Utopie

L'utopie n'est pas un luxe, c'est une nécessité.

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mercredi 30 janvier 2013

Liberté, Liberté Chérie

Je suis dans une position particulière, de par ma vie. Je connais nombre d'expatriés ou de personnes qui passent leur vie en jet lag, certains sont des employés, d'autres sont des personnes qui sont parties de leur pays par choix, mais j'ai rencontré en définitive peu de salauds et d'enfoirés, des égoïstes qui ne penseraient que par eux et pour eux. J'ai rencontré peu d'escrocs qui auraient fui le fisc français.
C'est vrai qu'il y en a, des sales types de ce style mais somme toute très peu.
Je vis aujourd'hui dans une région qui compte énormément d'étrangers, c'est vrai. La Haute-Savoie est une terre d'immigration. Mais quand on voit les statistiques, le plus grand nombre d'étrangers est Suisse, suivi par les Italiens. Nos voisins Suisse fuient les prix exorbitants des loyers, les entraves de leur pays à la propriété, ce faisant, notre région est une des régions les plus tendues en matière de prix à l'immobilier, le moindre studio se négocie à des tarifs exorbitants.

Beaucoup de nos jeunes sont donc tentés de partir.
C'est pour cela que le billet de Jadéique est rentré en résonnance avec ma pensée.
Je ne suis ni d'un parti ni d'un autre. Voir ceux qui s'expatrient se faire vilipender, cela ne m'amuse pas, bien que je le comprenne, oui je le comprend car cela est vécu comme une trahison par ceux qui le dénoncent. Mais je comprends aussi les motifs de cet exil. Tous, ceux qui sont partis, ont néanmoins au cœur une blessure, celle d'avoir quitté son pays comme on a quitté sa famille.Pour eux, c'est vécu comme un déchirement.

Et beaucoup reprochent à la France, en tant qu'Etat, que structure et gouvernement, son immobilisme, de droite comme de gauche, son passéisme, ses entraves à la liberté.
Quand on sort de sa petite vision étriquée par les médias hexagonaux, on se rend vite compte que celle-ci ne veut plus rien dire, qu'elle est artificielle, qu'elle est déformée.
On se rend vite compte, comme le dit Geneviève Lecoeur, que nous sommes de moins en moins libres.

Certes, on aurait l'impression du contraire, qu'une certaine parole se serait libéralisée, que les expressions racistes se sont libérées, ce qui est, hélas, vrai. Mais on ne libère pas vraiment la parole, toutes les paroles.
Quand un Rioufol exprime sans fards et en toute liberté sa théorie xénophobe du choc des civilisations, bien bushiste, et bien dans l'air du temps, on ne choisit personne pour lui répondre de manière argumentée, qui réduise à néant ce qu'on peut appeler une fumisterie populiste. Il parle, bien à l'abri derrière son statut d'éditorialiste blogueur du Figaro et de sondages qui laisseraient à penser que nous, le peuple français serions de gros racistes.

A l'inverse, lorsqu'on essaie simplement de rétablir la vérité, celle des faits, sur des sujets sensibles, comme on dit pudiquement, afin de cacher ceux que la Police de la Pensée prohibe, soit le développement larvée de l'islamophobie, la tentation ostraciste, de mise à l'écart des pauvres, qu'ils soient Roms ou bien français, les critiques pleuvent. Si on a le malheur de parler en toute objectivité des exactions de l'Etat d'Israël, on se jette sur vous à plusieurs. Trop de personnes, beaucoup trop, sont tétanisés par la peur de passer pour antisémites, alors que critiquer les politiques israéliennes (en contradiction avec les droits de l'homme ) n'a rien à voir avec l'antisémitisme, et encore moins la judéophobie. Il n'y a aucune liberté d'expression sur trop de sujets, et cela ne s'arrête pas à l'expression écrite ou orale.

On a interdit la cigarette dans tous les lieux publics, sans exception ou aménagement de toute sorte, en marchant sur la liberté des fumeurs. On ne peut plus boire une bière dans la rue sans être suspecté d'alcoolisme et de délinquance potentielle (pour mémoire, je ne bois jamais une goutte d'alcool). Dans certaines villes l'été, les touristes sont priés de ne pas se promener en maillot de bain, dès qu'ils sortent de la plage. Les seins nus commencent à être prohibés sur nos lieux de baignade...
Montrer un décolleté en images sur Twitter, bien que je trouve cela sans aucun intérêt de toute sorte, est devenu suspect de pornographie.

