Utopie

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jeudi 9 janvier 2014

Une indigestion de Manuel Valls qui met la quenelle à tous les menus.

Puisqu'il a besoin qu'on parle de lui, parlons-en. Il suffit de se pencher sur Manuel Valls et sa biographie pour se dire que les non-dits en politique et en histoire sont des poisons pour la démocratie. Si on se penche sur la famille de Manuel Valls, mis en scène sur Wikipédia, on retombe dans une des horreurs de l'Histoire Européenne : La Guerre d'Espagne et la dictature sanglante et inhumaine de Franco, dont on ne veut pas parler et qu'on ne veut pas expliquer.
Oh, c'est dérangeant de dire qu'une dictature était sur notre sol, à deux pas de chez nous, et qu'on n'a rien fait. On n'a rien fait quand on a libéré la France et les autres pays occupés de la menace nazie, on a pourtant mis l'Italie en sang afin de la libérer de Mussolini, on a fait de l'Allemagne une ruine exsangue, et pour l'Espagne, comme le Portugal, que s'est-il passé? Rien du tout, durant des dizaines d'années.
Un film récent de Guillermo del Toro, le Labyrinthe de Pan, est sorti sur le sujet. C'est un beau film, mais il a été produit grâce à l'aura hollywoodienne du réalisateur. On l'a rapidement oublié, ici, en France, alors que nous avons recueilli tant de républicains espagnols afin qu'ils échappent à la mort.
Je vous renvoie également à Hemingway, Pour qui sonne le Glas et à Malraux, dans l'Espoir,  heureusement qu'on les étudiait à l'époque, dans nos lycées. Je ne sais pas trop ce qu'il en est maintenant, car nous n'en avons pas entendu parler, de ces deux auteurs, durant la scolarité de nos gamins, sauf du Vieil Homme et la Mer, livre sympa, mais pas dans les majeurs de l'auteur américain. Quand à Malraux, on a l'impression qu'il est devenu trop complexe pour des têtes blondes et brunes du 21ème siècle...
Pourquoi je parle de cela? Parce que des résistants espagnols sont aussi venus se faire casser la gueule pour nous libérer, nous, en France, et qu'on les a ensuite laisser crever, heureusement, le droit d'asile était encore respecté à l'époque et nous n'étions pas aussi obsédés, en haut lieu par la dangereuse mixité d'Européens non nationaux qui n'ont pas "vocation à rester en France", même s'ils sont persécutés dans leur pays.
Ce qui s'est passé en Espagne est une honte pour la France, pour notre inaction, pour notre silence, cette omerta dangereuse qui est là quand on se met à rendre tabou des évènements proches. Nous ne pouvons pas devenir meilleur quand nous cachons nos erreurs comme des lépreux, la maladie continue à ronger les chairs.

Valls n'est pas un enfant de la Guerre d'Espagne. Son père n'a jamais été persécuté, son grand-père paternel avait un journal qui s'est bien accommodé de l'ère franquiste, d'après le peu que nous en apprenons.
Son père n'est ni Dali ni Picasso, il n'a fait que voguer d'Espagne en Suisse et en France, le petit Manuel est né tranquillou dans l'Espagne franquiste, son grand-père paternel, Suisse aisé, comptant dans sa famille des architectes, toute cette jolie famille ne s'est pas franchement mêlé de combattre la dictature franquiste. Valls est donc un bourgeois devenu français par hasard, il aurait tout autant pu devenir Suisse. Il ne sait pas franchement ce que c'est que d'être un fils ou un petit-fils de réfugié républicain, vivant pauvrement et en butte contre le racisme de la France des années 30 à 70. Il n'a jamais su ce que c'était. C'est un nanti, tout simplement. En fait, on peut se demander s'il sait ce que c'est que de verser du sang pour son pays. On ne peut pas non plus lui en vouloir, quel que soit son pays , la France, l'Espagne ou la Suisse, mais il souffre manifestement d'un manque d'empathie pour ces périodes, un Catalan qui ne comprendrait pas les vélléités d'indépendance de sa région, un Français qui semble vouloir prouver par tous les moyens qu'il est  plus Français que les autres, sans doute, en oubliant la caractère humain, au-delà de l'étiquette de la nationalité. Pour un ministre de l'Intérieur, ça peut poser problème.

