Rétrospective Monde 2012

A lire, sur le sujet de la rétrospective, l'excellent billet des Chroniques de Juan. Il y parle aussi de l'actualité mondiale en 2012. Je ne suis pas d'accord sur tout, mais c'est ainsi. Contrairement à certaines idées reçues, les blogs républicains ne sont pas tous les mêmes...affirmer ceci est aussi ridicule que le fameux UMPS du FN...Nous n'avons pas tous les mêmes idées sur tout, et c'est tant mieux.

Une rétrospective sur les évènements marquants mondiaux de 2012 me semble intéressante, à bien des points de vue:

Une des premières choses qui me viennent à l'esprit est le changement de régimes de certains pays arabes. Cette évolution n'est pas terminée, on voit encore que la Libye est toujours en pleine mutation, par exemple, que les troubles continuent, entre les partisans de la liberté, les nostalgiques de l'ère Khadafi, les religieux, les luttes de régions...on ne sait pas si l'intervention de l'Otan orchestrée par Cameron et Sarkozy n'a pas accouché d'un monstre...

Là a été toute la difficulté rencontrée en 2012: comment vraiment intervenir, sur quoi se baser pour une intervention, et pourquoi à chaque fois que l'Occident est intervenu dans un pays pour son "bien", les problèmes ont muté, ou se sont aggravés...voire rendu une situation pire que l'originelle...

Que faire au Mali, en Syrie, et maintenant en RDC?

Le désengagement de l'Afghanistan des troupes françaises a été un soulagement. Il est vrai qu'il aurait du intervenir avant, bien avant mais Nicolas Sarkozy cultivait ce côté belliqueux, cet attrait de la force militaire, armée et aimait se dire atlantiste.

2012 a été une petite rupture dans la politique étrangère de la France et un nécessaire retour aux sources. On est encore là dans une problématique qui est cruellement actuelle dans la politique en France. Les années Sarkozy ont été des années d'errance idéologique à la tête de l’État, un ballotement entre libéralisme, atlantisme, interventionnisme irréfléchi...la direction gaulliste, la volonté d'indépendance et de souveraineté de la France, toute cette politique étrangère que Mitterrand et Chirac avaient sauvegardée, cette tradition, elle s'était érodée et étiolée. Il n'y avait plus de cap réel, une inféodation au niveau de l’État aux USA et en Europe, un vide...qui avait laissé place à une Angela Merkel sourde et bornée...

Hollande élu, il fallait réaffirmer la place de la France, faire plier l'Allemagne. Ce qui a été fait, ce dont on ne parle pas assez, mais qui est effectivement un réel succès de ce gouvernement.

Hollande élu, il a été possible enfin d'ouvrir un peu le débat sur les horreurs de la colonisation en Afrique, et plus précisément en Algérie, et de reconnaitre notre responsabilité. C'était quand même la moindre des choses.


Réaffirmer les fondamentaux: ne plus agir comme un état belliqueux gardien des intérêts occidentaux...tel que Nicolas Sarkozy l'avait démontré, en Afghanistan, Côte d'Ivoire ou Libye...aux yeux du Monde...un Georges Bush miniature, aveuglé par ses amitiés et ses intérêts pour certains capitaines d'industrie comme Bolloré, en Côte d'Ivoire...enfin, c'est ce qu'il me semble.


Remettre la diplomatie au sein de la résolution des conflits mondiaux...Vaste programme quand on voit que Sarkozy nous a engagé bien trop loin dans l'Otan, cette organisation de défense hérité d'une configuration géo-politique morte depuis longtemps...

Comment agir, se comporter dans ce nouvel environnement géostratégique?

Comment se placer en Syrie, où les exactions des deux côtés sont manifestes, et où la population civile trinque...

Comment parler du Mali, qu'une junte militaire a conquis, en remplacement d'un tyran, qui a dévasté le nord du Mali, où des multinationales françaises ont créé des dégâts écologiques et sociaux immenses, où la majorité du pays est musulmane, alors que ceux dont on veut appuyer la légitimité sont chrétiens  majoritairement(au Sud), que les rebelles Touaregs n'ont aucune raison de soutenir les salafistes d'AQMI plus que le gouvernement, à part l'assurance, paradoxale, qu'AQMI ne pillera pas leurs ressources naturelles en les affaiblissant...Que préférer? Une charia totalitaire ou des pillards libéraux qui polluent et détruisent son pays?...Dans cet imbroglio diplomatique, que faire, quand on s'appelle la France? Car là aussi, ce sont les habitants qui risquent de trinquer, quoi qu'il se passe...
Ne nous voilons pas la face : si Areva, en tout cas ses représentants, n'avait pas détruit une grande partie des endroits que la firme exploite, pour sortir le précieux uranium, et tout ça sans que les habitants touchent ni la moindre dividende, ni compensation, le terrain n'aurait pas été propice pour l'installation d'AQMI...
Donner des leçons de morale dans ce cas-là est plus que déplacé...d'où l'impression que Hollande parle beaucoup sans agir mais peut-il vraiment, dans le cas de la Syrie et du Mali agir réellement, sans que le préjudice pour notre pays soit bien largement supérieur à un hypothétique bienfait?
Il faut regarder l'Afghanistan comme un beau symbole de gâchis, et sans doute en tirer la leçon : le caractère nuisible de la soit-disant ingérence pour raison humanitaire.

2012 a été une année bâtarde, d'un point de vue diplomatique, en France. Nous avons été coincé entre la crise de l'Euro, la remise au pas des banquiers et financiers bien délicate et sans doute encore trop timide, les tentations d'ingérence dans des conflits qui nous dépassent et la transition de l'élection présidentielle.

J'en tirerai sans doute une vraie note positive :la reconnaissance de l’État Palestinien à l'ONU. Mais là aussi, tout reste à faire....

NB: je n'ai pas parlé de la réélection d'Obama, car en mon sens, il n'y a rien de très intéressant, puisque les dirigeants ne vont guère changer et puis, l'Amérique n'est plus le centre du Monde depuis longtemps, et l'a-t-elle été un jour, comme la France ne l'a sans doute jamais été non plus...