Merkel n'est pas l'Allemagne

Malgré tout ce qu'on nous rabâche, tenir tête à Merkel n'est pas une déclaration de guerre.

Je me rappelle d'un temps où deux présidents français, de deux bords différents, avaient tenu tête à deux dirigeants de pays, et non des moindres, tout en assurant de leur amitié envers les deux peuples, une amitié indéfectible. Ce temps n'est pas si lointain, les deux Présidents s'appelaient Mitterrand et Chirac.

Nous avons une relation ambigüe avec l'Angleterre, depuis l'Entente Cordiale, nous sommes liés à ce pays, par une résistance commune aux barbaries. L'Angleterre a accueilli la Résistance de la France Libre pendant la Guerre.
Nos rapports sont toujours empli de rivalité amicale, on adore se détester, on aime se critiquer et se chicaner mais Anglais et Français ont toujours du respect mutuel, même si ces crétins de rosbeefs nous énervent et qu'ils nous qualifient de froggies barbares.

Pourtant, lors de l'affaire des Malouines, Mitterrand a carrément eu un geste hostile militaire offensif en envoyant un missile,par argentins interposés...et en coulant un destroyer, le Sheffield, tout en s'excusant...histoire de montrer à l'Angleterre de quoi nous étions capables. Contrairement à ce que certains révisionnistes essaient de nous faire croire, c'est Mitterrand et la France qui sortiront gagnants de cet affrontement en renforçant le couple Franco-Allemand qui fut le moteur de l'Europe durant longtemps. Thatcher ne put imposer l'ultra-libéralisme à l'Europe.

Un autre exemple plus récent: lors de la Guerre en Irak, Chirac prit position ouvertement contre Bush, en désapprouvant et condamnant l'invasion irakienne. Il s'ensuivit une hostilité latente aux USA, où l'on débaptisa les "french fries", les frites, en "freedom fries" où l'on vidait les bouteilles de vin dans le caniveau en guise de protestation, on boycotta tous les produits français. Or, l'amitié si particulière entre la France et les USA n'en pâtit aucunement. Chirac continua d'entretenir des rapports amicaux en assurant les USA de son soutien datant des heures des premières Républiques françaises et américaines.

Ne pas être d'accord avec Merkel et la condamner, l'affronter, n'est pas un acte d'hostilité envers l'Allemagne. L'amitié qui existe entre ces deux pays est forte et les désaccords, même rudes et exprimés fermement, ne risquent pas de perturber celle-ci. Au contraire : avec un ami, on est franc et on exprime ce qu'on pense, pour son bien.
Je n'aime donc pas ce côté :"faut être gentil avec Merkel, faut pas la froisser, ils sont puissants, on en a besoin".
Depuis quand la France est vassal de qui que ce soit, et a besoin de s'abaisser ainsi?
Surtout, j'adore Valls, quand il dit que les "socialistes doivent être loyaux"...

De toute manière, si Merkel rempile pour un prochain mandat, elle va tout faire pour protéger sa retraite future, et caresser dans le sens du poil les libéraux et les chefs d'industrie, ne va pas changer sa politique, qui va amener une vraie récession en Allemagne, elle n'aura donc plus aucune marge de manoeuvre, et son influence risque d'être amoindrie, en position de faiblesse, elle sera facile à amener où on veut.
Alors pourquoi prendre des gants? En a-t-elle pris, elle, en soutenant Nicolas Sarkozy dans sa campagne?
Merkel n'est pas l'Allemagne, elle ne décide pas dans les Etats allemands, le système est fédéral, ne l'oublions pas, Merkel n'a aucunement le pouvoir qu'un chef d'Etat Français possède.
Après, il s'agit de savoir si oui ou non, en France, maintenant, on a le vrai courage de s'opposer à une politique suicidaire à terme pour la France, l'Europe et l'Allemagne.
Tout est là.