Effectivement, la liberté, comme le dit Geneviève, le premier de nos droits, passe un sale quart d'heure en France, en ce moment.


Il n'y a qu'à voir nos politiques, de tout bord.
Notre sport national en politique, depuis des années, consiste à défendre la liberté des uns en en privant les autres.
On interdit à certains de se vêtir ou de se dévêtir, pour la liberté...
On réclame un référendum afin de priver des gens normaux de se marier, alors qu'en tant qu'hétéros, le mariage pour tous ne touche aucunement à notre liberté.
De l'autre côté, on veut la liberté d'avoir des enfants en packaging avec le mariage, sans penser au bien-être de l'enfant à naitre, avec l'argument que les hétéros fabriqueraient des gosses traumatisés, et qu'eux, en élèveraient automatiquement des super-équilibrés.
 De la même manière, les anti mariage se servent aussi des enfants pour leurs intérêts et personne ne réfléchit à faire en sorte que tous les gamins de France, élevés dans toutes sortes de famille, puissent y être heureux.
Chacun prêche pour sa liberté, afin de réduire celle de l'autre, avec souvent des arguments plus spécieux les uns que les autres, dans un vrai dialogue de sourds. Tout est prétexte à tribune, c'est à qui gueulerait le plus fort afin d'éteindre la voix de l'autre.

Ce que certains aiment en Suisse, je vais vous le dire. C'est un calme, une quiétude, un apaisement, l'impression qu'on peut encore parler de tout sans que cela tourne au pugilat.
Ce que certains aiment en Asie, c'est la créativité, le dynamisme de ces pays qui vous laissent aussi la liberté de vivre sans être assaillis d'impôts et de taxes, l'impression que tout est possible.
Ce que certains aiment en Amérique du Sud, c'est une tranquillité, des espaces encore vierges de pollution, comme en Argentine et au Chili, un rapport avec la nature sans intermédiaires.
Ce que certains aiment aux USA, c'est un racisme qui perd de la vitesse et la possibilité de créer encore de la richesse et de l'innovation de manière simple, par rapport à la France, et je dis cela objectivement car pour rien au monde, je n'irais dans ce pays.

Non, je suis en Haute-Savoie, j'y vis et ici, notre ciel est tellement immense, qu'il arrive à s'imposer face aux sommets, il nous montre que nous sommes bien sur une petite planète fragile, flottant dans l'Univers, face à l'espace. J'aime cette région, elle est belle, dure, mais on s'y enracine sans s'en apercevoir. Elle est en France, et j'y suis chez moi, parce que cette région m'a accueillie et acceptée.

En fait, j'ai toujours l'impression, lorsqu'on critique les autres pays et leur attractivité, qu'on illustre bien la fameuse blague de Coluche :

"C'est un homme qui rentre chez lui et trouve sa femme au lit avec un autre homme, dans des positions inimaginables pour lui et en l'entendant se faire plaisir avec cet amant inconnu, dans son lit.
Il se met à jurer, crier et s'énerver.
La femme, alors le regarde et lui dit : au lieu de gueuler, tu ferais bien de regarder comment il fait. "


Sommes-nous vraiment sûrs, nous, les Français, que notre pays illustre bien, encore, les paroles de la Marseillaise?

"Liberté, Liberté Chérie, combats avec tes défenseurs"

Et que faisons-nous pour cette liberté, le premier de nos droits, comme le dit si bien Geneviève? Et ceci n'est ni une question de droite, ni une question de gauche.

Il faudrait se pencher un peu sur l'anarchie et se penseurs, sans adhérer à ces idées , la notion de liberté a au moins le mérite d'y être définie et débattue. Et comme toujours, je vous encourage à y prendre ce qui vous intéresse et à laisser  ce qui ne vous sied pas, dans ces citations et ces auteurs.


