C'est sans doute une lettre que vous avez déjà lu ou dont vous avez entendu parler, mais au cas-où le flot de l'actualité ait fait que celle-ci soit passée inaperçue, vous la trouverez ici. La diffusion de celle-ci viendrait de Ragemag, du moins sa traduction, un webzine cher à Juan (que je n'ai pas salué depuis mon break blogosphérique, chose faite).
Ce que j'aime dans cette lettre, c'est le fait que Manning, qui a transmis les documents à Wikileak, incriminant de manière grave les agissements de son propre pays, a eu le courage et les principes de passer par dessus sa propre morale, afin de faire ce qui est juste.
Son patriotisme et son grade lui commandaient l'obéissance, mais sa conscience a été la plus forte, il s'est rendu compte que le patriotisme, justement, était de dénoncer les méthodes de guerre de l'Armée Américaine, qui sont devenues pires que l'ennemi innommable qu'elle était censée combattre au nom du Bien.
Car nous en sommes venus au paradoxe qu'un état qui se dit de droit a endossé des méthodes aussi condamnables et criminelles qu'une organisation terroriste informelle et illégale, ce qui rend les fautes des USA bien plus grandes et dommageables de ce fait.
Car qui est le plus condamnable? Celui qui est censé se comporter de manière à diffuser l'ordre et la démocratie, mais qui est pire qu'un voyou ou le voyou marginal dont on n'attend rien d'autre que crimes et délits?
Lorsqu'un représentant de la sécurité et de la société est corrompu, au point que ses actes sont aussi dégueulasses que le criminel qu'il est censé neutraliser, et pas seulement au niveau des pots de vins qu'il peut toucher, où est notre morale, où sont nos principes?
Je parlais de Dexter récemment, cette série où on voit s'étaler la violence et la cruauté horrible d'un tueur en série, mais qui justifie ce fait par la raison que Dexter est un policier et qu'en torturant ses victimes, il éradique des tueurs en série en rétablissant l'ordre. Cette série m'a faite vomir. Elle pue le racolage mais force est de constater qu'une certaine partie de la population glisse vers la justification de méthodes totalitaires et nazies au niveau du maintien de l'ordre et de la sacro-sainte "sécurité".
C'est de cela dont il est question: se targuer d'être plus sécuritaire face à la délinquance est potentiellement dangereux, portant en lui le danger du totalitarisme et de la dictature.
Bradley Manning a eu le courage d'obéir à ses principes humains, à sa conscience. Il en paye le prix. Le mieux est de lire sa lettre à Barak Obama.
En voici le début:
Dans un premier temps, j’ai approuvé ces méthodes et j’ai volontairement choisi de défendre mon pays. Mais une fois en Irak et en lisant quotidiennement les rapports militaires secrets, j’ai commencé à m’interroger sur la moralité de ce que nous faisions. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que (dans) nos efforts pour affronter les risques posés par nos ennemis, nous en avons oublié notre humanité. Nous avons sciemment choisi de dévaloriser la vie humaine à la fois en Irak et en Afghanistan. Quand nous nous confrontions à nos ennemis, nous avons aussi tué des civils innocents. Et à chaque fois que nous avons tué des civils innocents, au lieu d’en accepter la responsabilité, nous avons choisi de nous cacher derrière le voile de la sécurité nationale et des documents classés top secret, afin d’éviter toute responsabilité publique.
Dans notre zèle à tuer l’ennemi, nous avons débattu en interne sur la définition de la torture. Nous avons retenu des prisonniers à Guantanamo pour une durée indéterminée. Nous avons délibérément fermé les yeux sur les tortures et les exécutions du gouvernement irakien. Et nous avons commis d’innombrables autres actes au nom de notre guerre contre le terrorisme.
Le patriotisme est souvent invoqué lorsque des actes à la morale douteuse sont défendus par ceux qui sont au pouvoir. Quand cet élan de patriotisme noie toute contestation basée sur la logique, ce sont généralement les soldats américains qui ont l’ordre de mener quelques missions mal conçues.
