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jeudi 16 août 2012

Droit des femmes dans le monde : idées reçues et état catastrophique

Selon un rapport des Nations Unies de 2011, le constat est accablant et aucun continent n'échappe à la dure réalité...

Si on regarde les chiffres attentivement sur la violence sexuelle et physique, ceux dont j'ai pu me procurer le détail, on arrive dans des pays à une généralisation de celle-ci dans des proportions très inquiétantes:
Le trio de tête est le suivant, si on prend le pourcentage de femmes ayant subi des violences sexuelles ou physiques durant toute leur vie:

1. Samoa:   75,8%
2. Kiribati:  73%
3. Ouganda:70,4% 

Pour ce qui est du premier rapport sexuel forcé:
1. Bangladesh: 27% (moyenne ville-campagne)
2. Ouganda:     24%
3. Kiribati:       20% 

Pour ce qui est de la violence physique exercée par le partenaire durant toute la vie:
1. Kiribati:                                                60%
2. République Démocratique du Congo: 56,9%
3. Ouganda et Bangladesh:                      48,7%
4. Ethiopie:                                               48%

J'ai mis ici 4 pays car les chiffres sont issus de l'OMS et de l'EDS, selon l'OMS, le Bangladesh a des chiffres plus proches de 40% mais c'est quand même énorme.

A titre de comparaison: La France et la Norvège
A, zut...zut de chez zut, il n'y a pas les chiffres...pas assez de comparaison.

Je vais donc prendre la Suisse, le Danemark et la République Tchèque.
Violences sexuelles ou physiques durant toute la vie:
Suisse:                         39%
République Tchèque:  58%
Danemark:                  50%

Pour le premier rapport sexuel forcé, seul le japon donne un chiffre de 0,4% dans les pays dit "développés"....

Pour les violences physiques exercées durant toute la vie:
Suisse:                        9%
République Tchèque:35%
Danemark:                20%


Ces chiffres ne tiennent pas compte des violences morales, ni du harcèlement. Le Danemark peut être classé à part, si on estime que la société danoise a une mesure des violences différentes et donc fait preuve de plus de sensibilité à celle-ci. Néanmoins, c'est la réponse que les femmes ont donné.
Les USA n'ont pas participé à cette enquête qui se base sur plusieurs années et organismes de références.

Pour faire une petite analyse, les Kiribati sont un état insulaire d'Océanie, comme Samoa. La dominance religieuse y est chrétienne à 96%. 100% des Samoans sont chrétiens. Les Ougandais sont chrétiens à 85%. En Ethiopie, 62,3% sont chrétiens. Pour la RDC, 96, 2 % des congolais sont chrétiens.
Nous n'avons donc dans les trios de tête, qu'un pays, le Bangladesh. à dominance musulmane.

Si on reprend un état musulman dans l'Océan Indien, les Maldives, les chiffres sont les suivants:
- les violences sexuelles ou autre durant toute la vie: 28,4% 
- premier rapport sexuel forcé: 3,2%,
- violence physique exercée par le partenaire la vie durant: 17,9%.

Source:
Données sur la prévalence de la violence contre les femmes : Études par paysCompilation réalisée par ONU Femmes (mars 2011)

Vous pouvez approfondir le sujet des droits des femmes dans le monde avec ce lien sur le Rapport d'Amnesty International. Tous les types de pays, y compris les USA (pays "développé") sont épinglés dans le rapport.

Maintenant, si on regarde le classement des pays du G20 en fonction du droit des femmes à vivre librement, travailler et s'épanouir...
Le Canada arrive à la première place, suivi par l'Allemagne et l'Angleterre, la France arrivant en 5ème position, juste avant les USA.
Le trio des mauvais élèves: Inde à la dernière place, suivie par l'Arabie Saoudite(on s'en doutait), puis l'Indonésie, l'Afrique du Sud et le Mexique.

Ce classement ne tient pas compte des vexations sexistes dues au comportement sociétal, ni de la distribution des tâches ménagères.

Je mets aussi en lien le classement du World Economic Forum, organisation privée ayant son siège en Suisse.
C'est là qu'on trouve la France à la 46ème position en 2010. Ce classement prend en compte le nombre de femmes politiques, l'égalité salariale...
Même les USA sont 19ème ...
Islande, Norvège, Finlande et Suède se partagent la tête du classement.
Et pourtant, ici, l'Ouganda se retrouve 33ème....

En conclusion, je pense honnêtement que le poids des traditions, de la culture, ou de la destruction de celle-ci par un facteur extérieur(comme le colonialisme par exemple) sont effectivement des faits expliquant la fragilité des droits de femmes dans beaucoup de pays dans le monde, et on peut effectivement parler de la pauvreté, de l'analphabétisation, et des guerres comme situation aggravante.
A part certains pays très peu nombreux, on peut dire que la situation des femmes dans le monde n'est guère enviable.
Il n'y a pas de facteur proprement religieux, en impliquant une religion plus qu'une autre, dans cet état de notre Monde.
Si on se réfère aux chiffres du premier rapport, on remarque même que les pays développés ne sont pas épargnés par les violences faites aux femmes, et que, même, il y a eu refus de communiquer certains chiffres dans la plupart des pays européens. C'est donc encore un tabou.
Il serait néanmoins intéressant de voir une étude sur les violences physiques et sexuelles faites aux hommes, à titre de comparaison mais je n'ai trouvé que des rapports très régionaux comme celui au Cameroun fait par le CRED, un organisme habilité auprès des Nations Unies:
Par exemple, on trouve 27,4% de violences physiques faites par des femmes, 17,48% de violences sexuelles.

