, d'innover dans une réelle politique économique et sociale. Ben oui, si on ne s'en prend pas aux plus faibles, à qui on s'en prend?

Au fait, ça veut dire quoi social? Depuis le temps qu'on l'oppose à économique, comme si c'était incompatible, ou qu'on l'assigne à une hérésie, on a presque oublié que ce mot existait et que l'économique nait du besoin social, et pas le contraire...

Image d'en-tête issue des archives d'une radio autonomiste corse, altafrequenza.com

13 commentaires:

  1. Baptiste N.1/11/2013

    Wahou ça dépote !!!


    "social[...]on a presque oublié que ce mot existait et que l'économique nait du besoin social, et pas le contraire..."


    Oui, sans aucun doute, MAIS comprenez, il faut bien monétisé le social de ceux qui n'en n'ont jamais assez, m'voyez ! ! !

    GG (Dicoblog ;) )

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    1. oui, bonsoir, Baptiste, il y a des colères saines

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  2. Clair net et précis :)

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  3. eh oui, lol, la gauche est au pouvoir mais ils poursuivent le Sarkozysme par d'autres moyens. Mais qu'est ce que vous croyiez ? Que Flamby était autre chose qu'un politicien ?

    Bon, plus sérieusement, au sujet de la retraitée , lisez plutôt cet article de Contrepoints Expulsons de la nonagénaire !

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    1. Je ne tiens pas Contrepoint en haute estime, désolée.
      En premier lieu, nous sommes en période hivernale, on n'a pas le droit d'expulser quelqu'un.
      En deuxième lieu, les services sociaux auraient du être alertés et une procédure d'expulsion aurait du être demandée au tribunal.
      La loi est là, il me semble.
      Ensuite, cette mamie était-elle responsable? Il me semble que non.
      Et pour terminer, ce billet énonce des faits et n'accuse personne. C'est trop facile d'accuser un gouvernement des maux de cette société, surtout quand Nicolas Sarkozy a contribué à l'état de gabegie intellectuelle dans laquelle on se trouve, de trouver normal, ce qui s'est passé, en vertus de quoi? du fait que c'est un établissement privé? Mais il bouffe aux mêmes râteliers de la sécu que les autres, vous êtes naïf, sans vouloir vous offenser?
      Le Directeur n'avait pas à se faire justice lui-même.Point.

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    2. Et juste pour précision: Sarkozy voulait démanteler le droit du travail, bien commencé par lui, c'est vrai.
      Je dis juste que ce que fait le gouvernement, bien que louable, n'est pas suffisant.
      Qu'il faudrait poser sur la table les propositions de tous, extrême-gauche et libérale compris.

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  4. Thomas1/12/2013

    La presse réagit vite, trop vite ! Voici une info qui ne sera pas aussi médiatisée ...
    http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/12/1534398-castanet-le-trouble-passe-du-pere-de-lea-expulsee-d-une-cantine-du-pays-basque.html

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    1. Depuis quand c'est à un enfant de 5 ans de payer, par une humiliation publique et une expulsion, les prétendus torts de son père? C'est ça, la justice, alors?
      Donc, si je comprends bien, la mairie se serait servie de la petite pour se venger d'un contentieux qu'elle a avec son père?
      C'est encore plus abject alors...j'espère que ce n'est pas ça!

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    2. Thomas1/12/2013

      Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. La gamine n'y peut rien si apparemment ses parents l'utilisent dans leurs "petites" magouilles ...
      Ils ne sont manifestement pas de bonne foi, et la mairie l'était peut-être.

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    3. Les faits sont là: qui a utilisé la petite au nez et au sus de tout le monde, en la faisant sortir par un membre des forces de l'ordre? Le père?
      Ce qui existe, c'est cela, les faits, une petite fille de 5 ans a été empêchée de manger et sortie du réfectoire par un adulte, le reste, c'est de la poésie d'adulte.
      Sinon, tant qu'on y est, pourquoi ne pas mettre une étoile rouge sur chaque enfant dont les parents seraient mauvais payeurs, avec le mention écrite : mes parents doivent de l'argent à la cantine?
      On s'arrête où?

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  5. Thomas1/12/2013

    Justement les faits sont là. Et pas comme ils ont été relatés ici ou ailleurs.
    Je trouve honteux qu'une gamine ait à subir ce type de fait, mais encore plus si ce sont ses parents qui en sont à l'origine. Par leur mauvaise foi, pas par leurs difficultés financières.
    Et je suis bien certain qu'il n'y aura pas de rectificatif dans la presse nationale.
    Mais je n'insiste pas.
    Au revoir
    Thomas

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    1. Justement, il y avait des moyens de faire autrement, si tel était le cas.
      Avant, je tiens à vous faire constater que votre point de vue est publié, non?
      Il y a la procédure légale judiciaire, par le biais d'huissier et de saisie sur salaire.
      Il y a les fonds de secours de solidarité régional à saisir, ce qu'aurait pu faire la mairie.
      Enfin, il y a le signalement aux services sociaux.
      Bonne journée

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