Parce que, qu'est-ce que la démocratie, au fond? Qu'est-ce qu'un fils d'artiste bohème apolitique et d' une fille d'industriel Suisse peut comprendre à tout ça, il est vrai qu'il vit  son enfance dans un autre monde où l'on n'avait rien à craindre de Franco, ni d'autres, un monde de privilégiés, en somme.
A côté de lui, Sarkozy a eu une enfance difficile...Cela fait mal au cul de le reconnaître. Mais c'est vrai.
Même son patronyme est neutre, celui de Sarkozy sent son immigré hongrois ou polac à plein nez.

Qu'est-ce que la démocratie? Un exercice périlleux, qui est celui de maintenir, avant une cohésion sécuritaire, une cohésion sociale, entre tous, tous les citoyens de ce pays. Un exercice périlleux où nous nous devons de laisser parler toutes les voix, pourvues qu'elles soient intelligibles, dans le respect du contrôle qu'exerce la Justice. Notre République est une et indivisible. Tout fauteur de troubles doit en être banni, c'est vrai, mais dans le cadre du respect des Lois. Il ne s'agit pas de faire d'un maire le chef de la police de la pensée, bailli de son fief au service du Cardinal, quel que soit le Cardinal, d'ailleurs, qu'il s'appelle Guéant ou Hortefeux, ou Valls, qu'il soit de droite ou de gauche. On s'en fiche de cela. Je n'ai jamais ici hésité à approuver quiconque parle bien, qu'il soit de droite, de gauche, et il m'est arrivé d'être d'accord avec des nauséabonds, quand leur parole était sensée.
Dieudonné est un justiciable virtuel, Taubira l'a bien rappellé car ici, il n'est pas question de défendre ou non Dieudonné, c'est de rappeler notre Constitution et nos lois. S'il doit être condamné, comme il l'a été auparavant, il le sera à nouveau. Il doit dans ce cas-là, avoir un vrai procès, dans des règles démocratiques.
Entendre Valls, tous les jours, marteler sans cesse, toute la haine, qu'elle soit justifiée ou non, on s'en fiche, que Dieudonné lui inspire, commence à me sortir par tous les trous de nez. On dirait qu'on parle de Mesrine ou de Ben Laden. Valls perd toute dignité , tout le respect qui est du à sa fonction. On dirait d'ailleurs qu'il n'a eu ce ministère que pour cela, à force.

Et on ne parle que des quenelles, tiens, la dernière en date, des militants de la Manif pour tous, qui sont loin d'être des anti-sionistes, que le Figaro assimile à des militants d'extrême-droite. Or, il y a là un amalgame dangereux, très dangereux qui se fait, grâce à tout ça, ou à cause de tout ça. Je fréquente assez la Moisisphère ou Réacosphère pour savoir qu'ils sont loin d'être antisémites. Je vais vous en donner deux exemples  : Corto74 et Didier Goux. Une grande majorité est même sioniste, allant du soutien à Israël  à la détestation des Palestiniens. Amalgamez la quenelle à un salut nazi inversé et de drôles d'alliances de circonstances se forment. C'est bien la preuve qu'il ne faut pas tout mélanger et qu'un peu de hauteur dans l'analyse, pas de marteler tous les jours que la chasse à Dieudonné est vitale pour notre pays, ici, se devrait d'être faite.
Inutile de dire que la Moisisphère n'est pourtant pas ma proximité idéologique, j'en suis à des kilomètres, et voir l'extrême-droite s'emparer de cette affaire ne me plait pas du tout. Mais pas du tout.

C'est avec des idées que l'on fait avancer la politique, des arguments réels et constructifs. Là, j'ai beau cherché, j'en vois pas. Dans mon entourage de tous les jours, des gens , qui ne savent même pas ce qu'est Dieudonné et qui se "foutent" de ses spectacles, je cite, entendent parler des quenelles. Au niveau international, c'est l'incompréhension. Dans quelle folie douce ou furieuse la France s'est fourrée? On ne comprend pas du tout cette histoire, et je l'ai constaté personnellement de celui qui me disait qu'il ne connaissait pas la quenelle, Dieudonné, ses shows et qu'il s'en foutait, on lui en avait parlé à Londres, Zurich, et ailleurs, c'est dire.
Tiens, je vais citer Aldoux Huxley, que j'ai trouvé sur Facebook.