Donc la question est loin d'être résolue, et les féministes ont raison de s'impliquer dans ce combat, avec leurs sensibilités et leurs objectifs, surtout si on revient sur le sujet de la France, un pays aussi "évolué" que le nôtre peut-il tolérer les violences quand elles sont associées aux inégalités sociales encore  bien présentes en 2012?

6 commentaires:

  1. Très intéressant ton billet et dramatiquement accablant!
    Mais j'ai de plus en plus de difficultés avec les expressions que tu emploies souvent comme "évolué" ou "arriérés" (cf. hier dans les commentaires de ton billet sur les Tunisiennes)...
    Je sais qu'il ne s'agit-là que de remarques de forme hein... Alors y a pas de mal hein!
    Et puis finalement, on a envie d'en savoir plus, particulièrement sur cette notion de "violence". Aurais-tu un site à conseiller pour savoir où commence la violence selon les pays?

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    1. arriérés, c'était sans mal, c'est comme ça que des personnes d'Algérie appellent ceux qui sont trop rétrogrades. Ils disent même des chaoui ou des blédards (souvent cela peut être péjoratif).Pas de mal donc mais je vais faire gaffe.
      Evolué: Il y a les guillements, parce que je suis persuadée qu'il n'y a pas de pays plus évolué dans un sens mélioratif, et donc c'était de l'humour, c'est tout, disons que certains français sont chauvins un peu trop....
      Je pense que tu devrais voir le site ONU Femmes, d'où j'ai extrait ce rapport.
      Sinon, c'est malheureusement assez difficile d'en savoir plus.
      On doit effectivement tenir compte du ressenti de la violence selon les pays.
      Par contre, suite à ce rapport, le gouvernement de Kiribati a engagé une grande réflexion pour lutter contre ces exactions.
      Et tous les pays interrogés sont volontaires théoriquement pour mettre en place un programme international de lutte contre les violences faites aux femmes.

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  2. Oulianov8/16/2012

    Ce billet m’attriste profondément. A quand la parution d’un véritable « livre blanc » sur le sort réservé aux femmes de par le monde ? Combien, rouées de coups dans nos pays « civilisés » sont retrouvées gisant sur le carrelage ? Qui réparera jamais les dommages faits au bébé prématuré né avant terme suite à des coups ainsi qu'à sa mère ? Passez-moi le vulgaire de la métaphore, mais ce n’est pas le sanibroyeur de l’idéologie dominante qui nous fera oublier la merde dans laquelle nous nous trouvons plongés ! Pour lutter efficacement contre ce fléau, il faudrait des fonds. Je sais que la situation laissée par le « monarque » précédent rend difficile un financement mais il doit bien être possible d’économiser sur certaines dépenses afin de constituer une cagnotte budgétaire qui permette de lutter contre les violences faites aux femmes. Serais-je trop optimiste ?

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    1. C'est bien pour cela que Najat Vallaud-Belkacem a un ministère pour lutter contre le sexisme et j'avoue qu'après avoir réétudié le sujet avec ce billet, j'ai compris pourquoi ce ministère n'est pas inutile...
      On en revient à la même problématique: il faut débloquer des fonds partout, oui...

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  3. Très contente que tu es fait un article là-dessus rosaelle :) En fait, nous sommes très peu de femmes au monde à n'avoir jamais été victime de violences. La majorité en a subies.

    Par contre les chiffres de violences envers les hommes de la part de femmes au Cameroun (?) me paraît complètement fantaisiste. Violences sexuelles qui plus est ?
    Le phénomène de la violence féminine envers les hommes est tellement dérisoire que je me demande si cela a seulement de l'intérêt d'en parler.
    Ensuite, il y a violence et violence. En Norvège, une femme qui se fait traiter de "pute" est considérée comme ayant subi une violence. En Égypte c'est seulement si elle a été excisée, peut-être bien.
    Pourtant ces deux violences n'ont en rien la même portée sur la vie de la victime.

    Dansles pays scandinaves, il y a des femmes qui subissent des violences, certes, mais il n'y a pas de pratiques mutilatoires, de mariages forcés, de crémation d'épouses désobéissantes et de meurtre de foetus féminin contre la volonté de la mère, ni bien entendu d'injonction à se voiler les cheveux avec le bas du visage ou sans voire tout le visage et le corps.

    Les chiffres ont l'inconvénient de ne pas dire grand chose sur les faits.

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    Réponses
    1. Je pense qu'il faut toujours examiner les deux côtés d'un sujet, si on ne veut pas être parti pris.
      Une société qui développe de la violence en développe partout, les premières victimes en sont les plus faibles physiquement parlant, les plus vulnérables. On peut quand même faire une comparaison, pour remettre les choses dans leur contexte.
      Les chiffres sont au moins un bon début.
      Après, de toute façon, la violence faite aux femmes est encore un tabou, il me semble

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