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Ce que j'aime dans cette lettre, c'est le fait que Manning, qui a transmis les documents à Wikileak, incriminant de manière grave les agissements de son propre pays, a eu le courage et les principes de passer par dessus sa propre morale, afin de faire ce qui est juste.
Son patriotisme et son grade lui commandaient l'obéissance, mais sa conscience a été la plus forte, il s'est rendu compte que le patriotisme, justement, était de dénoncer les méthodes de guerre de l'Armée Américaine, qui sont devenues pires que l'ennemi innommable qu'elle était censée combattre au nom du Bien.
Car nous en sommes venus au paradoxe qu'un état qui se dit de droit a endossé des méthodes aussi condamnables et criminelles qu'une organisation terroriste informelle et illégale, ce qui rend les fautes des USA bien plus grandes et dommageables de ce fait.
Car qui est le plus condamnable? Celui qui est censé se comporter de manière à diffuser l'ordre et la démocratie, mais qui est pire qu'un voyou ou le voyou marginal dont on n'attend rien d'autre que crimes et délits?
Lorsqu'un représentant de la sécurité et de la société est corrompu, au point que ses actes sont aussi dégueulasses que le criminel qu'il est censé neutraliser, et pas seulement au niveau des pots de vins qu'il peut toucher, où est notre morale, où sont nos principes?
Je parlais de Dexter récemment, cette série où on voit s'étaler la violence et la cruauté horrible d'un tueur en série, mais qui justifie ce fait par la raison que Dexter est un policier et qu'en torturant ses victimes, il éradique des tueurs en série en rétablissant l'ordre. Cette série m'a faite vomir. Elle pue le racolage mais force est de constater qu'une certaine partie de la population glisse vers la justification de méthodes totalitaires et nazies au niveau du maintien de l'ordre et de la sacro-sainte "sécurité".
C'est de cela dont il est question: se targuer d'être plus sécuritaire face à la délinquance est potentiellement dangereux, portant en lui le danger du totalitarisme et de la dictature.
Bradley Manning a eu le courage d'obéir à ses principes humains, à sa conscience. Il en paye le prix. Le mieux est de lire sa lettre à Barak Obama.
En voici le début:
Lettre de Bradley Manning au président Obama
Les décisions que j’ai prises en 2010 sont nées de mon inquiétude pour mon pays et pour le monde dans lequel nous vivons. Depuis les événements tragiques du 11 septembre, notre pays est en guerre. Nous sommes en guerre contre un ennemi qui a choisi de ne pas nous affronter sur un champ de bataille traditionnel, et de ce fait, nous avons dû modifier nos méthodes de combat contre les risques encourus qui pèsent sur notre pays et sur notre mode de vie.Dans un premier temps, j’ai approuvé ces méthodes et j’ai volontairement choisi de défendre mon pays. Mais une fois en Irak et en lisant quotidiennement les rapports militaires secrets, j’ai commencé à m’interroger sur la moralité de ce que nous faisions. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que (dans) nos efforts pour affronter les risques posés par nos ennemis, nous en avons oublié notre humanité. Nous avons sciemment choisi de dévaloriser la vie humaine à la fois en Irak et en Afghanistan. Quand nous nous confrontions à nos ennemis, nous avons aussi tué des civils innocents. Et à chaque fois que nous avons tué des civils innocents, au lieu d’en accepter la responsabilité, nous avons choisi de nous cacher derrière le voile de la sécurité nationale et des documents classés top secret, afin d’éviter toute responsabilité publique.
Dans notre zèle à tuer l’ennemi, nous avons débattu en interne sur la définition de la torture. Nous avons retenu des prisonniers à Guantanamo pour une durée indéterminée. Nous avons délibérément fermé les yeux sur les tortures et les exécutions du gouvernement irakien. Et nous avons commis d’innombrables autres actes au nom de notre guerre contre le terrorisme.
Le patriotisme est souvent invoqué lorsque des actes à la morale douteuse sont défendus par ceux qui sont au pouvoir. Quand cet élan de patriotisme noie toute contestation basée sur la logique, ce sont généralement les soldats américains qui ont l’ordre de mener quelques missions mal conçues.
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