Hier la trêve hivernale a été abrogée et il
n'y a eu aucune prolongation, aucun moratoire. On peut donc mettre des gens àla rue. Le droit fondamental de pouvoir dormir au chaud, d'avoir un toit est
bien moins important que d'avoir des difficultés à payer un loyer. Droit humain contre droit financier : on a choisi.
Mais les loyers ont augmenté de manière
exponentielle ces dernières années, alors que les salaires ont stagné. On se
retrouve donc avec une véritable dîme que ne peuvent plus payer sans sacrifice
des personnes qui ont de petits moyens, des personnes qui ont un travail
intermittent, qui tombent au chômage, qui doivent faire face à des accidents de
la vie.
Les loyers reviennent même plus cher qu'un
crédit pour accéder à un logement quand on fait le rapport entre le même bien
loué ou acheté.
Pendant ce temps-là, d'autres gens achètent
un appartement, se font rembourser celui-ci avec le loyer que leur paie le
locataire, font même un petit profit, et comme ils ont un bien, se servent de
celui-ci pour en acheter un autre, louent aussi celui-ci, dégagent un profit,
grâce à tout ça achètent un troisième bien etc...
Finalement, on vit bien comme
cela...ironie...
Mais qu'un locataire se mette à ne pas
payer, et la machine s'enraye.
Il y aurait pourtant plusieurs solutions
simples afin qu'un locataire puisse toujours régler son loyer.
Bien sûr, avoir une sécurité de l'emploi et
un salaire décent, c'est la solution la plus évidente mais hélas la moins
réalisable en ce moment.
1. Faire pression sur les banques afin
d'autoriser les découverts dûs aux manquements de loyer, quitte à effectivement
exiger une vraie protection mutualisée contre les impayés. L'assurance que
souscrivent les propriétaires ne marche que si le proprio met en procès le
locataire et là, l'engrenage des dettes est à un niveau trop important, enfonçant
le locataire et pénalisant le propriétaire.
Faire pression afin que la banque puisse
autoriser un découvert sans agios dans le cas de problèmes de loyer aussi pour
le débiteur, au moins sur le montant de 2 loyers.
2. Généraliser le rôle de la justice comme
médiateur, c'est à dire lui demander d'exiger un calendrier de mise à jour des
retards de loyer, avec une participation d'un fond de solidarité du locataire
qui pourrait prendre la forme d'une assurance, qui prendrait en charge une
partie du retard de loyer, en échange d'une ponction sur les allocations
quelques mois plus tard, par exemple, une fois que les loyers sont mis à jour.
Le juge pourrait ensuite reconvoquer
régulièrement les parties afin de voir si les engagements sont tenus. C'est une
solution qui marcherait bien.
3. Créer un organisme de contrôle des
loyers qui pourrait fixer les loyers aussi à la baisse, et arrêter de se baser
sur les indices de prix.
Autoriser par ce biais les locataires à
avoir le droit de faire des actions afin de contester le montant de leur loyer,
ce qui n'est pas possible actuellement. En Suisse et en Allemagne, c'est
pourtant possible.
Cela voudrait dire contrôler le marché, en
vérifiant l'adéquation entre le prix demandé et le bien loué. Car nul n'empêche vraiment personne de louer son bien
hors de prix, si le marché est tendu et qu'on sait que les locataires n'ont
guère de choix.
Pourtant, une des premières causes de non
paiement d'un bien, c'est qu'on n'en a pas les moyens...et si on ne peut pas
louer en fonction de ses moyens, on s'expose à des défauts de paiement. CQFD.
Bien sûr, en contrôlant les prix, on finit
par créer une norme, un barème mais a-t-on vraiment le choix? Si on laisse le
droit au locataire de contester avec de réelles raisons, le montant de son
loyer, c'est une forme de régulation douce qui se crée.