  • Les seules choses que je n'ai pas le droit de faire sont celles que je ne fais pas d'un esprit libre.
Max Stirner.
  • L’aspiration à la liberté illimitée, si elle n’est pas tempérée par l’amour de l’humanité et le désir que chacun jouisse d’une liberté égale, pourrait bien créer des rebelles qui, s’ils sont assez forts, deviendraient vite des exploiteurs et des tyrans mais jamais des anarchistes.
Malatesta
  • Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou une négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient la mienne. C'est au contraire l'esclavage des autres qui pose une barrière à ma liberté, ou, ce qui revient au même, c'est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d'homme, mon droit humain, qui consiste à n'obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchit par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l'assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tous s'étend à l'infini. 
  • L'oppression d'un peuple ou même d'un simple individu est l'oppression de tous et l'on ne peut violer la liberté d'un seul sans violer la liberté de chacun. 
Bakounine
 
 
 








14 commentaires:

  1. Bonjour Rosa,
    J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ce billet ... certes, je te rejoins sur nombre de points mais émettrai une petite réserve sur la notion de "liberté" ... pardonne moi, j'ai quelques principes (rien à voir avec ce que l'on pourrait appeler un endoctrinement religieux quel qu'il soit) , et estime que "toute liberté a ses limites" ...
    Sait on encore se fixer ses "propres limites", je n'en suis pas certaine ...
    Des billets toujours très intéressants,
    Bises de belle journée

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    1. Hello, contente de te retrouver!
      je crois qu'on oublie que la fraternité et l'égalité encadrent la liberté.
      pour moi, la liberté se limite si on fait du tort à quelqu'un, qu'on le blesse d'une manière ou d'une autre.
      Ce n'est pas la liberté de marcher sur la gueule des gens pour satisfaire son égo en mettant en avant une pseudo-liberté.
      C'est en ce sens que la pensée anarchiste a un intérêt, puisque dans leurs réflexions, ils fixent aussi leurs limites, ce dont certains les croient incapable.
      Aimer la liberté, ce n'est pas le libéralisme, c'est même le contraire, je crois.

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  2. Ah... bonjour à tous ! Je vois que, dans les commentaires, arrive le vrai défi. Le pilier n'est pas la liberté, mais l'égalité. D'elle naît la fraternité, car quand on est égaux, cela va de soi. Ensuite, mais vraiment ensuite seulement, intervient la liberté, qui ne peut empiéter sur celle des autres. Là-dessus, nos prédécesseurs les révolutionnaires de 1790-93 se sont trompés, en ne mettant pas en avant cette évidence. Bakounine, Luxembourg, et d'autres ne s'y sont pas trompés. Lénine, Trotsky et bien d'autres, si.

    Le grand dam vient des anglo-saxons, qui mettent la liberté au-dessus de tout, au nom d'un individualisme ravageur et assassin.

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    1. hello, je pense qu'on ne peut pas concevoir l'un sans l'autre.
      La liberté, ce n'est pas tricher et être le plus malhonnête possible, là effectivement viennent les notions d'égalité et de fraternité.
      Je sentais que ce billet te plairait, mon petit doigt...
      Et quand on touche à la fraternité, donc à l'égalité dans la différence, on touche à la liberté, effectivement.

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  3. Baptiste N.1/30/2013

    Bonjour Rosa, un bien bel article pour une bien belle question.


    Je te questionne ce jour, au travers de mon propos.

    Est ce que nous avons moins la liberté d'exprimer nos avis aujourd'hui, qu'hier ?

    Ne sommes nous pas - plus qu'hier, face à (ce que tu qualifie d'antinomique à la liberté ("Aimer la liberté, ce n'est pas le libéralisme, c'est même le contraire, je crois.")) un libéralisme des communications et de l’information.

    Je fais bien sur la part belle aux réseaux sociaux et à plus forte raison appel à la standardisation d'internet (On pourrait songer aux smartphones/tablettes/etc...).

    Ma question, donc, n'avons nous pas à changer l'échelle ? Ne devons nous pas changer de plan pour édifier notre point de vue ??

    J'ai d'autres choses à dire, mais le temps me manque. A ce soir, sans doute.

