Le Vieux Singe et le Bleu Marine

Jean-Marie Le Pen a créé le Front National, il en est fier et n'entend pas laisser les rênes de celui-ci pas même à sa propre fille.
Il s'en est servi pour garder le pouvoir contre Mégret et Gollnish, et tout lui est permis, même avec le sourire pour lui infliger des coups bas.
Quand il la traite de petite fille bourgeoise, c'est pour insister sur le fait qu'elle ne peut donc rien connaître des petites gens dont le FN est censé s'occuper et leur rendre la vie meilleure.
En passant, comme il se place d'origine modeste et ayant bataillé pour se faire sa place de pauvre vétéran d'Algérie (on passera sur sa carrière plus que trouble dans cette période de sa vie), il récupère en plus le créneau social que sa fille a mis du temps à construire, dans un programme tellement populiste et gauchisant qu'on dirait qu'un trotskiste lui a soufflé...passant du libéralisme à l'interventionnisme le plus grossier, soit-dit en passant.
Il dit même que l'éducation donnée à sa fille la rend proche des élites et des médias, ce qui aurait favorisé son impact au niveau de la presse et de l'audiovisuel...
Une vraie langue de vipère, ou l'art de donner l'air de complimenter tout en descendant la personne en flèche: Marine le Pen doit avoir les oreilles qui sifflent...
En plus, il la crédite d'avoir éloigné les "cranes rasés" de par sa féminité, quand on sait que lesdits militants sont une des bases du recrutement du FN.

Jean-Marie sait très bien ce qu'il fait: il sait que la stratégie de sa fille a été de se rapprocher de celle du sarkozisme et donc de Buisson, un glissement faussement respectable du nationalisme, vous me direz, c'est un prêté pour un rendu.
Seulement le mouvement de la Droite Populaire n'entends pas rendre ses électeurs au FN et sauf miracle, le FN ne pourra survivre qu'en étant dans la contestation, donc en retrouvant toutes ses thèses les plus choquantes, quitte à reprendre le bon antisémitisme de base, dont Jean-Marie est toujours le chancre: celui du fameux complot juif et du négationnisme, même s'il s'en défend par pure hypocrisie de facade.
Le Pen a toujours soutenu Saddam Hussein, par exemple.
Il ne veut juste pas"d'arabes" en surnombre, nuance.
Or, le rapprochement de son gendre avec les sionistes, somme toute très conventionnel, met en péril ce côté contestataire.
De plus, Collard et sa notion personnelle de l'immigration, qui fait qu'on peut les accueillir à la condition qu'ils adoptent la culture française, font tache aussi.
Ajouté à ça la place de Philippot, un ancien mégrétiste, qui pleure à la télé contre la suppression de la franchise médicale pour les sans-papiers et la décision de la Cour de Cassation interdisant les gardes à vue, en qualifiant le délit d'administratif...c'est un peu beaucoup pour Jean Marie le Pen, car lui aurait bondi, aurait péroré, envoyé des phrases chocs, faits des propos inadmissibles en se cachant derrière un humour moisi, bref...tout ça manque de poigne...

Jean-Marie attend donc, en envoyant des piques empoisonnées, comptant sur les faux-pas de sa fille, poussant sa petite-fille en avant.
Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces...
Marine, qui n'a même pas su se qualifier pour être députée aux dernières législatives, est en position de faiblesse. Il le sait.
Car la loyauté, même en famille dans ces courants politiques est une notion toute relative...