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mercredi 11 décembre 2013

Les grandes oreilles de l'article 13 ou le bonnet d'ânes numérique


En 2004, en Suisse, nous sommes mis au courant des écoutes téléphoniques que la Grande Bretagne aurait effectuées dans le bureau de Kofi Annan.  Tout l'ONU est passé au crible. On fait vaguement amende honorable.
En 2006, éclate le scandale des "Grandes Oreilles", un dispositif Suisse qui ressemble au fameux dispositif Échelon Américain. Le scandale passe, le nom reste.
En 2011, Claude Guéant, pris d'une frénésie sécuritaire, accumule fichiers sur fichiers, veut croiser les données, marque des renseignements inutiles, non fiables et douteux d'un point de vue du résultat, et on s'aperçoit que les fichiers sont revendus à des privés, en plus. Surtout, tout ça coûte très cher, la tentation de sous-traiter à des privés, les locaux construits à cet objet etc...

Et maintenant, en 2013?
Wikealeaks, Snowden, sont passés par là.
On a donc rendu le débat plus public.

On sait qu'on est fiché de toutes parts. Très souvent à des visées commerciales, c'est aussi à des visées dites sécuritaires. C'est surtout coûteux, inefficace et dangereux.

Voilà ce qu'écrit le Juge Anti terroriste Treividic sur le sujet:

«Imaginons aujourd'hui Adolf Hitler qui disposerait de cet outil. Il saurait qui est communiste, homosexuel, juif et serait capable de dresser des listings pour les chambres à gaz», déclare dans cet entretien Marc Trévidic, qui est aussi président de l'Association française des magistrats instructeurs, avant d'ajouter: «On croit finalement que la démocratie est quelque chose d'acquis, que ce soit aux États-Unis ou en France. Non, ce n'est jamais acquis.»
«Je ne vois pas comment on peut exploiter une telle matière (...). C'est toujours par mots clef que ça marche (..) dans les pays musulmans ou en Europe, cela représente un tel nombre de cibles possibles que je ne vois pas ce qu'on peut en tirer», dit-il, avant de défendre les méthodes plus «traditionnelles» comme l'infiltration.
«Qu'un État étranger, en l’occurrence les États-Unis, vienne nous dire "on vous surveille pour votre bien" (...) c'est le discours du Big Brother absolu», ajoute-t-il, avant de dénoncer un «paternalisme totalitaire».

«Les captations de données sur le territoire français sont une infraction à la loi pénale», souligne-t-il, en estimant que cette surveillance sert «d'alibi» à l’État américain, qui, au nom de la lutte antiterroriste, obtient du Congrès les «crédits nécessaires à cette surveillance généralisée». «Une fois que vous disposez de l'outil de surveillance globale, vous en faites ce que vous voulez», ajoute-t-il, jugeant qu'«il est sans doute effectivement utilisé à d'autres fins».

On voit donc que cela ne sert à rien, quand on se place du point de vue de la France, espionnée par les USA. Mais qu'en est-il de la France qui s'espionne? Entre parenthèses, j'ai lu que certains défenseurs de la loi pensent sincèrement et le disent que la loi régularise un état de fait. Si vous revenez à l'exemple de l'ex-ministre de l'Intérieur, Claude Guéant a avalisé un système qui se servait de données Facebook, par exemple, pour ficher les éventuels délinquants récidivistes...

 Or, la loi de surveillance d'Internet, le fameux article 13, qui vient d'être votée hier, entre l'enterrement de Mandela et la journée des droits de l'homme...sic...qui rend tant de personnes énervées, et je comprends tout à fait, vise à nous faire dépenser une fortune pour encore plus de fichiers, d'écoutes et bien entendu : stockage (donc dépenses afin de construire les bâtiments ad-hoc), personnel en plus (alors qu'on dit qu'il faut une rigueur budgétaire) et surtout traitement d'une information dont la NSA admet elle-même qu'elle est inefficace et surtout impossible à réaliser.
On dirait des drogués qui savent qu'ils se foutent en l'air mais qui ne peuvent s'empêcher de sniffer...toujours plus.
Et qui va payer tout ça? Et qui va avoir son budget resserré, la santé, l'éducation, le logement?
C'est la première chose qui me saute à la gueule: ça, pour faire des dépenses stupides, ça y va, quand il s'agit d'aider ceux qui sont dans la mouise, ben, il n'y a plus personne.

