Utopie

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dimanche 3 novembre 2013

Le Père Pacaud et d'autres expliquent aussi mes positions

Je ne sais plus si je vous ai parlé du Père Pacaud (pseudonyme afin de protéger la famille).

Dans mon village, il y avait une composition paysanne et clanique de celui-ci. Ceux qui avaient une ferme et étaient en activité, on appelait ce couple le père et la mère lambda.

C'était donc dans ce cas le chef de famille et la cheffe, c'était la Mère Pacaud. Elle et ma grand-mère étaient très amies. J'allais donc très souvent prendre le thé ou le café chez la Mère Pacaud. C'était une maîtresse femme, qui avait une énergie pas possible, comme toutes les paysannes . Elle faisait sa loi à la maison. En cela, ma grand-mère lui ressemblait.
La cour était un vrai jardin, on passait sous une tonnelle végétale dense et on se retrouvait à table, autour du grand plateau de bois recouvert d'une nappe, avec le café en pichet, les verres, et les Petits Bruns de Lu.
Puis, elles papotaient et parlaient du village, des cultures, des enfants, des bisbilles entre villageois pour un truc ou deux.

Le Père Pacaud rentrait parfois dans la cuisine, pour dire bonjour mais pas plus. Il respectait le royaume et l'autorité de sa femme. Et puis, il préférait de loin son trône sur le tracteur.
On le voyait toujours sur les routes en tracteur, les champs, il adorait ça. Et puis ses fils s'occupaient de l'écurie et des vaches, des autres bêtes, ils l'accompagnaient souvent aussi aux champs.

Le Père Pacaud avait une carcasse d'homme ours, large et grosse, c'était un morceau, comme on disait. Les bras et les mains étaient ceux d'un colosse. Il était brun et dépeigné, un veston de velours et une chemise blanche ne l'amincissaient pas. Il sentait la vache et le foin.
Il faisait peur car sa voix caverneuse couplée à sa stature de catcheur avait de quoi impressionner.
Enfin, en apparence.
Son ventre énorme et son sourire, sa gentillesse en faisaient un brave homme qui tremblait devant sa femme mais qui avait toujours su prendre les bonnes décisions au bon moment, on savait que, au village, on pouvait compter sur lui.

Cet homme-là cachait un secret de polichinelle.
Dès qu'on était assez éveillé pour comprendre, tout le monde savait qu'il troquait son veston de velours élimé pour un côtelé tout neuf, et qu'il mettait son chapeau de feutre pour "aller aux filles". Sans jamais y avoir mis les pieds et su où ça se passait, des gamins aux grenouilles de bénitier, des notables aux enfants de chœur, on savait tous que les dames de petite vertu le connaissaient toutes. Il se murmurait qu' elles l'aimaient bien.

Et jamais personne ne lui en a parlé, ni aucun d'entre nous, au village , ne lui avons un jour manqué du respect auquel il avait droit.

Cet homme , nous ne l'avons jamais vu faire de mal à personne.

J'ai appris, dans la vie, grâce aux rencontres, et à l'intérêt que je porte à mes semblables, à ne juger personne, à ne pas avoir d'a-priori, et surtout à être tolérante, à relativiser.
Le Père Pacaud est décédé depuis. Mais au village, il a laissé des enfants, une vie et son empreinte, celle d'un personnage haut en couleur que tout le monde appréciait.

4 commentaires:

  1. "les verres, et les Petits Bruns de Lu."

    LU en majuscules svp , LU c'es l'abréviation de LEFEVRE UTILE
    Mr Lefebvre avait épousé mle Utile

    sinon, belle histoire digne de G de Maupassant

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  2. Belle histoire, sympatoche et tout et tout, comme tous les clochers en recèlent. De là à faire appel à Maupassant, comme le fait avec allègresse "bobc'estmoi", il y a un pas de plume que le vent n'oserait pas souffler.

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  3. Vous aggravez votre cas, vous ! Si vous continuez à faire la mauvaise tête, je vous envoie Euterpe et son gang, vous allez voir…

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  4. Merci pour cette très jolie tranche de vie pleine d'humanité.

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