4. Ce qui amène au point suivant :
Contrôler tous les locataires de HLM,
surtaxer pendant 2 ans ceux qui ont maintenant des ressources suffisantes tout
en leur laissant le même délai afin de partir. On en est au paradoxe que
certains font construire à la campagne tout en bénéficiant d'un loyer modéré en ville, bien planqués, et
qu'on n'a pas de place disponible pour des familles pauvres, dont les
organismes HLM ne veulent pas, parce qu'elles auraient eu des problèmes de loyer...le
but d'un HLM n'est pas la rentabilité, c'est honteux de voir ces organismes
expulser des locataires pour défaut de paiement. Si la bonne foi est prouvé,
l'organisme n'a rien à faire au Tribunal. C'est pourtant du bon sens
5. Et si tout ceci ne suffit pas, imposer
un prix au m2 pour la location, qui tient aussi compte de l'environnement, des
services proposés et de la valeur ajouté du bien, ce qui fait que certains se
bougeraient les fesses pour que leur appart ou maison puisse valoir le prix
demandé, que ce soit en location ou en vente.
Le souci est qu'on ne peut plus augmenter
les allocations logement sans que les propriétaires augmentent d'autant les
loyers. C'est à chaque fois ce qui s'est passé.
En limitant à environ 500 euros le montant
des allocations maximum dans un logement hors convention, le gouvernement de Sarkozy avait sans doute voulu limiter les
hausses de loyer? Mais comme d'habitude, il a tout fait de travers...
C'est vrai qu'il y a des choses à faire
afin de régler les problèmes d'impayés et d'expulsion...car même si ce que fait
Cécile Duflot est remarquable, cela ne suffit pas encore.
On est dans une crise qui fait que le
marché est saturé.
Les privés ne veulent plus construire, car
ils ont peur, encore, de dévaluer les biens qu'ils vendraient. Les acheteurs
potentiels attendent que les prix à la vente baissent vraiment afin d'acheter
un meilleur prix, ils ne libèrent donc pas leur location. Certains
propriétaires hésitent à ne pas vendre leur bien maintenant qu'il a encore de
la valeur plutôt que de relouer. D'autres se disent qu'il faut profiter encore
un max de pouvoir louer cher, ils ne veulent pas baisser là ou le marché est
tendu.
Ce qui m'amène à mon dernier point:
6. Faire sauter les intermédiaires inutiles
et encourager les loyers à prix raisonnables en faisant baisser les coûts de
location aux propriétaires:
Faciliter voire imposer la déclaration du
propriétaire en micro-entreprise au minimum voire en SCI, dès qu'il loue au
moins deux biens. Créer un service gratuit afin d'aider les seniors et les non spécialistes à remplir leur
comptabilité et leur feuille d'impôt, ce qui leur économiserait le recours à
une agence de location, et ferait baisser le prix du loyer d'au moins 10%
minimum.
Encourager par des défiscalisations la
location à prix raisonnable et au contraire matraquer les hauts loyers si le
cahier des charges montre un montant abusif (voit plus haut).
Des mesures simples, qui garantiraient un
marché immobilier sain, en justifiant l'offre et la demande sur une vraie
valeur ajoutée et une réelle régulation, et pas sur une spéculation mercantile
de marchands de sommeil...il y en a vraiment encore d'autres à exposer, comme
encourager la renaissance des vrais pensions de famille en tant
qu'établissement, favoriser des autorisations spéciales de location au jour, à
la semaine, au mois selon contrôle, hors tarifs hôteliers et saisonniers,
multiplier les habitats alternatifs,contrôler les agissements des agences de
location en exigeant un vrai service pour un prix facturé...etc...
Et combien d'emplois cela créerait, combien
de pouvoir d'achat cela dégagerait?
Combien de temps allons-nous encore rester
les bras croisés? Quand l'immobilier va complètement s'effondrer, et la
richesse patrimoniale de la France avec? A-t-on vraiment besoin de ça, en plus
du reste?
Surtout que les expulsions augmentent de
plus en plus...entraînant même des gens qui travaillent dans la vraie misère
sociale.
Quel type de société voulons-nous?
Sur le logement, les conservateurs anglais sont en train de réfléchir à une idée intéressante, surtaxer les habitants des logements sociaux ayant une pièce de libre.
RépondreSupprimerAujourd'hui, il faut respecter un certains nombres de conditions pour accéder à un logement mais aucune une fois qu'on y a emménagé. La taxation des chambres libres pet être un appel à réguler le marché des logements.
le pire est que les allocations logement en Angleterre ne sont pas plafonnés et ont des montants, de mémoire, de l'ordre de 1000 euros environ max pour une personne seule, et chez nous, c'est plafonné à 500...et ce sont eux les libéraux...lol
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