« La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter. » 

Il y a dans l'Affaire Dieudonné une absence totale de débats, et de réelle idéologie. On ne combat pas, effectivement les idées d'un type en disant que tout ce qu'il fait , c'est de la merde et qu'il faut le censurer par tous les moyens. Ou alors, qu'on m'explique pourquoi Rioufol a une tribune dans le Figaro, que Buisson est le patron de la Chaîne Histoire, sans que Valls se soit ému une seconde ?
Il m'arrive d'aller sur le blog de Rioufol et franchement, ce que j'y lis, me déplait à un point...c'est bourré de racisme, d'incitations à la haine et de dialectique d'extrême-droite.
Buisson, l'ancien chef de Minute, transfuge de l'extrême-droite, tient une chaine thématique censée éduquer les gens à l'Histoire de France, il y a une une belle polémique à ce sujet avec Laurent Deutsch. Buisson, le théoricien des idées FN distillées dans l'ancien quinquennat, n'est pas inquiété ni démis depuis 2012. Lui, on ne fait rien pour sa retraite dorée.

Et puis, il y a tous les sujets de l'actualité qui passent à la trappe grâce aux quenelles.

Et en somme, je vais aussi vous dire ce qui m'énerve, du côté de Valls et de Dieudonné : on dit que cette quenelle est anti-système. Je ne suis pas anti-système car cela voudrait dire qu'il faudrait abattre le système pour en mettre un autre, j'en ai ras-la-casquette qu'on veuille remplacer un système par un autre, ou qu'on ne veuille pas toucher au système dominant. C'est le système qui me hérisse, car j'ose encore espérer qu'un jour, on devienne assez intelligent pour se passer de chiens de gardes, d'opposants systémiques, de maintien de l'ordre, ordre moral, religieux, qu'importe, ordre politique aussi. C'est en cela que de plus en plus je me sens libertaire et anarchiste, ni de droite ni de gauche, ni dans le soutien inconditionnel, ni dans l'opposition systématique.
Mais ça, c'est sans doute quelque chose que Manuel Valls ne comprendra jamais et que seuls des hommes politiques d'envergure peuvent comprendre: Ce n'est pas d'ordre dont on a besoin mais d'espérer dans une vie meilleure pour nos enfants. Ce n'est pas de faire des quenelles qui vont leur donner un avenir. Parce que, de Dieudonné, de Valls ou de moi-même, ce Monde n'est plus à nous mais à nos enfants. 

Et là, j'en veux à Hollande, car il voulait faire "le quinquennat de la Jeunesse", pas celui de la chasse aux quenelles, il me semble.

On ne se demande pas ce qu'il faudrait faire pour que tous ces jeunes, réactionnaires, apolitiques, pro-palestiniens, de gauche, de droite, n'aient pas besoin de faire des quenelles sur Internet.
Si j'avais su que le quinquennat de la Jeunesse, c'est de la fliquer pour savoir si dans ses délires de réseaux sociaux, elle n'avait pas le malheur d'être antisémite, pendant que des vautours recrutent pour en faire, on ne sait jamais de bons soldats nauséabonds du vrai antisémitisme...Mais ça aussi, c'est une autre histoire...qui prouve que  Manuel Valls n'est décidément pas un homme politique d'exception et qu'on courre à la catastrophe, s'il devient Premier Ministre. Passer quelques années rythmés entre la chasse aux femmes voilées, aux Roms, et aux quenelles, ça fait peur...
C'est du moins mon avis car on s'éloigne de plus en plus de l'apaisement promis par Hollande. J'aimerais bien, d'ailleurs, qu'il l'ouvre, Hollande pour tenir un discours qui mette de la hauteur dans tout ça, et qui rappelle les priorités de Taubira dans cette affaire, et qu'on parle de l'action réelle du gouvernement, tiens, ça nous changerait!
D'ailleurs, Valls, il s'était pas pris une belle rouste derrière Arnaud Montebourg, arrivant 4ème, aux primaires socialistes? On aurait voté en fait pour Valls, conseillé par Alain Bauer,ex-conseiller sarkozyste, en 2012? C'est ça ?

Ami socialiste, il me semble que c'est à ton tour de te réveiller!

10 commentaires:

  1. Il est bien long, ce billet… Vous vous prenez pour le gros frisé, cet intempérant notoire ?

    Bon, sinon, restons un moment avec Franco et Salazar, mais surtout le premier. D'abord, signalons que si la France est restée les bras croisés à partir de juillet 1936, au lieu d'aider massivement les républicains, on le doit à Léon Blum et à son gouvernement de front populaire.