Deuxième chose, pourquoi le MEDEF n'est pas d'accord avec cette loi? Ce n'est pas parce que c'est un repaire de pédophiles et de drogués, non, c'est en premier lieu une question d'économie. Les entreprises européennes étaient contentes de l'aubaine du scandale de la NSA, afin d'attirer des entreprises mondiales en leur vantant la fiabilité de leurs services de cloud sécurisé. Ben là, c'est raté. On va avoir du mal à leur dire, venez chez nous, vous serez espionnés par les Français, c'est plus classe et c'est la french touch...
Ensuite, ces données, on va sans doute les vendre, les utiliser hors du cadre qui a été fixé, et c'est de la concurrence déloyale...la corruption, c'est monnaie courante, partout et aucun système informatique n'en garantit vraiment la protection.
Ben, oui, toutes ces données qui sont exploitables commercialement, c'est quand même tentant. Vu que ça a été fait avant, pourquoi cela ne continuerait pas?

Et quand à faire dans l'utilisation, qui va empêcher les fonctionnaires au gouvernement de traiter ces rapports, ces données, afin de savoir ce que dit la "vox populi", et d'ainsi promettre au plus grand nombre ce qu'on croit qu'il veut en se basant sur lesdites données? J'ai dit promettre, pas réaliser, les promesses, on sait ce que ça donne très souvent. Quel meilleur moyen de manipuler les gens peut-on trouver qu'un fichier de données sur eux-mêmes?

Et quand à faire dans l'absurde, je ne parlerai même pas des piratages qui pourront être faits, des manipulations sur ces données afin de les fausser, en submergeant de mots clés les serveurs avec des adresses mails bidon, des adresses IP trafiquées, car il est vrai que les terroristes, mafieux et autres méchants n'ont pas les moyens de se payer les meilleurs hackers du moment. Faut dire que eux, ils n'ont pas de comptes à rendre sur leur budget à la Commission Européenne...

Il y a des fois où on se demande qui nous gouverne vraiment...et si les obsessions des grandes oreilles ne cachent pas des bonnets d'ânes, sans vouloir manquer de respect à quiconque, bien entendu.

 

Liens sur le sujet dans les blogs amis:

Chez Nicolas : Article 13 et 13 bis
Chez Romain Blachier
Chez Fred Camino

source de l'image ici:







5 commentaires:

  1. Mais il n'y aura pas "d'écoute" systématique, juste la possibilité de vérifier les archives faites par les FAI...

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    1. J'aimerais te croire, quand je vois ce que Guéant a fait, j'ai beaucoup moins confiance en l'être humain et dans les fonctionnaires zélés.

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  2. La solution, car il y en a une, c'est se grouper entre hackers, et ajouter des dizaines de milliers de citoyens bidons dans les tuyaux du Web, avec des personnalités fictives et aléatoires. Il suffit de créer des bots, ces batteries d'ordinateurs infectés servant de retransmetteurs passifs après avoir été piégés par des virus. Les bots peuvent même être synchronisés, au point de jeter la pagaille partout en même temps et de rendre très difficile une remontée à la source de l'infection.

    Dans ce cas, l'État aura jeté l'argent par les fenêtres, et si des fonctionnaires indélicats ou autorisés revendent les fichiers collectés, tant pis pour les acheteurs ! Il n'empêche, c'est encore la meilleure façon pour les citoyens malins de se défaire de Big Brother : en l'aveuglant de données bidon.

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  3. franchement, tres surpris que la gauche française puisse valider un tel recul des libertés !

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    1. Quelle gauche française ? J'espère que vous ne parlez pas de la majorité soc-dem actuelle, vaguement centre droite....

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