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jeudi 5 juillet 2012

Les vrais gens: Gina

L'histoire de Gina m'est revenue, comme beaucoup d'autres, après avoir lu la série d'articles que Nicolas avait fait sur Abdel , en y intégrant une chronique ordinaire de la vraie vie.
Au détour d'un commentaire, il avait fait cette périphrase: 

"certains gauchistes, ceux qui sont persuadés connaître les gens et vouloir faire le bonheur..."

Cela m'a fait remettre en perspective beaucoup de choses, un peu comme une mise à plat des valeurs qui nous constituent tous.
Et j'ai repensé à Gina.

Lorsque j'étais étudiante, j'aimais beaucoup les spectacles de transformistes et les clubs gay. On pouvait aller s'amuser dans ces endroits sans être assaillis par des dragueurs et chaque show était pour moi un émerveillement.
Je me rappelle avoir pu discuté avec des jeunes hommes de mon âge sans que la séduction pourrisse les conversations.
C'est là que j'ai découvert l'univers des travestis, Drag Queen, Créatures et transsexuelles.
J'ai toujours eu un profond respect pour ces personnes.

Il y avait un de ces trans qui était encore plus particulier que les autres: Gina était toujours accompagné d'un grand blond. Il ou elle veillait sur les jeunes qui trouvaient là un hâvre de tolérance et un moyen d'exister en tant que personne. Elle était brune, à la fois masculine, massive et très féminine à la fois.
Elle détestait les femmes en général mais j'ai appris en fait qu'elle ne supportait pas ceux qui venaient là pour se "montrer" comme tolérants. En particulier les femmes qui le regardaient comme une bête curieuse, avec un mépris condescendant.
J'ai appris à connaître Gina et à entretenir des rapports amicaux avec elle.
Tout le monde de la nuit l'appréciait et la respectait au-delà du milieu gay.

Il y a deux ans en arrière, pour les besoins d'un évènementiel dans lequel je travaillais, je retourne dans un club de transformiste et je retrouve une vieille connaissance de mes années d'étudiantes.
Je m’enquiers de nos amis communs: beaucoup ont déménagé, certains ont ouvert des clubs dans le sud-ouest ou l'Espagne, certaines ont franchi le pas et sont opérées, vivent un quotidien banal, mais Gina?

J'apprend qu'elle a été tué par un client là où elle tapinait, le soir derrière une salle des fêtes, là où le parking abritait des arbres.
Tout le monde savait qu'elle se prostituait, moi aussi donc et tout le monde s'en tapait. C'était Gina, un ange pour tous ceux qui arrivaient dans le milieu gay par la marge du transgenre.
C'était juste Gina.

Si la prostitution avait été encadrée, elle n'aurait sans doute pas été tuée bêtement, comme ça, dans un coin sombre.

Gina m'a appris la véritable tolérance, le fait que n'importe qui est respectable et ne se résume pas à son activité, qu'une prostituée ce n'est pas forcément une pauvre victime faible qu'il faut sauver pour son bien de sa vie forcément miteuse.
Gina m'a appris qu'il faut regarder au-delà des apparences et aimer les gens tels qu'ils sont, comme d'autres que j'ai rencontré lors de ma période étudiante dans le monde de la nuit.

Je suis loin de cette période. Mes amis gays sont d'un autre milieu maintenant, même si j'ai renoué le contact avec les anciens. Je retourne très peu voir les spectacles de transformiste et ne m'y attarde pas, car les dragueurs ont envahi désormais le lieu et je n'ai pas envie de me faire embêter.
Mais comme le dit Nicolas, une chose est sûre: on est pas là pour jouer les dames patronnesses et dire aux autres ce qui est bien pour eux. 
Ce genre de bienséance m'insupporte, cette espèce de pensée unique , en particulier des féministes de salon parisien. Je ne vais pas me faire d'amis mais j'en ai ras la casquette. En tant que femme, nous avons le droit de penser comme nous le voulons, et si je ne supporte pas d'un homme qu'il me cantonne au rôle d'idiote à cause de mon sexe, je ne vais pas accepter d'obéir à une féministe, même si la cause féminine me tient à cœur. Mais elle s'inscrit dans la cause du droit à tous d'être différents et d'obtenir le même respect des droits à vivre comme tout le monde si on emmerde personne.

2 commentaires:

  1. "Mais comme le dit Nicolas, une chose est sûre: on est pas là pour jouer les dames patronnesses et dire aux autres ce qui est bien pour eux. "

    Je vais dire autre chose : je n'ai pas d'amis gays. J'ai des amis, certains sont gays mais je n'ai surtout pas une catégorie "gays" dans mes amis... D'ailleurs, je n'aime pas ce mot, "gay". Je préfère "homo" qui fait beaucoup moins référence à une catégorie sociale.

    Ainsi, il ne me viendrait pas à l'esprit de fréquenter un "lieu gay", ce qui a forcément un côté communautariste donc méprisable. Par contre, je me fous d'être entourés d'homos : chacun fait ce qu'il veut et ce n'est pas en fonction d'une préférence sexuelle que je choisis mes relations...

    Cela étant, je suis hors sujet.

    Je me rappelle d'un ami gay que je fréquentais quand j'ai commencé à sortir au Kremlin-Bicêtre. C'était un des bons copains de nouveaux potes que je m'étais faits dans les bistros et, de fait, c'était devenu un bon pote. Dans une grande partie de sa vie, c'était une "tarlouze", plume dans le cul et tout ça, et il venait avec nous, parfois, pour sortir de son milieu.

    Il s'est pendu, un jour, pour une sombre histoire de cul. Un amant qui refusait de quitter Nice pour venir vivre à Paris avec lui. Ca m'avait touché au delà du raisonnable parce que je m'étais retrouvé "comme un con" : un pote s'était suicidé et je n'avais rien fait. Ca serait maintenant, douze ou quinze ans plus tard, je m'en foutrais, je prendrais ça comme avec Abdel : les choses de la vie.

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    Réponses
    1. Je dis gay parce que eux le disent. Mais certains s'en tapent et se traitent de vieux pédés en s'amusant.
      Pour dire qu'on n'est pas là pour jouer les dames patronesses, je parlais en général.
      Cela vaut pour tout le monde, je pense.
      Oui, les choses de la vie qui font qu'on est humain, enfin, soit même.

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