    Ensuite, il y a deux raisons pour lesquelles Franco n'a pas été inquiété en 1945. La première c'est sa grande habileté, qui l'a conduit à ne jamais coopérer avec Hitler, malgré les demandes pressantes de celui-ci ; ou alors de manière insignifiante (division Azul). La deuxième est que, la Guerre froide se profilant, les Anglo-Américains tenaient à arrimer l'Espagne au camp occidental pour qu'elle ne risque pas de sombrer dans le bolchévisme : pour cela, Franco était bien commode.

    Il y a aussi (mais là je sens que je vais vous énerver…) que la dictature de Franco, une fois la guerre civile terminée, n'a jamais été bien méchante. En clair : dictature sans doute, mais tyrannie à la sauce Hitler-Staline non. C'était plutôt une sorte de Napoléon III première manière…

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    1. Mais vous ne m'énervez pas du tout. Pour revenir à Napoléon III, il est considéré comme un tyran sanguinaire en 1870, et lorsqu'il est renversé, c'est un régime conservateur même si républicain qui se met en place, avec le père Thiers, ancien ministre de Louis Philippe.
      Il faut savoir qu'environ 1,5 millions d'espagnols sont mis dans des camps après 1945 et que ces derniers ferment en 1962.
      Je crois surtout que l'Espagne Franquiste était bien commode afin de pouvoir faire passer dans ses banques des transactions en direction de certains pays, fonds financiers dont les Espagnols n'ont d'ailleurs jamais bénéficié. Ce rôle-là, on en parle très peu.
      Pour la Guerre Froide, vous avez raison, le calcul était assez curieux mais réel.

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    2. Napoléon III, un tyran sanguinaire ? Voyons, voyons ! Non seulement il ne le fut jamais (ni tyran, ni sanguinaire), mais à partie de 1862, on entre dans ce qu'on a appelé l'empire libéral, dans lequel un grand nombre de libertés sont rétablies, ou au moins tolérées.

      Pour les camps espagnols, c'est un sujet que je connais un peu, de par ma lointaine jeunesse et des gens que j'y ai fréquentés. Sans vouloir "rosir" la vie qu'on y menait, il convient tout de même de signaler qu'ils étaient "de transit". C'est-à-dire qu'aucun Espagnol n'y a séjourné de 1945 à 1962 ! D'autre part, vous grossissez les chiffres : à la fin de la Seconde Guerre, les Espagnols présents en France sont environ 250 000. Enfin, il convient de ne pas accabler excessivement l'État français, qui a très vite été débordé par l'afflux massifs des réfugiés, notamment en février 39, après la prise de Barcelone par les troupes franquistes.

      Il reste que la France aurait probablement pu faire mieux, en effet.

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  2. "Je fréquente assez la Moisisphère ou Réacosphère pour savoir qu'ils sont loin d'être antisémites. Je vais vous en donner deux : Corto74 et Didier Goux. Une grande majorité est sioniste, allant du soutien à Israël, à la détestation des Palestiniens."

    Une grande majorité des deux, comme ils ne sont que deux, je suppose qu'il s'agit d'une [grosse] confortable majorité, c'est à dire du plus volumineux des deux ?
    Or, n'ayant jamais entendu dire que Corto ressemblait plus à Ventura qu'à Claude François, question gabarit, j'en tire les conclusions qui s'imposent, vous stigmatisez le Didier Goux bien plus que le Corto. Faites gaffe, il a plein de copains dans la presse, et vous savez comment sont ces gens-là....

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    1. En attendant, même s'ils en ont beaucoup, ils n'ont pas le défaut d'être antisémites, il me semble, enfin, c'est ce qu'ils disent.

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    2. Et j'ai tendance à les croire sur le sujet. Désolée, un souci dans les commentaires Blogger qui explique la multiplication des réponses.

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    3. « il a plein de copains dans la presse, et vous savez comment sont ces gens-là.... »

      Plein de copains, plein de copains, c'est vous qui le dites !

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  3. Je vais donc rajouter "exemples", comme je me fiche totalement de leur apparence physique.
    Bonne année quand même!

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  4. Manu Valls ? Un accent circonflexe qu'on met ou qu'on ôte. Point.
    Pour le reste, je partage l'avis que Didier Goux exprime dans son premier commentaire. Il est tout simplement très juste.

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    1. Ben oui, il ne dit pas que des conneries, notre réac en chef. D'où le danger du manichéisme.

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