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    1. Je crois qu'il n'y a pas assez de libéralisme, dans les médias, et on cherche à standardiser tout. BFMTV est la copie d'Itélé, W9 ressemble à s'y tromper à M6, qui ressemble de plus en plus à TF1. France 2? Si on ne regarde pas, ce pourrait être n'importe autre chaine généraliste...
      Et quand on développe des supports, des médias autres, on essaye de les standardiser le plus possible, on cherche à nous dire que penser et comment...
      Du coup, on reproduit à la même échelle une oblitération des idées, une tentation de contrôle de la liberté d'expression...kafkaïen, en somme

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    2. Baptiste N.1/30/2013

      Re,

      Le "on" est a prendre au sens général ou au sens personnel ou les deux ?

      Si c'est les deux je suis absolument d'accord. Et on ne peut s'en départir.

      Avant a mon sens, il n'y avait que peu d'expression, donc moins de divergences dans les points de vue (du moins officiellement).
      Après, il me semble que dans l'Histoire les contres pouvoirs soit devenus des pouvoirs. Cela fait écho a la citation de Malatesta.

      C'est pour cela, et c'est triste mais c'est ainsi, une solution quelle qu’elle soit ne peut avoir de portée collective, pluraliste.

      (Puisque toute solution deviens un problème a part entière, de même que le point de vue d'un tel deviendra un point de vue adverse, qui permettra l'émergence d'un point de vue nouveau, qui n'aura de cesse de reproduire ce cycle à l’infini).

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    3. C'est juste qu'on n'a sans doute pas les bons principes, il me semble.
      Nous sommes un ensemble d'individualités, qui doivent se compléter en un groupe et non des individus qui veulent tirer la couverture à soi.
      Juste en passant:-)

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    4. Baptiste N.1/30/2013

      Non mais je ne demande que ça ! Je raffole de vos commentaires !!

      "Juste en passant" :p

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    5. Baptiste N.1/31/2013

      "[...]je le connais bien...mais on se dit vite que se faire haïr par certains, c'est un sacré compliment, en fait..." et se faire apprécier par d'autres l'est tout autant.

      Je me permet de poursuivre.

      Coluche semble être un de vos plus grand donateur. Il n'est pas de ma génération, à regret peut être, mais on m'a appris à faire avec.

      Il n'est pas facile de trouver de modèle, et c'est d'ailleurs peut être un problème proche de - connivence avec, la liberté.

      De même, que nos modèles ne sont pas universelles, on n'a de cesse de relever les faces ombragés des idoles des autres comme si il fallait de cette manière démontrer qu'il n’étaient pas moins solides que les nôtres.

      Probablement.

      Les principes justement, comment faire l'expérience de notre liberté si nous n'en connaissons pas la valeur...
      Je lisais une forme de bouquin, qui énoncer qu'on ne connaissait le sens de ces droits qu'après avoir prit conscience de l'importance de ces devoirs.

      Vraisemblablement.

      Également, de manière trop fréquente, nous sommes confronter à nos limites, et au lieu de les admettres, de les regardées avec bienveillances (car c'est bien dès limites que naissent les individus ; c'est également quand on a accepter de mourir que l'on commence à vivre, or si on se plie au règle du jeu l'on peut commencer à y jouer) nous nous efforçons de les niées, les reniées.
      Et comme dit plus haut, à incriminer autrui. Si cela ne va pas, c'est a cause de lui, de sa foutue différence, celle qui met en relief ce que je suis (sic).

      Je suis le premier à faire ainsi, il ne peut en être autrement semblerait-il, néanmoins, je n'oublie pas de conférer à l'autre à minima l'importance que je me porte et c'est peut être cela l'égalité. S'en est au moins ma conception.

      En tout les cas, la liberté, elle, n'existe qu'entre ceux qui l'observent, qui tentent "modestement" de l'établir.

      Et à ce propos, je suis fier, d'en être.





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  4. hors sujet mais as-tu vu que sarko a mis les pieds dans le plats en suisse devant une ré union de 500 responsables de la communauté juive helvète ?

    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20130130.OBS7114/israel-sarkozy-met-les-pieds-dans-le-plat-pour-150-000-euros.html

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    1. Mais c'est excellent!
      Je vais relayer ça! avec mon petit grain de sel :-) Merci!

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    2. Et je rajoute que ce n'est pas si hors-sujet que cela puisque Sarkozy vient de retrouver une conscience en quittant la France, non?

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