Utopie

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dimanche 10 novembre 2013

Que faisait votre famille en 1914 ?

Moi, je sais un peu : c'est une histoire que je raconte souvent à mes enfants, c'est important de savoir d'où on vient.

Mes arrières grands parents maternels étaient des paysans, des laborieux pieux, appartenant à cette espèce révolue qui a pourtant construit la France.
Mon grand-père maternel était déjà né depuis 1905. J'ai vu des médailles qui dataient de la première guerre, quand j'étais enfant, du coup, je croyais mon pépé plus vieux qu'il ne n'était. En fait, c'était mon arrière grand-père qui l'avait fait, cette sale guerre, sans doute pas au début, il était trop vieux pour cela. Il a du partir, en laissant ses cultures, laissant femme et enfants, vers une boucherie dont il revint.

Le père de ma grand-mère ne partit pas à la guerre. La famille était trop nombreuse, plus de 10 enfants. Et ils étaient tellement pauvres que ma grand-mère passa ses premières années dans la grange, pour toute chambre. Ma grand-mère naquit pendant cette guerre. Il leur fallut des années après pour que les 14 enfants puissent tous avoir leur chambre.

Du côté de mon père, l'ambiance n'était pas la même.
Le père de ma grand-mère était militaire de carrière, j'en ai déjà parlé avant. Je sais qu'il visita les Champs Elysées en 1914, il y avait un gobelet en argent avec la date et le lieu gravés dessus. Mon arrière grand père s'illustra avec bravoure dans la Guerre des Balkans en 1915,puis disparut jusqu'en 1918. Il ramena des tapis orientaux et des babioles de son voyage secret. Il me semble que ma grand-mère naquit après cette guerre.

Le grand-père de mon grand-père était ébéniste, j'en garde au fond de moi le goût du travail du bois, l'amour de l'odeur des copeaux, cette affection particulière pour les meubles anciens patinés car ce lien a subsisté dans la famille, mon papy était menuisier de formation.
Le père de mon grand-père termina capitaine au sortir de la grande Guerre. Mon grand-père naquit en 1916.

Ces destins croisés sont mes racines et mon histoire. Plus tard, les parents de ma grand-mère cachèrent des résistants dans leurs fermes.
Le grand-père de mon père vouait un culte à Pétain, le maréchal victorieux.
Tout cela dans la même famille.

Le mot de la fin par ma grand-mère:
"Quand les hommes rentrèrent du Front, c'était un soulagement car chacun avait un frère, un fils, un mari là-bas. C'était aussi dur pour ceux qui avaient perdu un homme, les champs, cela demandait des bras aussi. Aussi, chacun aida son voisin comme il pouvait, on envoyait la famille aider comme quand les hommes étaient à la guerre. L' après guerre fut difficile,pour tout le monde mais on croyait que cela serait la dernière, c'est ce que ma mère m'avait raconté.
On se réunissait souvent devant le monument aux morts, qui allongeait à la liste de 70 celle de 14 maintenant. On priait pour le repos de leur âmes.
On n'a pas su tout ce qui se disait à propos de l'armistice, au village, c'était égal tant que c'était fini. La guerre est une plaie, ma fille. Ceux qui revenaient n'en parlaient jamais, on voyait dans leurs yeux que c'était trop dur".

Et vous, que faisait votre famille en 14-18 ? Que racontez-vous à vos enfants?

Illustrations fournies par bing

3 commentaires:

  1. 1914. Quand la guerre a été déclarée, mon grand-père maternel était en train de faire son service, il lui restait 52 jours sur 3 ans. Encaserné dans la Meuse, il s'est retrouvé sur le front quelques heures avant la déclaration de guerre. Auparavant il avait eu l'occasion de présenter les armes, étant de faction, au président de la république (Poincaré) dont la maison de campagne jouxtait la caserne. Il a fait la guerre sans une égratignure, ayant accompli non 52 jours, mais 52 mois (démobilisé en 1919). Son frère a été mobilisé, et son régiment est parti défendre en Belgique. C'est là qu'il est tombé dès octobre 1914. Leurs parents étaient paysans.

    C'est pourquoi au retour de la guerre, mon grand-père a consolé la fiancée de son frère, et ils ont fini par se marier. Elle était la fille d'un menuisier-charpentier-ébéniste.

    Du côté de mon père je n'ai rien su : son propre père, paysan lui aussi, fut écrasé par une charrette pleine, les bœufs ayant été effrayés et étant partis alors qu'il était devant la roue. Mon père n'avait alors que 3 ans.

    Je n'ai jamais rien su des attaques, moi non plus. Autant mon grand-père s'étendait sur les moments de camaraderie entre les assauts, autant pour ceux-ci il n'en disait rien. Seul détail qu'il m'avait donné : juste avant, les officiers faisaient boire aux poilus de l'eau-de-vie dont il disait qu'elle devait être droguée.

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  2. Moi même je n'ai pas eu de réponse par mes parents. g rien a raconter c du vague et avec le temps personne comprendrait. Moi je sais sur l'ensemble de cette guerre m rien a dire a mes enfants. Si raconter l histoire avec ce que j'ai retenu.

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  3. Quand les anciens boivent un peu trop lors des réunions de famille, je vois les yeux se voiler et un échange étouffé de la réalité de la guerre non-officielle, celles des gueux, de la chair à canon : les officiers ordonnant de vider les chargeurs sur des camions vides de façon à ce qu'il n'y plus de défense quand les allemands arrivent, le régiment dont les balles n'allaient pas dans les fusils, les tondeurs dénonçant celles qui avaient refusé leurs avances, des hommes mieux traités en tant que prisonnier allemand par des gueux allemands que ce qu'ils ont jamais été traités par leurs patrons français, les arabes qui offraient gratuitement des verres d'eaux aux soldats assoiffés en sachant pertinemment que le lendemain ils auraient l'ordre de leur enlever un fils quand les bons "français" d’Algérie faisaient payer ce même verre d'eau à ces soldats venus se faire tuer pour leurs privilèges.
    Je viens d'une famille de gueux, qui n'a pas de nationalité, qui n'a pas de patrie, qui a servi et sert de chair à canon à l'élite se disputant des territoires et l’ordre de priorité pour les réunions internationales.

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